29/09/2023
Birmanie 1954
Chroniques diplomatiques
Birmanie 1954
scénario : Tritan Roulot
dessin : Christophe Simon
couleur : Alexandre Charpentier
éditions Le Lombard
Toujours bien de mélanger une aventure avec rebondissements et un rappel historique d'une situation géopolitique ancienne qui laisse des traces dans l'actualité.
Le Lombard est un éditeur de Bruxelles et cet album est donc à mettre au crédit de la fameuse BD belge.
Le dessin et l'aventure me rappellent tout à fait les albums de mon adolescence, avec des gentils et des méchants et de l'action, et même un espion communiste !
Le seul problème est le décalage entre le texte et le dossier historique de fin de volume.
Exemples : le Premier ministre Lu Nu est présenté dans l'aventure comme un homme de paix. " les colons anglais ont défini les frontières de mon pays et mis ensemble des peuples rivaux depuis des millénaires, mais ce qui était une absurdité va finir par devenir notre chance."
"En 1962, Lu Nu fut renversé par son chef des armées. Le bouddhisme devint tout puissant, en une nuit les chrétiens virent tous leurs biens confisqués par le régime.
Dans le dossier historique :
"En faisant du bouddhisme la religion d'Etat, U Nu s'imagine capable de réaliser la construction d'un grand Etat birman centralisé. Cette décision déclencha la révolte des minorités chrétiennes."
Dans la BD :
"le général Aung San, héros de l'indépendance birmane voulait intégrer la laïcité comme valeur nationale dans la Constitution, hélas il fut assassiné" Il est présenté comme le "grand-père" d'Aung San Suu Kyi. La vérité est rétablie dans le dossier historique : il est le père et non le grand-père de la figure de l'opposition à la dictature des généraux.
"le royaume d'Arakan fut longtemps gouverné par des souverains musulmans. Les Anglais font venir toujours plus de Bengalis pour cultiver le riz. Le Bangladesh refuse d'accueillir ces musulmans, connus aujourd'hui sous le nom de "Rohingyas" qui ne figurent pas dans la liste des 135 minorités reconnues reconnues comme birmanes.
11:42 Publié dans histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd historique
25/09/2023
Mourir en Iran pour le droit des femmes
Femme, Vie, Liberté
sous la direction de Marjane Satrapi
éditions L'iconoclaste
Marjane Satrapi a réuni dix-sept des plus grands talents de la BD pour raconter la vague de protestation qui secoue l'Iran. 17 BD qui ouvrent les yeux.
La conclusion revient, en BD, à Joann Sfar, au mieux de sa forme.
Pas d'hésitation : je l'offre à ma petite fille !
"Réclamez la laïcité c'est remettre en cause tout le régime"
"Il y a des années, ont pensait que l'émancipation des femmes était une question secondaire qui relevait de l'intime"
"C'est l'intime qui devient politique"
"C'est pourquoi ce régime a perdu."
08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, iran
21/09/2023
Relations père/fils
Céréales killer
San-Antonio
éditions Fleuve Noir
Ce roman est le dernier de Frédéric Dard. On ne peut pas dire "écrit" par Frédéric Dard car celui-ci est à l'hôpital après une opération à coeur ouvert peu de temps après. Il ne peut donc, comme il en a l'habitude, écrire son roman sur sa fidèle machine à écrire. Son fils Patrice, écrivain lui même, l'assiste.
Quelle est la part du père et la part du fils ?
Le roman parle des relations père / fils entre le fameux commissaire San-Antonio et son fils qui vient de sortir major de sa promotion de l'école de police, mais sur qui le soupçon de meurtre pèse lourdement, le père enquête, persuadé de l'innocence de son fils, alors que les indices accusateurs s'accumulent. Il est aidé par l'innénarable Bérurier, plus truculent que jamais.
C'est un "San-Antonio" pur jus : le verbe est foisonnant, inventif, l'affaire va d'un rebondissement à l'autre, sans réel souci de crédibilité et de véracité, comme souvent dans les San-Antonio...
Puisque c'est le dernier, c'est un "collector" !
08:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : polar
19/09/2023
La philo, de Descartes à nos jours
Le monde de Sophie (II)
scénario : Vincent Zabus
d'après Jostein Gaarder
dessin : Nicoby
couleurs : Philippe Ory
éditions Albin Michel
Enfin la deuxième partie de l'adaptation en BD du formidable livre de Jostein Gaarder. Malheureusement trop tard pour ma petite fille qui passait le bac cette année, avec succès, sauf en philo...
Des questions sont posées à une adolescente, et des philosophes lui proposent des réponses. Les allusions à "Alice au pays des merveilles" sont flagrantes et Sophie, comme Alice rêve de passer de l'autre côté du miroir.
C'est intelligent et compréhensible. Et pas seulement pour les adolescentes !
De plus, Sophie est une jeune fille de notre temps ancrée dans l'actualité, et l'auteur est suédois. Il fait de son héroïne une jeune fille engagée soucieuse de l'avenir de la planète.
08:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie
14/09/2023
Florence au temps de la Renaissance
Perspective(s)
Laurent Binet
Grasset
1557, Florence. Le peintre Pontormo est retrouvé mort au pied de fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans, commandées par Cosimo de Médicis, Duc de Toscane.
L'artiste été assassiné avec ses outils de travail.
Seul un homme connaissant bien les techniques de peinture peut mener l'enquête. Pour l'aider,il se tourne vers Michel-Ange qui travaille à sa chapelle Sixtine. Le nouveau Pape veut faire voiler les nudités qui orne la chapelle du Vatican. Les nudités florentines sont également critiquées. Au point de tuer l'artiste ?
L'inquisition est "insensible aux beautés de l'art, pour qui toute représentation du corps humain est une offense faite à Dieu."
Cosimo doit faire face aux convoitises de sa cousine, Catherine de Médicis, reine de France car épouse du roi Henri II, alliée au républicain florentin Piero Strozzi.
Tout le monde est suspect !
Roman à la forme originale, épistolaire, comme "Les liaisons dangereuses".
L'auteur, Laurent Binet, s'est fait connaitre en 2010 avec l'excellent "HHhH".
"La perspective nous a donné la profondeur. Et la profondeur nous a ouvert les portes de l'infini. Nous ne pouvions prétendre égaler le Dieu créateur, mais nous pouvions, mieux que les prêtres, porter sa parole au travers d'images muettes ou de statues de pierre. C'est la perspective qui permet de voir l'infini, de le comprendre, de le sentir.
"Si le peuple des petits artisans, commerçants, apprentis, unissait ses forces à celles des ouvriers, des valets, des commis, alors chacun en tirerait le plus grand profit, car nous pourrions peser assez pour exiger la création de nouvelles corporations, non pas verticales mais transversales, auxquelles seraient attachés de nouveaux droits."
"La satire n'est-elle pas l'arme des faibles pour ridiculiser les grands ?"
15:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, peinture, polar historique