12/09/2016
Mémoires de Louis Mermaz
Il faut que je vous dise
Louis Mermaz
éditions Odile Jacob
Il y a Louis Mermaz l'homme politique: fondateur, avec François Mitterrand de la"Convention des institutions républicaines", membre de la direction du PS, Président de l'Assemblée nationale, président du Groupe socialiste, plusieurs fois ministres, maire de Vienne, Président du Conseil général de l'Isère, après quelques tentatives infructueuses en Normandie ("celui qui ne buvait pas n'était pas un homme").
Il laisse percer de l'amertume de ne pas avoir été choisi par François Mitterrand pour être Premier Ministre, et de ne pas avoir pu devenir Premier secrétaire du PS pour remplacer Jospin. "Je regrettais dans mon for intérieur que François Mitterrand ne meut pas appelé en son temps comme Premier ministre, ni soutenu plus tard pour parvenir à la tête du parti."
Je me souviens que dans les années 70, alors que j'étais Secrétaire national des cheminots socialistes, il nous expliquait que notre but devait être de "refaire à l'envers ", d'effacer, la coupure du Congrès de Tours de 1920, quand les socialistes s'étaient séparés des communistes.
Aujourd'hui, il est toujours aussi virulent contre le capitalisme et pour les droits de l'Homme.
Je ne savais rien de l'homme. Sa vie aurait pu être un roman, parfois tragique. "Fils naturel", "batard" comme il l'écrit, d'un ministre de la IIIe République. Situation plus honteuse alors, en 1931, qu'aujourd'hui ("une souffrance jamais cicatrisée"). Père de trois enfants, deux garçons et une fille. Jeune adulte, un de ses fils, étudiant brillant, meurt dans un accident de surf qui aurait pu être évité. Son autre fils abandonne des études différentes mais non moins brillantes pour vivre sa passion pour le théâtre. Passion exigeante mais peu rémunératrice qui le plonge dans des périodes de dépression aggravée par le décès de son frère.
Louis Mermaz rentre souvent dans les détails. Une excellente mémoire, et probablement beaucoup de notes conservées qui font revivre des périodes pleines d'espoirs, et de socialistes que j'ai croisés, comme "Roger Fajardie, esprit fin, subtil et rusé dans un corps qui se mouvait avec difficulté".
"Se pencher sur sa vie, ses émotions, ses souffrances parce que chaque homme de sa naissance à sa mort porte en lui un fragment de l'humanité."
"Je n'aime pas Napoléon. Il a laissé la France plus petite qu'il ne l'avait trouvée" (François Mitterrand)
"François Mitterrand ne voulait jamais donner à penser qu'il escomptât quelques chose de qui que ce fût."
"François Mitterrand supportait mal qu'on pût manquer un rendez-vous fixé à sa seule convenance. Il souhaitait nous voir nous implanter à travers la France, mais s'étonnait qu'on ne répondît pas, toutes affaires cessantes, à ses invitations."
"Ceux que François Mitterrand réunissait n'avaient aucune affinité entre eux, et lui retiré de la vie politique ou disparu, ils se disperseraient."
"La vie, ça passe comme ça. C'est déjà fini. On aperçoit qu'on a à peine eu le temps de rien faire." (François Mitterrand)
11:43 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
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