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29/03/2023

Suède, 1795

1795

Niklas Natt och Dag

éditions Sonatine

 

Le roi est Gustave IV Adolphe encore adolescent. Il est sous tutelle. Il a succédé à son père Gustave III, assassiné. Devenu majeur il sera poussé par la noblesse à abdiquer en raison de ses crises de démence.

Le roman se passe à un moment où le régent sait qu'il va être obligé de laisser la place.

Plus que les luttes de pouvoir, le roman montre la vie des pauvres de Stockholm. En particulier quand il fait froid. La misère est-elle moins pénible au soleil ?

Le riches peuvent tout se permettre en toute impunité. Quand le Régent est incommodé par tous ces pauvres, il ordonne un ratissage pour les ramasser et les expulser.

Tout le monde recherche un jeune femme qui aurait la liste des conspirateurs qui complotent contre le Régent.

 

"L'âge l'a pris en traitre, une catastrophe si aisée à prévoir, mais qui autrefois ne frappait que les autres."

"Le Régent avait engagé des tractations secrètes avec la France révolutionnaire, la gangrène de l'Europe, et voilà que s'était produit l'impensable : la Suède venait de reconnaître la toute nouvelle république, en échange du renflouement des caisses vides de l'Etat, chaque sou donné puisé dans les fosses communes où les cadavres sans tête étaient empilés sous deux brasses de terre. La Suède, seule en Europe, jetée dans les bras de l'ennemi de tous."

"celui qui est beau peut-être pauvre, mais le laid doit être riche."

"la plus ancienne des ruses de guerre est de se faire passer pour l'offensé, de manière à pouvoir attaquer en montant sur ses grands chevaux du bon droit."

 

15/03/2023

Une femme et sa mère

Une femme

Annie Ernaux

Prix Nobel de littérature 2022

folio 2121

 

"Ma mère est morte". Ainsi commence le livre. Une accroche qui fait penser à Camus. Annie Ernaux raconte à sa manière : pas un roman, pas un reportage non plus. De la littérature.

"Ceci n'est pas une biographie, ni un roman naturellement, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire."

 

"la messe qui vous donnait le sentiment de ne pas vivre comme des chiens"

"la jeunesse de ma mère, cela en partie : un effort pour échapper au destin le plus probable, la pauvreté sûrement, l'alcool peut-être."

"pour une femme, le mariage était la vie ou la mort, l'espérance de s'en sortir mieux à deux ou la plongée définitive. Il fallait donc reconnaître l'homme capable de "rendre une femme heureuse".

"S'élever, pour elle, c'était d'abord apprendre"

"elle perdait la tête. Cela s'appelle la maladie d'Alzheimer"

 

 

08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

11/03/2023

Du Dombas à la Crimée

Las abeilles grises

Andreï Kourkov

Prix Médicis étranger 2022

éditions Liana Levi

 

Ce roman a été écrit avant la tentative d'invasion de l'Ukraine par les forces russes mais il garde toute sa pertinence.

Sergueïtch habite dans la zone "grise" entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes du Donbas . Il travaillait dans les mines de charbon, il a attrapé la silicose et s'occupe à plein temps de ses six ruches qui l'aident à vivre. Le village a été déserté. Il ne reste plus que Sergueïtch et son copain/ ennemi depuis le temps de l'école. Il est ukrainien mais parle couramment le russe. Sauf qu'il n'a plus grand monde à qui parler.

Le printemps venu, il charge les ruches sur une remorque et part vers le sud-ouest. Il sympathise avec une épicière avec qui il fait du troc : miel contre nourriture. Les villageois le regardent avec méfiance, puisqu'il vient de l'Est.

Il reprend la route en direction de la Crimée occupée par les Russes qui cherchent à expulser les Tatars, comme Catherine II l'avait fait en son temps. Serguieïtch cherche un ami apiculteur rencontré dans un congrès. Il n'est plus là mais sa famille est accueillante. Il peut installer ses ruches à coté de celles de son ami.

Andreï Kourkov est un écrivain ukrainien de langue russe. Il prouve que les Ukrainiens de langue russe ne sont pas pour autant des partisans de Poutine et de l'annexion de leur pays.

 

"la pègre locale, renforcée par l'internationale militaire russe"

"allez savoir ce qui est important dans une vie familiale : l'amour ou la patience ?"

"Qu'est-ce qui se passe ? lui demanda-t-il.

- La victoire ! dit l'autre, radieux. La victoire !

-Mais qui est le vainqueur ?

- Je ne sais pas dit Pachka, mais on s'en fout ! L'important, c'est que c'est la victoire! La fin de la guerre !"

