24/05/2014
Qui a provoqué la Première guerre mondiale ?
David Fromkin
Éditions Grasset
Avec malheureusement un peu trop de répétitions, l'historien américain David Fromkin livre un verdict sans appel :
- L'Autriche-Hongrie voulait la guerre contre la Serbie bien avant l'assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo, qui n'a été qu'un prétexte au déclenchement des hostilités. "Les plans de campagne étaient préparés deux semaines avant le drame de Sarajevo". "L'antagonisme datait de 1903 lorsqu'un Coup d'État avait fait passer l'allégeance de ce pays à la Russie au lieu de l'Autriche".
Sa motivation était la domination sur les Balkans. La domination des Teutons sur les Slaves.
- L'État-major allemand voulait la guerre contre la Russie, et son alliée la France, bien avant 1914. "Les développement économiques et militaires de la Russie, largement financés par la France, réveillèrent un désir de plus en plus urgent et violent de lancer une guerre préventive". Cette idée de guerre préventive contre la Russie existait au sein de l'état-major allemand depuis 1905. N'était attendu que le prétexte pour faire croire que l'Allemagne était agressée. "L'Allemagne a délibérément déclenché une guerre européenne pour ne pas être dépassée par la Russie".
Sa motivation était la domination continentale de l'Europe.
"L'Allemagne levait des impôts à un rythme soutenu pour accélérer ses programmes militaires".
"Le gouvernement allemand a délibérément contraint la Russie, la France et la Belgique à la guerre, en lançant des attaques qu'aucune provocation ne justifiaient."
Moltke, chef d'État-Major allemand parlait en 1915 de "cette guerre que j'ai préparée et déclenchée".
- La Russie et la France ne voulaient pas la guerre : elles ont été attaquées et n'avaient d'autre choix, pour survivre, que de se défendre.
-Le gouvernement serbe ne voulait ni l'assassinat de François-Ferdinand, ni la guerre, et a accepté la quasi-totalité des conditions de l'ultimatum autrichien. "Peu importe la réponse à l'ultimatum, l'Autriche-Hongrie avait décidé d'avance" ;
- Seul le Royaume-Uni a eu le choix : il n'était pas attaqué, mais la violation des neutralités belge et luxembourgeoise lui ont montré clairement qu'il ne pouvait pas laisser l'Allemagne être la seule superpuissance du continent européen. La présence allemande dans les ports belges représentait une menace permanente.
La guerre pouvait-elle être évitée ? Non, car s'il faut être plusieurs pour faire la paix, un seul suffit pour faire la guerre. Ne pas avoir compris la leçon a conduit à Munich, et à la suite...
"Deux guerres, et non pas une, telle est la clef du mystère. Le conflit austro-serbe n'a pas dégénéré : il a été mis de côté pour être remplacé par un autre". L'Allemagne obligea l'Autriche-Hongrie à renoncer à sa guerre contre la Serbie en faveur de la guerre de l'Allemagne contre la Russie. L'armée impériale austro-hongroise a été écrasée par les Serbes avant de l'être par les Russes. En septembre 14, la moitié de ses soldats avaient été tués, et les survivants placés sous l'autorité directe de l'armée allemande...
07:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
23/05/2014
Nicolas Cage dans l'Amérique profonde
De David Gordon Green
Avec Nicolas Cage, Tye Sheridan
Joe a bon fond, mais Joe est parfois violent, en particulier avec la police, surtout quand il a bu. Joe peut être gentil avec les femmes, mais il ne veut pas s'engager. Joe est contremaître dans une exploitation forestière du Texas profond, et il prend sous sa protection un adolescent qui a besoin de travailler dur pour nourrir sa famille pendant que son père boit.
Film social à l'atmosphère de déchéance dans laquelle l'adolescent apporte une note d'espoir. Tye Sheridan a obtenu, pour ce rôle, le prix du "Meilleur espoir masculin" à la "Mostra" de Venise. Nicolas Cage prouve, une nouvelle fois son grand talent.
07:56 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
22/05/2014
Marion Cotillard dans un nouvel emploi
De Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec Marion Cotillard
Le film repose beaucoup sur le talent de Marion Cotillard. Elle nous fait croire à son personnage, qui relève de plusieurs mois d'absence pour dépression, et a deux jours pour convaincre la majorité de ses collègues de renoncer à leur prime de 1 000 euros pour sauver son emploi.
