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10/06/2013

Pierre Mauroy le réel et l'idéal

"Mon" Pierre Mauroy

 

 

Des pages entières dans les journaux, y compris avec des erreurs, même dans Le Monde, journal de référence, des témoignages sur toutes les chaînes de télévisions et de radios. J'ai quand même envie de parler de Pierre Mauroy que j'ai beaucoup fréquenté pendant 20 ans.

 

C'est en 1978, j'avais à peine 30 ans,  que j'ai rencontré Pierre Mauroy pour la première fois, et décidé de rejoindre son équipe. Il était impossible de ne pas tomber en sympathie avec la simplicité et l'humanité de son abord.

C'était la préparation du Congrès de Metz. Celui de l'affrontement entre Mitterrand et Rocard, et au milieu Pierre prêchait pour la synthèse, le rassemblement. Je me suis mis en congé de la SNCF pendant quelques semaines pour faire campagne et, en bon cheminot, j'expliquais : "quand on a deux locomotives, il faut les faire tirer dans le même sens, sinon le train se disloque". Malheureusement ceux qui voulaient l'affrontement étaient plus nombreux que les rassembleurs. Pierre et ses amis ont été remplacés dans leurs responsabilités au PS par de jeunes énarques conduits par Jospin et Fabius.

 

Mais les liens entre Pierre et François Mitterrand étaient suffisamment solides pour perdurer. Pendant cette période, je rendais visite régulièrement à l'équipe de Pierre, dans ses petits bureaux.

En 1980 Pierre Mauroy a signé une belle lettre, préparée et transmise par Marie-Jo Pontillon, pour appuyer ma candidature au secrétariat du groupe socialiste européen. J'y suis toujours !

En 1981, j'ai souvent fait l'aller et retour Bruxelles / Paris, en refusant la proposition de revenir vivre à Paris la formidable période de la Gauche rassemblée au gouvernement.

Je garde de cette période une photo de nous deux prise dans la cour de Matignon. Pierre Mauroy voulait rassembler la Gauche, et au delà de la Gauche, comme il voulait rassembler les socialistes.

 

En 1986, de nombreux socialistes européens pensaient à Pierre pour devenir le Président de "L'union des Partis Socialistes de l'UE", qui deviendra le Parti Socialiste Européen. J'avais servi d'intermédiaire, avec Pierre, et avec Lionel Jospin, le Premier Secrétaire de l'époque. Mais Lionel avait d'autres idées en tête. D'abord confier à Pierre la Fédération des élus socialistes.

En 1988, Lionel devient ministre, Pierre, candidat au poste de Premier Secrétaire, me charge de "sonder" quelques députés européens socialistes, français. De mes conversations, il ressort clairement que le CERES et autres "gauches" autoproclamées du PS ne se mêleront pas du duel. Vainqueur, Pierre, comme toujours, cherche l'apaisement, et confie à Laurent Fabius la tête de la liste socialiste aux élections européennes de 89. Cela n'empêche pas ses lieutenants, derrière Claude Bartolone, de pratiquer un harcèlement permanent, jusqu'au calamiteux Congrès de Rennes.

A la demande de Pierre je deviens secrétaire général adjoint de l'Union des partis socialistes de l'UE.

 

Au début des années 90,  Pierre Mauroy succède à Willy Brandt à la tête de l'Internationale socialiste. Afin d'avoir une bonne coordination entre l'IS et le Parti Socialiste Européen, Pierre obtient que je devienne Secrétaire général de cette organisation.

 

Nous nous retrouvons fréquemment dans différentes capitales, européennes ou non. Il me parle de Lille, de ses projets pour sa ville, à laquelle il veut donner une dimension internationale. Un jour, il m'invite à déjeuner dans sa mairie et me propose de devenir son adjoint chargé de cette dimension internationale. J'achète un appartement à Euralille, à côté de la gare TGV, signées par des architectes de renom, deux grandes fiertés du maire.

Mais Pierre Mauroy, craignant des élections difficiles, propose, quelques mois plus tard, à Martine Aubry de venir s'installer au beffroi. Comme Pierre l'a raconté dans son dernier livre, Martine est venue avec des exigences, et un certain nombre d'amis de Pierre en ont fait les frais.

Je me rappelle encore le coup de fil qu'il m'a passé, alors que j'étais à Strasbourg pour une session du Parlement européen, à plus de dix heures du soir, pour m'expliquer personnellement la situation. Avec tant de diplomatie et de gentillesse que je ne lui en ai jamais tenu rigueur.

J'apprendrais plus tard, à mes dépends, que tout le monde n'a pas cette élégance dans le monde politique.

 

Je n'ai plus été Secrétaire général du PSE, et lui a quitté quelques mois plus tard la Présidence de l'IS. Nos rencontres se sont espacées, mais il est  resté un homme qui a marqué ma vie, et forgé mon orientation politique, dans la lignée de Jean Jaurès : "aller à l'idéal, comprendre le réel". 

 

 

19:14 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mauroy, ps, politique