 

07:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, ukraine

28/12/2022

Gouvernante de Marcel Proust

Monsieur Proust

Céleste Albaret

adaptation : Corinne Maier

dessins : Stéphane Manel

éditions Seghers

 

Céleste Albaret a été la gouvernante de Proust de 1913 à sa mort en 1922. à sa suite nous nous introduisons dans l'intimité de l'écrivain avec ses routines de vie et d'écriture, de visites et de sorties nocturnes.

Les dessins de Stéphane Manel nous aide à nous immerger.

En voyant les manuscrits, je ne comprends pas comment Céleste arrivait à les déchiffrer et à les classer !

Pas besoin d'avoir lu "la recherche", dont je n'ai lu que l'adaptation en BD,  pour aimer ce livre qui nous éclaire non seulement sur Proust mort il y a cent ans, mais aussi sur la vie de la bourgeoisie de cette époque et les relations avec la domesticité.

 

"J'ai compris au fil des nuits que la recherche de M.Proust ça été de se mettre hors du temps pour le retrouver."

"Mon père venait d'un village de la Beauce. Il est devenu professeur de médecine à force de travail. Il voulait que je travaille mais je ne voulais pas d'un métier, je voulais écrire. La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule  vie pleinement vécue, c'est la littérature"

"Céleste, la vérité de la vie est dans l'observation et la mémoire ; sinon elle ne fait que passer."

(confidences de Marcel Proust à Céleste Albret)

 

 

08:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

20/11/2022

Annie Ernaux parle de son père

La place

Prix Renaudot 1984

Annie Ernaux

Prix Nobel 2022

folio

 

Le livre qui a fait connaitre Anne Ernaux.

Elle parle de son père, ouvrier devenu petit commerçant. Une "petite place au soleil." Ce récit montre que l'auteure n'a rien oublié de ses racines, même si elle regrette l'écart qui s'est creusé avec son père qui lui disait : "les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre."

Pour des gens de mon âge et de mon milieu social ce récit "d'une vie soumise à la nécessité" rappelle des choses, surtout racontées par mes deux grand-mères,  que je n'ai pas oubliées.

 

"Il aurait été indélicat de renvoyer le ventre vide les gens qui vous font l'honneur d'assister aux obsèques."

"le grand-père travaillait. Le samedi soir, il rapportait à sa femme toute sa paye et elle lui donnait son dimanche pour qu'il aille boire son petit verre"

"ce qui le rendait violent, surtout, c'était de voir chez lui quelqu'un de la famille plongé dans un livre ou un journal. Il n'avait pas eu le temps d'apprendre à lire et à écrire."

"ma grand-mère, comme les autres femmes,  tissait chez elle pour le compte d'une fabrique de Rouen"

"bien que les maisons soient isolées les unes des autres par des haies et des talus, rien n'échappait au regard des gens."

"ma grand-mère ne pissait pas debout sous ses jupes comme la plupart des femmes de la campagne, par commodité"

"mon père faisait deux kilomètres à pied pour atteindre l'école. Chaque lundi, l'instituteur inspectait les ongles, le haut du tricot de corps, les cheveux à cause de la vermine. Il enseignait durement, la règle de fer sur les doigts, respecté. Mon père manquait la classe, à cause des pommes à ramasser, du foin, de la paille à botteler, de tout ce qui se sème et se récolte. A douze ans, il se trouvait dans la classe du certificat. Mon grand-père l'a retiré de l'école pour le placer dans la même ferme que lui"

"mon père est entré dans une corderie qui embauchait garçons et filles dès l'âge de treize ans. C'était un travail propre, à l'abri des intempéries. Après la sirène, le soir, il était libre"

"ma grand-mère avait perdu son père. Elle tissait à domicile, faisait des lessives et du repassage pour finir d'élever les derniers de ses six enfants. Ma grand-mère ne voulait pas qu'on lui prenne ses filles trop tôt, à chaque fois, c'était les trois-quart d'une paye qui s'en allait"

"elle a toujours eu honte de l'amour. Ils n'avaient pas de caresses ni de gestes tendres l'un pour l'autre"

"Pour faire face, surtout pas de désir"

"mon père ne buvait pas. il cherchait à tenir sa place. Paraître plus commerçant qu'ouvrier" "Il avait peur de tout perdre pour finalement "retomber" ouvrier"

"conscience de mon père d'avoir une fonction sociale nécessaire"

"toujours parler avec précaution, peur indicible du mot de travers, d'aussi mauvais effet que de lâcher un pet" "le souci de ce que penseraient les autres."

"Devant la famille, les clients, de la gêne, presque de la honte que je ne gagne pas encore ma vie à dix-sept ans. Mon père disait que j'apprenais bien, jamais que je travaillais bien. Travailler, c'était seulement travailler avec les mains"

"j'écris peut-être parce qu'on n'avait plus rien à se dire"

"il suffisait d'être "bien élevé". Ils n'ont pas cherché à savoir, comme ils l'auraient fait pour un ouvrier, s'il était courageux et ne buvait pas"

 

 

10:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature