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12/09/2025

Trente ans après le génocide

Les ombres du monde

Michel Bussi

Les presses de la Cité

 

Michel Bussi nous replonge dans les horreurs du génocide au Rwanda. Comme pour les massacres de la Saint-Barthélémy impossible de ne pas se demander comment des hommes ordinaires peuvent massacrer leurs voisins, leurs semblables.

Comment ne pas regretter que l'écrivain prenne un parti-pris unilatéral en faveur des vainqueurs ?

A aucun moment il pose la question des conditions de la victoire de Kagamé, comme si celui-ci était arrivé au pouvoir porté par les ailes d'un ange, sans tirer un coup de fusil. "On ne construit pas une réconciliation sur un mensonge" écrit l'auteur. Il n'y a pas de réconciliation au Rwanda mais une dictature implacable où les opposants sont mis en prison. Certes, il n'y a pas de révolte car personne ne veut d'une d'une nouvelle guerre civile, alors Kagamé est inamovible.

Le roman reproche à la France d'avoir fourni des armes au gouvernement légal, mais qui fournissait, à flux continu, des armes à Kagamé ?

Les accords d'Arusha prévoyait un partage du pouvoir. Au terme du processus de paix les urnes, sous supervision de l'ONU, devaient établir la démocratie. Les Tutsi qui représentaient 15% de la population n'avaient aucune chance de parvenir au pouvoir par les urnes. Leur seul espoir résidait donc dans une victoire militaire.  Ces élections n'ont toujours pas eu lieu !

Le FPR de Kagamé n'était pas un parti démocratique demandant le retour des exilés et une participation au pouvoir, mais un mouvement armé qui voulait conquérir militairement le Rwanda.

Il y a dix ans, Bernard Lugan, universitaire, enseignant et conférencier, expert auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda de l'ONU écrivait dans "Un génocide en questions" : "Il n'est plus possible de dire que le génocide était programmé, que la France en serait complice, que pour le commettre, les "extrémistes" hutu avaient créé une cellule secrète nommée Akazu (très présente dans le roman), qu'ils avaient dressé des listes de Tutsi à abattre, qu'ils assassinèrent leur propre président en abattant son avion."

"Ces idées reçues, qui constituaient les bases de l'histoire officielle écrite par les vainqueurs de la guerre civile rwandaise afin de légitimer la conquête du pouvoir par le général Kagamé (et base du roman de Michel Bussi) ont été balayées par le Tribunal international pour le Rwanda créé par le Conseil de sécurité de l'ONU afin de juger les responsables de ce génocide - jamais mentionné dans le roman, et pour cause !

"Au fur et à mesure de son avance, les troupes de Kagamé pratiquait des massacres de masse" (gendarmes français) "Le FPR de Kagamé liquidait systématiquement les notables des régions conquises, chassait devant lui les populations. Le but était de déstabiliser le gouvernement en place en lui envoyant un million de réfugiés."

Tellement triste que le roman de Bussi conforte le pouvoir en place au Rwanda, au prix de la vérité.

 

07:50 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rwanda

27/12/2024

Renaudot 2025

Jacaranda

Gaël Faye

éditions Grasset

 

L'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Ce livre en est une nouvelle illustration. Au Rwanda il n'y aurait eu de victimes que Tutsies, de boureaux que Hutus.

Je me range plutôt du côté de ces "expats" moqués par l'auteur : "ils déploraient le manque  de liberté d'expression, trouvaient que le pays - sous ses dehors de bon élève des institutions de Bretton Woods - était une dictature qui ne disait pas son nom et qu'à force de tout ramener à "leur génocide", les Rwandais avaient fini par en ferme un "fonds de commerce".

Reste le roman avec ses personnages touchants qui nous font rêver d'une Afrique fantasmée, et un superbe Jacaranda dans les branches duquel se réfugie une adorable petite fille.

 

07:57 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, rwanda

05/08/2017

Au coeur des tragédies rwandaise et congolaise

Ces tueurs Tutsi

Charles Onana

Préface de Cynthia McKinney, ancienne sénatrice américaine, ancienne envoyée spéciale de Bill Clinton en Afrique

éditions Duboiris

 

Kagamé a gagné l'élection présidentielle. Son score de 98% en dit long sur la "démocratie" qu'il impose au Rwanda.