Suspense garanti, puisque dans le cinéma des frères Dardenne le "happy end" est exclu, mais le pire jamais certain non plus.
Belle fable, probablement un peu loin de la réalité du code du travail belge (puisque l'action se passe en Belgique). Je n'ai pas vérifié avec les spécialistes, mais je ne crois pas qu'il soit si facile de licencier une ouvrière qui revient d'un arrêt maladie.
Je ne crois pas non plus au chantage "si vous voulez une prime, il faut licencier". Tout le monde sait que ce sont les intérimaires qui servent de "variable d'ajustement". Pas besoin de licencier : on ne fait pas appel aux intérimaires...
Il s'agit d'une fable, il y a des bons, des méchants et, heureusement, simplement des gens ordinaires, pas méchants, qui ont besoin de l'argent de la prime.
Il y a surtout, et c'est le sens du film, le combat contre la résignation, la fatalité, l'impuissance.
10:56 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
21/05/2014
le récit, en BD, d'un ancien enfant-soldat
L’étoile d’Arnold
Jean-Philippe Stassen
Extrait de « Grands reporters »
Les Arènes XXI
Avant de partir pour le Kivu, en particulier Goma, à 1 600 kilomètres de la capitale congolaise, et Bukavu, « perle du lac Kivu », Jean-Philippe Stassen nous propose un passage au musée de l’Afrique de Tervuren, puis à Matongé. Le quartier de Bruxelles, pas celui de Kinshasa.
Arnold est un ancien enfant soldat, enlevé et entraîné par un groupe dissident financé par le Rwanda voisin. Stassen met en images son récit.
Un récit qui parle des « massacres perpétrés par les troupes de Kagamé ».
« Que Hergé fût raciste, c’est un fait. Que Hergé ignorât lui-même qu’il était raciste est un autre fait. Hergé plaquait les clichés de son époque sur un pays qu’il n’avait jamais visité ».
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
20/05/2014
Quelques rappels concernant les négociations sur un projet de Traité commercial transatlantique
Faire peur est généralement électoralement payant.
Il y a ceux qui font peur avec « l’invasion des immigrés ».
Nouvelle version du même mécanisme : faire peur avec la prochaine supposée invasion des poulets à l’eau de javel, des bœufs aux hormones, des OGM et autres joyeusetés.
Sauf que tout cela est un mensonge absolu, et les parlementaires européens sortants tels que Jean-Luc Mélanchon, José Bové et Marine Le Pen, ne peuvent l’ignorer, même si leur travail au Parlement européen n’est que relatif.
Dans le Parlement européen sortant, un « comité de suivi », où les présidents de toutes les commissions parlementaires, les représentants de tous les groupes politiques, y compris ceux de Mélanchon, Bové et Le Pen, rencontrait à chaque étape de la négociation les négociateurs européens et pouvaient leur poser toutes les questions.
Ils savent donc parfaitement que les élucubrations qu’ils débitent pour faire peur et gagner des suffrages sont totalement exclues des négociations, tout comme les biens culturels, à la demande du gouvernement français.
En contrepartie, les Américains ont décidé d’exclure de la négociation tous ce qui touche aux services financiers.
Qui souhaitent un accord commercial entre les USA et l’Union européenne ? Tous ceux qui ont, actuellement ou potentiellement, quelque chose à vendre à l’étranger. En particulier ceux qui veulent protéger les « Appellations d’origine protégée », ceux qui veulent que les Américains cessent de dénommer « Champagne » ou « Cognac » des produits de leurs vignes.
Combien de temps vont durer les négociations ? Celles avec le Brésil ont commencé il y a vingt ans !
Quelle sera la procédure de ratification, en cas de négociations concluantes ? L’unanimité au sein du Conseil représentant les Etats membres. La majorité au Parlement européen qui sera élu dimanche. La majorité dans chacun des Parlements des 28 Etats membres de l’Union.
Nous en sommes loin, mais, dès dimanche, pour des raisons d’éthique, je suis bien décidé à ne pas voter pour des politiciens qui suscitent la peur pour gagner des suffrages, en mentant délibérément.
20:45 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe