Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/06/2016

Hommage à Edgard Pisani

Edgard Pisani vient de s'éteindre à 97 ans. Je ne sais pas si son nom dit quelque chose aux moins de 50 ans.

J'ai fait la connaissance d'Edgard Pisani en 1979. J'étais candidat aux élections cantonales dans le sud de l'Essonne. Un canton immense, avec certaines communes de moins de 50 habitants. Très rural, très agricole, mais avec de plus en plus de "rurbains" vivant à la campagne et travaillant en ville. Eventuellement à Paris distant de plus de 60km.

Et Edgard Pisani était venu m'épauler. Dix ans après son passage au ministère de l'agriculture, les agriculteurs se souvenaient encore de lui, de façon positive.

Pour le fameux Congrès de Metz de cette année là, il avait choisi Michel Rocard, et moi Pierre Mauroy, mais il n'en avait cure, et ne faisait preuve d'aucun sectarisme.

Sans aucune chance de gagner, j'étais candidat face à un sortant communiste, héros de la Résistance,  réélu au premier tour depuis la Libération. Edgard Pisani avait également été un grand résistant, d'une vingtaine d'année.

J'avais été, l'année précédente , le suppléant de Jacques Guyard, futur ministre, mais nous avions été précédés au premier tour par la candidate communiste. A cette époque l'union de la Gauche était, déjà,  un "combat", comme le disait les dirigeants communistes de l'époque. Pour la première fois, le sortant communiste fut mis en ballotage par "le candidat d'Edgard Pisani". J'avais moins de 30 ans...Et n'eut aucune peine à me désister.

En janvier 1981,j'ai retrouvé Edgard Pisani au Parlement européen où il avait été élu en 1979. En mai, il m'avait expliqué que la marge de manoeuvre d'un gouvernement n'était pas extensible.

En juin, après l'élection de François Mitterrand, celui-ci le nomma à la Commission européenne, en remplacement de Claude Cheysson, devenu ministre des Affaires étrangères. Il y était responsable du Développement. Quinze ans plus tard, en parcourant l'Afrique avec des délégations du Parlement européen, les Africains nous parlaient encore de l'action d'Edgard Pisani.

Puis il devint ministre de François Mitterrand. A ma connaissance, il est le seul à avoir été ministre du général De Gaulle et de François Mitterrand.

Préfet, Sénateur (de Haute-Marne), Maire, Député, Député européen, ministre, et pour finir Président de l'Institut du Monde arabe : j'ai eu l'occasion de demander à Edgard Pisani quel mandat il avait préféré. Sans hésiter, il m'a répondu "maire : c'est le laps de temps le plus court pendant lequel tu vois concrétiser les décisions prises".

C'est un grand militant, grand intellectuel qui vient de nous quitter.