Le journaliste Charles Onana, auteur de plusieurs livres sur le génocide rwandais rappelle une nouvelle fois quelques vérités historiques peu mentionnées par les médias.

Cynthia Mc Kinney :

"L'assassinat de deux Chefs d'Etats africains, le rwandais et le burundais, a été reconnu par les Nations Unies comme l'élément déclencheur du massacre d'un million de personnes au Rwanda."

"Plus de trois millions de Congolais sont tombés sous les balles des soldats du président Kagamé."

"Les Etats-Unis ont donner une formation militaire aux forces de Kagame pendant la période où les massacres avaient lieu."

Charles Onana :

"Des milliers de Tutsi innocents ont été massacrés dans une guerre de pouvoir au Rwanda."

"Les troupes de Kagamé, venant d'Ouganda, ont massacré beaucoup de Rwandais, Hutu et Tutsi confondus, dans leur guerre pour la conquête du pouvoir."

"La brutalité du régime monarchique tutsi est la source historique principales des conflits politiques et sociaux au Rwanda." "Une petite poignée de Tutsi s'est trouvée progressivement en situation de dominer à la fois le pouvoir politique et la vie économique ."

"Conscients qu'ils ne peuvent accéder au pouvoir au terme d'une élection démocratique, les extrémistes Tutsi voulaient prendre le pouvoir par les armes." "Kagamé et ses hommes ont choisi la force et non la voie des élections libres et pluralistes car étant ultra-minoritaires et profondément anti-démocratiques." "Les Tutsi sont devenus otages et victimes de la stratégie de conquête du pouvoir par les armes." Les troupes de Kagamé, lourdement armées via l'Ouganda, ont gagné la guerre. Et l'Histoire est souvent écrite par les vainqueurs. "Les Nations Unies ont contribué à la victoire militaire de Kagamé en affaiblissant les forces armées rwandaises du gouvernement légal subissant un embargo unilatéral sur les armes." Embargo qui ne touchait pas les rebelles de Kagamé approvisionné par l'Ouganda.

Les missiles qui ont abattu l'avion transportant les deux présidents ont été fabriqués en Russie, vendus à l'Ouganda, pourvoyeur en armes des forces de Kagamé. "La guerre est déclenchée et le Rwanda plonge définitivement dans l'horreur."

Sous couvert de rattraper  les génocidaires hutu, les soldats de Kagamé se sont livrés à un poursuite acharnée sur le territoire de la RD Congo, sur plus de 5.000 km. "C'est la Commissaire européenne Emma Bonino qui dévoila au monde l'ampleur de la tragédie vécue par les réfugiés hutu au Congo. 280 000 auraient disparu." Car parmi ces fuyards, il y avait très probablement des coupables d'actes de génocide, mais il y avait surtout des milliers de femmes et d'enfants. En plus des victimes des massacres commis par les troupes de Kagamé, combien sont morts de faim ou de maladie sur cette longue route du désespoir ? Le cinéaste autrichien Hubert Sauper a filmé cette population en détresse. Mais ce film a été peu vu. Moins vu que "Hotel Rwanda" qui fait croire que Kagamé est entré à Kigali acclamé par la population, alors qu'en réalité ils étaient des centaines de milliers à fuir vers les pays voisins.

Mais cette "poursuite" s'est faite essentiellement dans l'Est du Congo, dans les zones riches en diamants, en or, en bois et surtout en coltan, élément indispensable pour nos téléphones et ordinateurs portables et consoles vidéo. "Le Rwanda de Kagamé est devenu un remarquable exportateur de ce minerai alors qu'il n'en existe pas dans le sous-sol rwandais." Dans plusieurs de ses rapports l'ONU mentionne le Rwanda comme un acteur majeur de l'exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.

"La communauté internationale avait déjà choisi ses victimes, les bonnes victimes , celles qui méritaient d'être défendues et dont la mémoire méritait d'être honorée."

 

Je suis allé deux fois au Rwanda. J'ai rencontré le Président Kagamé. Il m'a fait l'effet d'un homme intelligent, d'un cynisme absolu. Instrumentalisant la mémoire du génocide à son profit politique. Très anti-français, puisque la France a osé tenter de protéger des camps de réfugiés fuyant ses soldats, puis mandater un juge qui l'a mis directement en cause dans l'assassinat des deux présidents, donc dans le déclenchement du génocide.

