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07/05/2017

Comme s'ils n'existait plus de fascistes aujourd'hui.

L'administrateur provisoire

Alexandre Seurat

éditions du Rouergue

 

L'auteur apprend que son arrière grand-père a été "administrateur provisoire" de biens de juifs spoliés pendant la guerre. Confronté au silence des aînés de la famille, il se plonge dans les archives du "Commissariat général aux questions juives." Il imagine, sous forme de roman,  le sort de trois de ces familles juives spoliées.  C'est une page sombre de son histoire familiale qui ressort, reflet d'une période peu glorieuse pour notre pays.

Parmi ces familles, celle de Pierre Dreyfus, "fils du trop célèbre Alfred Dreyfus". "Il a aidé son père à écrire ses mémoires, il les a publiés, il rejoindra bientôt les Forces Françaises Libres". "Que Dreyfus soit capable de trahir, je le conclus de sa race" écrit l'aïeul.

Conformément à la loi du 22 juillet 1941 "relative aux entreprises biens et valeurs appartenant aux juifs", décrétée par "Nous, Maréchal de France", "l'administrateur provisoire a de plein droit, les pouvoirs les plus étendus".

Sont concernées toutes les entreprises ayant plus d'un tiers de juifs dans leur conseil d'administration.

"La loi française ne fait nullement reposer la définition juridique du Juif sur le critère religieux. Elle se contente de l'utiliser comme élément de discrimination." (règlement du Commissariat aux questions juives)

L'administrateur provisoire prend possession des biens, dresse l'inventaire, fait un appel d'offres ou liquide.

"Certains subtilisent, falsifient, extorquent par le chantage, s'arrangent pour racheter avec l'idée de revendre très vite beaucoup plus cher (ce que les règlements vichystes interdisent formellement). Le produit de la vente est bloqué sur un compte à la Caisse des dépôts".

Ceux qui sont déportés, via Drancy ou Pithiviers, ceux qui parviennent à s'enfuir ne réclament rien, ne touchent rien...

En juin 1943, l'arrière grand-père est relevé de ses fonctions. Son successeur se plaint de toutes ses irrégularités. Il s'est attribué des honoraires "significatifs", pris sur les biens confisqués. Il a "prélevé plus de deux fois plus que ce à quoi les règlement vichystes l'autorisaient."

En 1947, est mis en place, au ministère de la Justice, un "service de contrôle des administrateurs provisoires. En 1952, le dossier de l'arrière grand-père est classé "à titre interruptif de prescription". "Il n'a jamais été jugé, il a vécu tranquille après ça."

Il faudra attendre 1997 pour mesurer toute l'ampleur de la spoliation des Juifs de France.

 

 

07:28 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, littérature

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