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20/01/2009

St Lô : le récit de Sylvian Mary

Je n'y étais pas, je vous le livre comme je l'ai reçu :

 Cher-e-s camarades,
> vous trouverez ci-dessous le long récit de la journée d'action d'hier.
> Je viens de le rédiger et j'en assume la paternité : d'aucun le trouveront
> partial, mais je pense que les camarades présents jusqu'à bout y souscriront
> sans problème.
> Si le jeu des correspondances récit-photos vous tente, je vous rappelle que les
> photos de la journée ont été mises en ligne sur notre site :
> Sylvian MARY
> sd FSU 14
> 
> 
> Dès 8H30, enseignants, parents d'élèves et militants partent de l'IUFM pour une
> action « Éducation ». Objectif : approcher l'école visitée par Nicolas Sarkozy
> et faire entendre notre mécontentement. La ville est quadrillée par des gardes
> mobiles et des CRS.
> 
> Le parcours de la manifestation a été défini avec la préfecture et nous avons
> l'accord de celle-ci pour aller jusqu'au Rd point de la grande surface proche de
> l'école en question.
> 
> A plusieurs reprises, le parcours convenu est remis en cause par les forces de
> l'ordre.
> 
> Nous comprenons rapidement que les promesses du préfet ne seront pas tenues...
> D'ailleurs, il apparaît rapidement que c'est Paris qui pilote St Lô et que
> gardes mobiles et CRS parisiens (une sorte de « garde rapprochée » du président)
> ont pour ordre de nous tenir à l'écart, invisibles et inaudibles, du président.
> 
> Rapidement, nous sommes bloqués dans une petite ruelle et tenus en respect par
> des gardes mobiles armés, équipés, arrogants et provocateurs. Un garde lâchera à
> Martine « on n'est pas là pour que ça se passe bien ». Nous sommes pris dans une
> souricière, à plus de 1 km de l'école. Aucune négociation n'est possible : le
> préfet ne tiendra pas ses engagements, le président en a certainement décidé
> autrement.
> 
> Le prochain RDV sera donc l'interpro à 10H30 Place de la Mairie...
> 
> Alors que le rassemblement est prévu de longue date, rien n'a été prévu : les
> manifestants se rassemblent donc entre les voitures stationnées comme à
> l'habitude sur la place... Ça fait du monde !
> 
> Très vite les manifestants se rapprochent de la place du centre culturel où vont
> avoir lieu les voeux.
> 
> Ils affluent de toutes parts et encerclent rapidement toute la place. Des
> centaines de policiers veillent sur les barrières qui tiennent à l'écart les
> manifestants. nous sommes au moins 5000.
> 
> 
> Place de la Licorne, l'escadron des forces de l'ordre est remonté à bloc et pas
> vraiment patient. Très vite, et sans motif valable (quelques oeufs et papiers
> jetés sur eux) ils envoient des gaz et sortent les matraques. Dans un mouvement
> de panique, une manifestante est expulsée contre une vitrine.
> 
> Quelques blessés nécessitent l'intervention des pompiers.
> 
> Ailleurs, les forces de l'ordre sont d'humeur inégale mais souvent remontés :
> par endroit, chahuter avec une barrière vaut interpellation !
> 
> La tension monte et l'omniprésence et les provocations policières y sont pour
> beaucoup.
> 
> Le cortège présidentiel arrive enfin sous les huées des manifestants. Nous
> n'aurions pas pu lui faire pire accueil !
> 
> Forte mobilisation + boycott des syndicats + accueil « chaleureux » : l'action
> est un succès, elle sera largement couverte par la presse. Notre objectif est
> atteint, au-delà de nos plus folles espérances !
> 
> Plus tard, le départ de Sarkozy sous les huées de la foule signe la fin de
> l'action et le retour au bercail de la majorité des participants.
> 
> Pourtant, le bruit circule rapidement que 8 manifestants ont été interpellés.
> Comme un seul homme, quelques centaines de manifestants se rendent à l'hôtel de
> police pour exiger leur libération.
> 
> Les responsables syndicaux, prévenant les débordements, se placent rapidement en
> tête et s'apprêtent à aller négocier... La réponse ne se fait pas attendre et
> plus de 20 cars de gardes mobiles et CRS tirent des grenades sur les
> manifestants pourtant pacifiques et calmes...
> 
> Du coup ils sont moins calmes...
> 
> Les responsables syndicaux organisent le retrait des troupes afin que ça ne
> tourne pas au carnage. Il est manifeste que les forces de l'ordre n'ont plus
> seulement la mission d'assurer la sécurité mais bien d'intervenir chaque fois
> que l'occasion leur est donnée.
> 
> Une demande d'audience est faite auprès du préfet et une délégation
> intersyndicale se rend en préfecture pour exiger la libération des interpellés.
> 
> Une vingtaine de manifestants se rend au premier étage de la mairie pour
> s'entretenir avec le Maire et le faire intervenir auprès du cabinet du préfet.
> Rapidement, ceux-ci sont évacués par la CRS.
> 
> Une petite centaine de manifestants reste pacifiquement et très calmement devant
> la mairie en attendant la sortie de la délégation reçue en préfecture.
> 
> Nous en profitons pour nous restaurer un peu, discuter...
> 
> Les manifestants quittent un à un le rassemblement et nous sommes de moins en
> moins nombreux.
> 
> Les responsables syndicaux présents décident de ne pas laisser la cinquantaine
> de jeunes encore présents seuls et restent à leurs côtés.
> 
> L'histoire aurait dû s'arrêter là, et tout serait rentré dans le calme très
> rapidement.
> 
> Interprétation personnelle : le président, excédé par l'accueil, a du piquer une
> colère et exiger des têtes en donnant carte blanche aux forces de l'ordre.
> 
> Ce qui suit est tout simplement honteux : les forces de l'ordre sont entièrement
> responsables des incidents gravissimes de cette fin de journée :
> 
> Alors que l'action se termine et que nous ne sommes plus qu'une cinquantaine
> devant la mairie, un fourgon de gardes mobiles, casqués, matraques à la main,
> s'arrête à une trentaine de mètres de nous et procède à l'interpellation musclée
> de deux jeunes, un peu à l'écart, qui sirotent tranquillement une bière. La
> réaction ne se fait pas attendre et les manifestants essaient de libérer les
> jeunes. Le camion est accompagné de coups au moment de son départ. Après 20
> mètres, celui-ci s'arrête : nouvelle provocation de ses occupants qui arrivent
> casqués et matraques à la main pour mettre au pas les récalcitrants. Un échange
> houleux s'ensuit.
> 
> Pendant se temps, la BAC, dans notre dos, procède à l'interpellation d'un autre
> jeune. Pourquoi lui ? Nous ne le saurons jamais... Nouvelle tentative de libérer
> le camarade, nouvel encerclement de la voiture de la BAC. Ces derniers nous
> aspergent de gaz et forcent le passage au risque de renverser quelqu'un. Des
> manifestants sont sur le capot, la bac ne peut aller plus loin. Les renforts
> arrivent par derrière et nous matraquent à coeur joie en nous insultant. Ils
> libèrent la voiture de la BAC et nous comprenons maintenant qu'ils vont
> s'occuper de notre cas.
> 
> Nous ne comprenons rien : nous sommes tenus en respect, les coups de matraque
> pleuvent au moindre mouvement. Mais on ne nous demande pas de partir...on nous
> garde juste là...
> 
> Et puis très vite, leur cible est un militant de la CGT : il aurait, dans le feu
> de l'action, donné un coup de hampe de drapeau (tube PVC) sur le casque d'un
> CRS.
> 
> Dès lors, les CRS n'auront de cesse de procéder à son interpellation.
> 
> Nous sommes une vingtaine d'adultes à nous tenir les uns aux autres pour
> protéger notre camarade. Nous formons une "tortue", il est au centre.
> 
> 
> Les intimidations et les menaces fusent. 3 escadrons « s'occupent » de nous.
> 
> Nous réclamons un geste d'apaisement et la possibilité de partir tous ensemble
> sans interpellation : qu'ils s'éloignent et nous partirons, il faut que tout
> cela cesse.
> 
> 
> Fin de non recevoir : il leur faut des têtes.
> 
> Après un bon quart d'heure comme enchaînés les uns aux autres, un chef
> d'escadron de la région nous assure que nous pouvons partir tranquilles, que
> nous ne serons pas inquiétés...
> 
> Toujours en nous tenant, nous tentons prudemment une sortie, avec la parole des
> CRS.
> 
> Un autre escadron, de Paris celui là, nous tombe sur le râble et matraque tout
> ce qui bouge pour atteindre le camarade dont ils veulent la peau. Bagarre
> générale, les coups pleuvent, nous nous faisons matraquer sévèrement.
> 
> 
> Le service d'ordre de Sakozy en a eu pour sa faim...
> C'est la fin de la journée, nous sommes rompus.
> 
> 
> 
> Suite à ces incidents, une conférence de presse intersyndicale est organisée.
> Dans la soirée, un camarade du SNES-FSU apprendra qu'il aura à répondre de ses
> actes (sans qu'on lui ai signifié ce qu'on lui reprochait).
> Le militant de la CGT sera mis en garde à vue toute la nuit. Il devait être
> relâché vers 15 H cet après midi et risque jusqu'à 10 ans de prison.
> Les autres interpellés ont été relâchés, mais seront poursuivis. Les faits son
> mineurs et ils devraient s'en tirer avec une amende.
> 
> Pour les militants syndicaux, une lettre intersyndicale 50 a été écrite, une
> lettre intersyndicale 14 est en cours, Gérard Aschieri et Bernard Thibaut
> interpellent le ministère...
> Nous attendons les suites...nous sommes sur la brèche.

08:16 Publié dans billet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : action éducation