Aujourd'hui la presse internationale salue la réussite économique du Rwanda, sans jamais mentionner que celle-ci a été largement construite sur le pillage des richesses de l'Est du Congo. Et que ce pillage continue.

Toutes les organisations de Droits de l'Homme soulignent l'absence totale de démocratie , de liberté d'expression ou d'organisation politique. Les opposants sont en prison, ou s'enfuient à l'étranger, éventuellement y sont assassinés. Le président tout puissant décide qui a le droit d'être candidat, aussi bien à la présidentielle qu'aux législatives. Même les USA, qui sont largement responsable de l'arrivée au pouvoir de Kagamé, commencent à le trouver un peu encombrant.

Les Tutsi anglophones, venus d'Ouganda, ultra-minoritaires, accaparent le pouvoir. Pour le garder, ils ne peuvent se permettre de devenir démocrates...

 

 

17:43 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rwanda

08/04/2014

Génocide : jamais plus ?

Insoutenable

 

20 ans après les massacres, la pensée de ces centaines de milliers de morts est insoutenable.

 

Les historiens auront le devoir, avec le recul, d'expliquer, sans tomber dans le travers,  habituel depuis XX siècles,  toujours actuel,  de raconter l'Histoire du côté des vainqueurs. Ce que font beaucoup de journalistes à l'occasion de cet "anniversaire" qui doit être l'occasion de tirer des enseignements.

 

Je me contente de me poser quelques questions simples :

 

- Qui a déclenché les hostilités ?

Très clairement Kagamé et ses amis,  financés par l'Ouganda qui leur a servi de base de départ et de repli. Qui derrière l'Ouganda ? Tout porte à croire que les Britanniques et les Américains ne sont pas étrangers à l'organisation de cette rébellion armée contre un président et un gouvernent élus.

 

- La France a-t-elle joué un rôle ? Clairement oui, en appui à ce gouvernement légitime contre cette rébellion armée venant de l'étranger. Et Kagamé a raison d'en vouloir à la France pour cela.

 

- Le gouvernement rwandais était-il "génocidaire" avant le génocide ? Non, puisque le génocide a commencé quand le président rwandais, élu,  a été assassiné, son avion abattu. Non, puisque les amis de Kagamé était membres de ce gouvernement d'"union nationale"...tout en le combattant par les armes.

 

-Kagamé a-t-il été accueilli en libérateur ? Non trois millions de Rwandais ont fui devant l'avancée de ses troupes. Un million déplacés à l'intérieur du pays, deux millions au Congo et au Burundi.

 

Mon intime conviction est que la peur de la majorité hutue des Rwandais à l'égard de Kagamé, peur cristallisée en haine,  a joué un grand rôle dans le déclenchement du génocide.

Même si des forces politiques hutues attisaient et utilisaient politiquement cette haine, les voisins d'un même village ne se sont pas transformés spontanément en assassins. Les Tutsis étaient perçus par les Hutus comme des menaces même s'ils n'avaient rien à voir avec Kagamé.

Le même drame vient d'être vécu en Centrafrique au détriment des musulmans.

 

- Le tueries se sont-elles terminées avec la prise de pouvoir de Kagamé ? Non puisqu'au nom de la poursuite des génocidaires,  des centaines de milliers de Hutus, y compris femmes et enfants ont été massacrés, poursuivis non seulement au Rwanda mais jusqu'à l'intérieur du Congo, quasiment jusqu'à Kinshasa.

 

- La France est-elle intervenue ? Oui, avec un mandat de l'ONU pour protéger les réfugiés Hutus de la folie meurtrière des hommes de Kagamé. Et Kagamé a raison d'en vouloir à la France pour cela. Des génocidaires en ont incontestablement profité. Ils se sont retrouvés plus tard devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, ou sont jugés encore aujourd'hui, y compris en France. Justice tardive qui vaut mieux qu'une justice de guerre.

La justice des vainqueurs ne vaut pas mieux que l'Histoire racontée par les vainqueurs.

 

 

 

 

15:12 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, rwanda