31/07/2011
un vrai roman...
Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn
Michel Taubmann
Editions du moment
Michel Taubmann n'est pas romancier mais journaliste (Arte). Il ne pouvait pas imaginer les rebondissements de ce "roman vrai", publié avant l'affaire de New-York, donc trop tôt ou trop tard. Son éditeur a décidé de publier une nouvelle édition, complétée "Sofitel". Manque de chance, celle-ci est sortie le jour de la décision du procureur de rendre à Anne la caution qu'elle avait déposée pour son mari. Encore trop tôt ou trop tard !
Au moins cela a valu à Michel Taubmann d'être interviewé par ses confrères découvrant, tout d'un coup, que DSK n'était, peut-être pas, coupable.
A la première sortie du livre, il n'y avait pas encore l'affaire "Amitatou", mais il y avait déjà eu l'affaire "Piroska", cette responsable du continent africain au sein du FMI. "Des actes regrettables et reflétant une sérieuse erreur de jugement", pour reprendre les termes du conseil d'administration du FMI.
"Un tel talent, une telle intelligence mis en péril à cause de l'insoutenable légèreté de Dominique".
Et, s'il n'y avait pas encore de dépôt de plainte, il y avait déjà une affaire "Banon", qualifiant, en 2007, DSK de "chimpanzé en rut". Sans savoir la tournure que prendront les évènements, le journaliste est sévère avec "Tristane".
Voilà sa version des faits : en 2003 Tristane Banon obtient, par l'intermédiaire de sa mère, élue socialiste, une rencontre avec DSK en vue d'un livre d'entretiens intitulé "Erreurs avouées". "Elle décrit Dominique en termes si admiratifs qu'ils prêtent à sourire". Un des conseillers en communication de DSK (celui qui lui a prêté sa Porsche...) intervient, avec succès, auprès de l'éditeur pour faire supprimer le chapitre dans lequel DSK avoue ses "erreurs" (MNEF, cassette Méry), pour lesquelles la justice l'a innocenté ("le tribunal correctionnel considérera que la procédure engagée contre DSK était "infondée"), mais qui l'ont amené à quitter le gouvernement de Lionel Jospin. Ses conseillers, qui ne veulent pas du rappel de "toutes ces histoires", obtiennent gain de cause, et Tristane, meurtrie, menace "Je me vengerai de Dominique Strauss-Kahn". Ce qu'elle fera en 2007, puis en 2011 en l'accusant de tentative de viol.
"Les femmes l'attiraient. Il les attirait aussi, et pas seulement sexuellement. Intellectuellement aussi. Sans doute plus que d'autres.
Le témoignage de son ancienne attachée parlementaire va dans ce sens : "Dominique était encore plus dragué que dragueur. C'était inimaginable ! Certaines femmes députées me passaient des mots contenant parfois des déclarations enflammées, voire délirantes. J'ai vu des femmes faire des numéros dignes des plus grandes prostituées. J'ai vu des élues, des collaboratrices, prêtes à tout pour coucher avec lui. J'ai remarqué ce phénomène avec d'autres ministres, mais avec Dominique, cela atteignait des sommets. On peut parler de harcèlement sexuel. Mais Dominique en était la victime."
Cécilia Sarkozy, Bernadette Chirac, Danielle Mitterrand, chacune avec ses mots, racontent le même phénomène autour de leur mari.
"Produit de croisements multiples", DSK pourrait être l'ultime épisode d'une saga romanesque familiale mélangeant Sépharades de Tunisie et Ashkénazes, dont un trisaïeul venant d'Ukraine, mais tous laïcs et républicains, éventuellement socialistes, parfois francs-maçons.
Dominique s'appelle Strauss-Kahn parce que son grand-père naturel Strauss (autruche en alsacien) et son cousin Kahn, qui deviendra son grand-père adoptif, aimait tout autant la même femme. "Jules et Jim" avant l'heure, sauf que Gaston est quinquagénaire, et blessé de guerre, alors qu'Yvonne a trente-cinq ans et Marius une vingtaine d'années.
Le petit Dominique grandit en suivant ses parents dans leurs pérégrinations professionnelles : Paris et sa banlieue, Agadir, jusqu'au tremblement de terre de 1960, Monaco, Paris. Au total une quinzaine de déménagements, toujours comme locataire.
Brillantes études. Engagement au PS jusqu'à en devenir l'un de ses experts économiques, puis son plus brillant ministre de l'économie, après des parachutages difficiles en Haute-Savoie puis à Sarcelles.
"Il s'entoure de fidèles prêts à mourir pour lui, la fleur au fusil. C'est le B.A.-BA du pouvoir".
Le FMI, sur proposition du Premier ministre luxembourgeois, à laquelle Sarkozy n'ose s'opposer. "C'est la première fois qu'un DG du FMI appelle à un stimulus budgétaire". "A Bercy ou à Sarcelles, DSK était keynésien. Il l'est plus encore au FMI, institution fondée par Keynes lui même."
L'auteur a interrogé plus de soixante personnes pour dresser ce portrait, mais c'est dans les journaux que nous lirons les chapitres suivants...
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dsk
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