27/03/2023
Conséquences planétaires de l'onde de choc ukrainienne
Le monde de demain
Pierre Servent
éditions Robert Laffont
"On ne peut complètement écarter l'idée selon laquelle nous serions à un souffle (de bombe) de la troisième Guerre mondiale." "Le risque, c'est la connerie de trop".
"Les forces du tsar ravagent leur voisin et occupent 18% du territoire, contre 8% au début de la guerre. Moscou ne les rendra jamais. Plusieurs centaines de milliers d'Ukrainiens ont été déplacés en Russie. L'empire des tsars et celui de Staline ont toujours pratiqué ces transferts de population pour russifier ce qui ne l'était pas."
"l'armé russe, méprisants les droits de la guerre et la vie des civils, surtout capable de broyer par l'artillerie les forces adverses comme hier en Tchétchénie ou en Syrie." "Conquérir, c'est une chose : occuper, tenir et administrer en est une autre."
"Soucieux de plaire au tsar, ses services de renseignements l'ont entretenu dans l'illusion d'une Ukraine prête à s'offrir avec joie aux assauts des soudards russes."
"Pierre le Grand ne faisait aucune conquête quand il envahissait ses voisins : il se contentait de "reprendre" ce qui "était dû à la Russie".
"cette pratique du mensonge consiste aujourd'hui à passer son temps à se présenter en victime des appétits des autres." "le renard russe, la gueule encore pleine des plumes des poulets moldaves, géorgiens et ukrainiens, entendait protester haut et fort contre la menace que représentait à ses yeux le fait que les volatiles européens du flanc Est de l'OTAN cherchaient à doubler leur grillage protecteur." "le bellicisme russe a plus fait, en quelques mois, pour la cohésion et le renforcement de l'OTAN que des années de bonnes volontés affichées et de réformes."
"l'armée russe semble avoir concentré dans ses veines le pire de l'héritage soviétique : inertie, apathie, routine, mensonge, rigidité et sous-équipement."
"Poutine a besoin d'un ennemi pour sauver son pouvoir."
08:30 Publié dans sécurité, défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine
07/03/2023
La Russie attaque vers l'Ouest
Tempête rouge
Tom Clancy
Livre de poche n°7559
"Tempête rouge" était le plan d'une attaque mécanisée en Allemagne et dans les Pays-Bas. Campagne de deux à trois semaines qui exigeait un effet de surprise comme pré-condition au succès et l'emploi d'armement conventionnel uniquement." "la clef est toujours la surprise".
Bien entendu toute la faute est reportée sur les Occidentaux, "les revanchards nazis", "l'agression fasciste" et "les intentions de l'OTAN de lancer une offensive surprise". C'est l'existence même de la Russie qui est en jeu, affirmaient les dirigeants Russes. "Beaucoup de pays neutres et du tiers monde y croient."
L'échec de ce plan a provoqué une "valse" des généraux mutés d'un poste à l'autre.
Pourquoi cet échec ? Parce que les prévisions sur lesquelles les responsables politiques se sont basés pour décider étaient totalement gonflées. Chacun, par peur de représailles, magnifiaient l'état de préparation des hommes et du matériel. "La peur au coeur de la hiérarchie."
Parce que les Russes ont sous estimé la cohésion de l'OTAN et la solidarité en son sein, ainsi que son avance technologique. Ils ont sous estimé la volonté des pays envahis partiellement de défendre chaque pouce de leurs territoires, et donc la combativité des soldats patriotes. "Le but était de briser l'alliance de l'OTAN par des opérations politiques et psychologiques visant à saper la volonté occidentale".
Face à l'échec, il est décidé de faire appel aux réservistes. Mais les réservistes ne sont pas des professionnels de la guerre et servent surtout de "chair à canons".
Le livre de Tom Clancy date de 1986 mais le Livre de Poche a bien eu raison de le réimprimer car les analogies avec la situation actuelle sont évidentes.
Sauf qu'en 86 la Russie bénéficiait de l'appui et du "glacis" des républiques soviétiques, en particulier l'Ukraine.
Au total presque 900 pages imprimées serrées qui nous racontent batailles de chars, batailles aériennes, avec plusieurs types d'avions et d'hélicoptères, combats navals avec multiples sous-marins et batailles de factions au Kremlin où certains préconisent l'emploi d'armes atomiques.
07:49 Publié dans sécurité, défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thriller guerre, russie
18/08/2022
La guerre mondiale de la France
Le temps des guépards
de 1961 à nos jours
Michel Goya
éditions Tallandier
"La révolution militaire à venir consistera à nous organiser comme si nous étions en guerre. Cela tombe bien : c'est le cas."
"Depuis la fin de la guerre d'Algérie, la France, devenue une nation en engagement militaire perpétuel, a mené 32 opérations militaires importantes." "Cela fait des soldats français les plus sollicités au monde."
"La plupart des guerres menées par la France, seule ou en coalition, contre des Etats ont été des succès." "On ne veut pas détruire mais simplement obliger à céder sur un point précis". "On constate la diminution forte des conflits entre Etats et ,en revanche, l'augmentation de conflits dans les Etats."
"La guerre n'est plus une lutte entre Etats mais une beaucoup plus difficile lutte contre des organisations armées." "Les guerres contre les organisations armées signifient le plus souvent l'intrusion dans une guerre civile." "Pour les opérations de "stabilisation", le refus de désigner un ennemi a entraîné de vrais désastres issus de stratégies absurdes. Cela a introduit les forces armées dans des missions de police." "Les missions d'interposition ne fonctionnent jamais". "Les bataillons français multiplient les escortes de convois et les patrouilles, protègent les distributions d'aide des Nations Unies ou des ONG, creusent des puits, ouvrent des routes, fournissent de l'aide médicale, et surtout assurent à peu près la sécurité de la zone."
"L'action militaire n'a d'effet que s'il y a une concordance entre les objectifs opérationnels limités mais clairs et les moyens disponibles."
"Les militaires français qui subissent les trois quarts des pertes, ceux qui sont au contact avec l'ennemi, sont traditionnellement les derniers servis dans les investissements matériels."
"La cyberdéfense est maintenant un espace de confrontation permanent."
"Sentinelle n'est pas une opération de combat mais de communication". "Ce n'est pas en utilisant les soldats pour réduire l'angoisse de la population que l'on gagne des guerres."
"Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas d'ennemis que l'on n'en a pas"
Machiavel : "On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut"
17:41 Publié dans sécurité, défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre
25/07/2022
le grand roman de la CIA
La compagnie
Robert Littell
J'ai lu n°13491
"J'ai lu" a eu l'excellente idée de ressortir en format poche, grosse poche quand même, le grand classique de la littérature d'espionnage, vingt ans après sa première parution. 1240 pages pour 10 euros...
A travers des histoires d'espionnage c'est un demi siècle de notre histoire qui est racontée, essentiellement à travers le prisme de la guerre froide.
Guerre froide qui commence dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, à Berlin, bien entendu.
"Je n'ai jamais pu comprendre comment la mère patrie avait pu perdre vingt millions d'hommes dans la Grande guerre patriotique."
"La troisième guerre mondiale avait commencé le jour où la deuxième pris fin. En grattant un peu un social-démocrate, on découvrait un communiste qui recevait ses ordres directement du Kremlin."
Quand un officier du KGB dit vouloir passer à l'Ouest, est-il sincère ou est-il destiné à délivrer de fausses informations ? Le grand jeu, pour le KGB comme la CIA est d'avoir des taupes chez l'ennemi. Comme le fameux Philby. Comment les débusquer ?
La première partie du livre est consacré à l'immédiat après guerre.
La seconde à Budapest 56.
"les Russes construisent en secret des missiles balistiques de moyenne portée qu'ils voudraient installer en Hongrie pour menacer le flan sud de l'OTAN en Italie et en Grèce.
"Si l'on en juge d'après l'histoire, la réponse est claire. Les Russes optent toujours pour l'invasion"
"Ni les Américains ni l'OTAN ne sont prêts à intervenir en Hongrie"
La troisième partie est centrée sur la tentative de renversement de Castro. Tentative désastreuse de débarquement dans la baie "des cochons".
"C'est la Hongrie qui recommence ! Des gens vont prendre des risques énormes puis ils vont se retrouver coincés et devront se débrouiller tout seuls" "Soudain les débats des grandes puissances tournant autour de grandes idées se réduisaient à ces corps sur une plage, à ce sang épongé par le sable" "Kennedy s'enfonça dans l'obscurité pour essayer de digérer le premier désastre politique de son existence"
La quatrième partie est consacrée à la recherche de la taupe au sein de la CIA qui renseigne le KGB.
"je leur apprend à se mettre les Américains dans la poche en leur parlant d'argent, et les Anglais en leur parlant de la dernière guerre."
"il y a toujours eu, et il y aura toujours, un antagonisme entre la nécessité pour une agence de renseignements de garder ses secrets, et le droit du public à savoir ce qui se passe"
La cinquième partie se déroule en Afghanistan en 1983, le soutien aux Talibans contre les Russes, au risque de les voir se retourner ensuite contre les Américains.
La sixième partie raconte la tentative de putsch du KGB et d'une partie de l'armée contre Gorbatchev, et Elsine qui tire les marrons du feu. Apparait un nouveau personnage : Poutine, mais ceci est une autre histoire...
Postlude : "l'URSS n'était pas un pays. C'est la métaphore d'une idée qui pouvait paraître bonne sur le papier, mais qui, dans la pratique, s'est révélée terriblement défectueuse."
"La révolution, c'est comme les romans, le plus difficile est de trouver la fin" (Tocqueville)
"les changements qui interviennent dans notre vie doivent trouver leur origine dans l'impossibilité de vivre autrement que suivant les exigences de notre conscience."
"Lorsque le général Gehlen reçut l'autorisation d'occuper à nouveau des fonctions dans un service de renseignements, il s'était engagé par écrit à n'employer ni anciens officiers de la Gestapo, ni criminels de guerre. Il s'est pourtant entouré d'anciens nazis qui figurent tous sur des listes de personnel sous une fausse identité."
"L'OSS (ancêtre de la CIA) a dressé la liste des caïds de la Mafia sicilienne fidèles aux Alliés"
08:11 Publié dans histoire, sécurité, défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : espionnage
15/07/2022
Révélations sur le vrai bureau des légendes
Trahisons à la DGSE
Antoine Izambard et Frank Renaud
éditions Stock
Juillet 2020. Deux anciens espions de la DGSE sont lourdement condamnés par la justice française pour trahison au profit de la Chine. Du jamais vu dans l'histoire de l'espionnage français.
"Ce livre vise à montrer les difficultés pour les maîtres-espions tricolores d'évoluer face à ces grands prédateurs que sont la Chine, la Russie et les Etats-Unis."
"Au sein du ministère des armées, le niveau d'attention vis-à-vis de la Chine est aujourd'hui plus important que pour la Russie" (écrit avant la tentative d'invasion de l'Ukraine)
"Historiquement, la Russie a probablement été la puissance qui a donné le plus de fil à retordre aux services français"
Les Etats-Unis possède 17 agences de renseignements, lesquelles ont des moyens colossaux et ne reculent devant rien. En 2018, le renseignement américain a dépensé 81,5 milliards de $ pour ses activités, soit quasiment deux fois le budget alloué aux forces armées françaises."
"Nous avons besoin des Américains, de leur renseignement électronique ou satellitaire pour lutter contre le terrorisme au Sahel ou au Levant."
"MICE pour Money, Ideology, Compromise et Ego. Dans le monde brumeux de l'espionnage, ces quatre lettres indiquent les quatre leviers à actionner pour recruter une source ou retourner un agent secret."
"En France, le nombre d'agents participant à la politique publique du renseignement est passé de 15 000 à 18 000 entre 2014 et 2017., soit une hausse de 20% des effectifs. Et la tendance va continuer" Chaque mois, le magazine de l'armée de terre fait de la publicité pour inciter les militaires à rejoindre les services de renseignements. "Nous nous heurtons à la concurrence du privé où les salaires sont plus attractifs". "De plus, le contre-espionnage a été "cannibalisé" par la lutte contre le terrorisme."
"Les armées françaises disposent déjà de 3 000 cyber-combattants, un chiffre qui passera à 4 000 en 2025".
"Confrontée à une polarisation grandissante entre Washington et Pékin, notamment en Indochine, à une puissance russe revanchiste et à la menace terroriste et djihadiste, la DGSE recrute à tour de bras."
"Il est difficile de ne recruter que des héros" (Jean Rochet, directeur de la DST de 67 à 72)
08:33 Publié dans sécurité, défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : espionnage