Bretecher immortelle

Morceaux choisis

Claire Bretecher

Dargaud

 

Malheureusement, Claire Bretecher n'est plus. Reste son oeuvre prolifique. Difficile pour l'éditeur de faire un "best of", de choisir les "morceaux" pour cet album. Mais quel plaisir de retrouver des extraits des "Frustrés", d'Agrippine, de Cellulite, du "Bolot".

De Spirou au Nouvel Obs en passant par L'Echo des savanes, elle a senti son époque et ses mutations sociales, ce qui fait que ces morceaux choisis sont encore d'une actualité éclairante.

Pour les nostalgiques, mais pas seulement !

 

 

Berlin 1931

Goldstein

Volker Kutscher

Points policiers n°P3168

 

Troisième volet de la "trilogie berlinoise" dont est tirée la série télévisée "Babylone Berlin".

L'action se passe en 1931. Au delà de l'intrigue policière, le roman décrit la vie des Berlinois. L'antisémitisme est assez répandu. Le souvenir de la Première guerre mondiale est encore très présent. Les SA tiennent le haut du pavé et multiplient les violences.

Le commissaire Gereon Rath est chargé de surveiller un gangster américain d'origine allemande. Il aide Charlotte qui recherche une jeune cambrioleuse. Leurs rapports amoureux sont quelque peu chaotiques.

Les meurtres se multiplient. Guerre entre deux gangs ? Que fait la police ? Le roman traite également des relations entre la police et la population.

Un roman policier qui se lit avec grand plaisir. Malheureusement le lecteur ne retrouve pas l'humour cynique de Philip Kerr.

 

Prix du Quai des Orfèvres 2021

Cap Canaille

Cap Canaille

éditions Fayard

 

C'est la saison des prix littéraires, y compris le prix du Quai des Orfèvres qui récompense chaque année depuis 1946, un roman policier choisi parmi des manuscrits anonymes. Le jury est placé sous la présidence par le Directeur de la police judiciaire. Dans les romans ayant reçus ce prix il ne saurait être question de critiquer la police, surtout en ce moment ! Le prix de cette année ne fait pas exception. La coopération entre les différents services de la police est exemplaire. Les policiers cherchent à résoudre des énigmes policières, mais jusqu'en haut de la hiérarchie travaillent ensemble des femmes et des hommes sensibles, humains.

Le manuscrit choisi,  l'anonymat de l'auteur est levé. Cette année le lauréat est un commissaire divisionnaire ayant plus de trente ans de "maison".

L'énigme n'est résolue que dans le dernier chapitre. Les personnages de la police sont extrêmement sympathiques.

Le Cap Canaille se trouve sur "la route des crêtes" entre Cassis et La Ciotat. L'action s'y passe essentiellement ainsi qu'à Marseille.

 

Millions de victimes passées...et à venir

Impact

Olivier Norek

Michel Lafon

 

Travailleur humanitaire avant de devenir capitaine de la police judiciaire, puis écrivain, Olivier Norek tire le signal d'alarme sur le réchauffement climatique  à travers son dernier roman policier qui connait un vrai succès malgré la fermeture des librairies.

Le livre se termine avec une annexe de presque quarante pages de références sur les problèmes de pollution qu'il dénonce. A part Trump et ses partisans personne de censé ne conteste le constat. Les actions qui se déroulent dans le roman sont moins crédibles.

Le rappel des catastrophes passées, présentes et à venir ne sont pas inutiles.

 

"La seule pollution atmosphérique provoque neuf millions de morts par an. Un décès sur six dans le monde."

"Nous survivons dans un monde de financiers où les 1% les plus riches détiennent deux fois plus que tout le reste de l'humanité."

"Le GIEC calcule que 75% de la population mondiale sera victime de vagues de chaleur meurtrières, que celles-ci seront bientôt multipliées par six, et qu'elles dureront plus longtemps."

"Dans trente ans, entre la pollution, le manque d'eau potable, les famines et la montée des eaux, cinq milliards d'êtres humains seront en péril."

 

 

 

 

Pour nous faire regretter Philip Kerr

Metropolis

Philip Kerr

éditions du Seuil

 

Roman posthume de Philip Kerr, décédé en 2018.Paradoxalement de tous les romans comptant les aventures du policier Bernie Gunther, celui ci se déroule le plus tôt dans la chronologie, en 1928.

Kerr raconte la montée des nazis et de l'antisémitisme. Il raconte également la débauche qui se répand dans une population traumatisée par la Première guerre mondiale, et la défaite. "Il ne fallait pas s'étonner qu'après une guerre où tant d'Allemands avaient été obligés de tuer pour leur pays, ils préfèrent maintenant s'envoyer en l'air."

Kerr manie un humour dévastateur, rempart face à la situation désespérante.  Bernie a des répliques cinglantes et ironiques. "Je suis un salopard cynique. C'est le secret de mon charme"

Un "serial killer" assassine des prostituées. Personne ne semble s'en soucier. Un certain nombre se réjouissent même que les rues soient débarrassées  de ces incarnations du péché. Et dans la ligne de ce grand nettoyage, le tueur s'attaque ensuite aux mutilés de guerre réduits à la mendicité. Une honte pour la "glorieuse" armée allemande. "Cela n'étonnait plus personne dans l'Allemagne de Weimar où l'indifférence vis-à-vis de la mort violente et de la souffrance humaine était peut-être un autre héritage de la Grande Guerre."

"Depuis l'assassinat du journaliste socialiste Kurt Eisner en 1919, tous les Juifs exerçant une activité publique étaient armés."

"La véritable essence de l'être humain, c'est l'aveuglement."

 

En 1933, le ministre de l'intérieur Albert Grzesinski et Bernhard Weiss, chef de la police, Juifs tous les deux,  ont quitté l'Allemagne, l'un vers la Suisse, l'autre vers Londres.