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08/04/2021

Prisonnier de guerre

Une captivité partagée

Emile et Marie Hippeau

1940-1944

Jacques Gélis

 

Comme des milliers d'autres soldats français, Emile Hippeau a été fait prisonnier en juin 40. Pendant quatre ans il va d'espoirs en amères déceptions. Père de trois jeunes enfants, il espère être rapidement libéré. Prisonnier en France, affecté à des travaux agricoles, il ne comprend pas pourquoi il ne peut rentrer dans sa ferme pour y effectuer les travaux indispensables. Prisonnier en Autriche, devenue allemande, il est de nouveau affecté aux travaux agricoles. Il espère bénéficier de la "relève". Nouvel espoir déçu. Très travailleur, il souffre bientôt d'une hernie qui doit être opérée. Il espère bénéficier d'un rapatriement sanitaire...

Ses échanges de lettres avec son épouse qui se démène pour maintenir l'exploitation agricole à flots permettent de suivre sa vie de prisonnier, malgré la censure,  ainsi que les espérances des deux conjoints, sa femme ayant autant de mal que lui à comprendre l'incompréhensible. Son épouse a joué un grand rôle pour lui permettre de "tenir". "La captivité d'Emile Hippeau a vraiment été une "captivité partagée".

Jacques Gélis, professeur émérite d'histoire de l'université de Paris 8, auteur de plusieurs ouvrages, a dépouillé toutes ces lettres pour nous permettre de suivre cette période douloureuse, spécialement pour les prisonniers et leurs familles.

 

Le deux juillet 40, "sous la conduite d'un sous-officier français, sans allemands", ils montent enfin en camion et traversent lentement Angers. "Ils reçoivent alors un accueil tellement chaleureux de la part de la population qu'Emile, toujours sensible à la générosité des gens, en est fortement ému." "Nous sommes vraiment gâtés par toutes ces populations qui nous accueillent."

1942, Marie : "C'est l'esprit public qui se détériore profondément. Les gens deviennent égoïstes, envieux, médisants. Un climat de suspicion s'installe". Ce qui la révolte surtout, c'est l'indifférence." ; "Ici, ce qui nous fait le plus mal au coeur , c'est de voir des gens heureux..."

1944, Marie : "Dans l'embarras, on fait tout ce que l'on peut, et je m'en suis bien tirée." Comme en 14/18, le travail des femmes se substituant aux hommes absents a été extraordinaire. La place des femmes dans la société s'en trouvera bouleversée.

 

 

08:38 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire