1938 / 1946

L'annonce faite à Goering

Jean-Pierre Cabanes

éditions Albin Michel

 

La France, l'Allemagne, l'Italie et pour finir New-York. L'amour et la mort en ces temps difficiles, sans temps morts.

Le héros, le jeune Werner est à Paris pour préparer sa thèse d'histoire de l'art sur les faux, mais il va être obligé de rejoindre son affectation dans la marine allemande. "il faut des sentiments forts pour aimer une Juive quand on est un officier allemand"

Avec l'aide d'un autre expert il va "vendre" à Goering un faux Vermeer : "l'annonce faite à Marie" que par dérision il appelle "l'annonce faite à Goering".

Son chemin croise celui de la résistante Rose Valland dont le travail au musée du Jeu de Paume permettra de retrouver de nombreuses oeuvres d'art volés aux Juifs. Dans la villa de Goering seront retrouvé plus de mille trois cent oeuvres spoliées.

Le roman ne parle pas uniquement de la guerre sur le front de l'art. Il est question également de "la Conférence" de Wannsee qui a pour but de finaliser l'élimination des onze millions de Juifs européens. La multiplication des camps d'extermination puisque les "Einsatzgruppen" ne massacrent pas assez vite.

Après la défaite des nazis le Vatican organise une filière de fuite vers l'Argentine de Péron, "indéfectible soutien du Führer"

L'auteur est avocat. Il a été le "Bâtonnier" du Barreau de Nîmes.

 

"Les Allemands ne demandent rien mais Vichy devance leurs attentes comme un amant désireux de s'attacher une maîtresse."

"qui aurait prédit que les derniers défenseurs de Berlin seraient des Français de la division SS Charlemagne ?"

"En France, mais aussi en Allemagne et en Italie, nombreux sont les Juifs qui ont renvoyé leurs décorations, même si en Italie ceux qui étaient décorés étaient exclus des mesures de persécutions"

"L'italien, c'est le langage des enlacements"

"Quand les Allemands ont commencé à subir des échecs contre l'armée soviétique, Hitler les a attribués aux Italiens, auxquels il avait porté secours en Grèce."

 

 

la Guadeloupe sous pression

Mai 67

Thomas Cantaloube

Série noire

 

Un livre par an depuis que Thomas Cantaloube a lâché le journalisme pour le polar politique.

Son héros récurrent, Luc Blanchard,  mène une vie paisible en Guadeloupe, avec sa fiancée métis.

En mai 67 une manifestation dégénère en une répression meurtrière, passée largement inaperçue aux yeux des "métropolitains".

Avec d'autres, la compagne de Blanchard est enfermée à Paris, en attente de son jugement.

En bon journaliste, Blanchard enquête. Il retrouve sur sa route Papon, Foccard, le SAC...

Le seul homme politique qui l'aide est Claude Estier, alors député du XVIIIe arrondissement de Paris. J'ai connu cet homme très sympathique au Parlement européen qu'il a quitté en 81 pour redevenir député de Paris.

Le roman se termine un an plus tard avec les "évènements" de mai 68.

 

"Je suis pour les Blancs, parce que je suis blanc ; je n'ai pas d'autre raison, et celle-ci est la bonne" Napoléon Bonaparte en 1802 pour justifier le rétablissement de l'esclavage.

"je ne t'apprendrai rien en te disant que faire du fric légalement n'est pas la même chose qu'honnêtement."

"Ses patrons, comme le gouvernement, jamais très loin dans cet entrelacs incestueux entre presse et pouvoirs publics, acceptaient plus facilement que l'on point la paille dans l'oeil du voisin étranger que la poutre dans la cornée tricolore."