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30/12/2010

La crise de 2008

Le casse du siècle

The big short

Michaël Lewis

Editions « Sonatine »

 

Etre « short », en bourse, cela consiste à parier à la baisse. Quelques visionnaires avaient eu le pressentiment que ces obligations appuyées sur des prêts impossibles à rembourser allaient finir par s’écrouler. Ils ont parié à la baisse, parfois en prévenant que le système allait dans le mur, parfois en restant silencieux. Ils ont gagné des centaines de millions, mais n’avaient pas prévu que tout le système risquait de s’écrouler dans cette économie casino, complètement déconnectée de l’économie productive.

Ce que ce livre explique, c’est comment les courtiers ont gagné beaucoup d’argent en jouant avec les dettes des classes les plus défavorisées, ou des classes moyennes qui s’endettaient plus que de raisons dans des achats immobiliers en faisant le pari que les prix continueraient à grimper. Même les cartes de crédit étaient hypothéquées sur des biens immobiliers dont la valeur était supposée ne jamais baisser.

Le système était simple : une offre de prêt à un taux d’appel très bas, révisable au bout de deux ans. Et quand le taux remontait, que le prêt ne pouvait plus être remboursé : amendes sur le découvert, nouveau dossier pour refinancer le prêt, nouvelles commissions pour les banques, nouvel endettement augmentant le risque d’une impossibilité de rembourser, jusqu’à l’étranglement final. « Des outils financiers complexes étaient inventés dans le seul but de prêter de l’argent à des gens qui ne pourraient jamais rembourser ». Des milliers de maisons non payées se sont trouvées mises en vente, et les prix de l’immobilier ont baissé d’autant, et la valeur des prêts hypothécaires avec ! Et les obligations adossées sur ces prêts. Et les agences de notation prétendaient qu’il n’y avait aucun risque, ce qui a permis de vendre les obligations pourries aux pigeons,  jusqu’au Japon, en passant par l’Allemagne et la Suisse, entre autres !

Les obligations créées en se basant sur des prêts impossibles à rembourser ne se sont dégradées qu’après les saisies et les ventes forcées, à perte.

Et quand la pyramide s’est écroulée les contribuables ont été obligés de racheter directement aux banques tous ces prêts pourris, pour 1 000 milliards de mauvais investissements (estimation du FMI),  ce qui a permis au système de redémarrer : les institutions financières américaines ont versé en 2010 plus de 100 milliards d’euros de bonus à leurs dirigeants et autres « traders »…

« Pas une seule fois au cours de toutes ces années, je n’ai rencontré une personne dans une grande banque de Wall Street qui avait une crise de conscience ».

« Les banques qui méprisaient  le besoin de régulation insistaient pour être secourues par le gouvernement. Le succès est un accomplissement social, l’échec est un problème social… »

Certains passages sont parfois un peu compliqués à comprendre quand on ne connaît rien à la bourse, mais l’auteur explique : au début c’est volontairement que l’on a fait compliqué pour que l’investisseur de base ne comprenne pas, mais à la fin, même les dirigeants des banques de Wall Street ne comprenaient plus rien à ce qui se passait ! Ce qui ne les a pas empêcher d’empocher personnellement des centaines de millions, et de se poser en donneurs de leçons, alors qu’ils avaient été incapables de prévoir la crise.

08:14 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie

21/01/2009

Contribuer à faire face à la récession

FACE Á LA RÉCESSION, L'EUROPE DOIT CONTRIBUER DAVANTAGE À LA CROISSANCE

 

L'UE doit prendre de nouvelles initiatives pour soutenir la croissance européenne et l'emploi au moment où l'Europe s'enfonce dans la récession.

 

Les dernières prévisions de croissance de la Commission européenne sont alarmantes et confirment que la conjoncture continue de se dégrader. L'Europe sera en récession en 2009 voire en 2010 avec les conséquences dramatiques qui vont se poser pour l'emploi.

 

Le plan de relance de 200 milliards d'euros proposé l'année dernière par la Commission européenne n'est visiblement pas à la hauteur des défis. La contribution de l'Europe - 30 milliards d'euros soit l'équivalent de 0,2% du PIB - paraît encore plus dérisoire aujourd'hui. Les Etats membres devraient accepter une réallocation des 5 milliards d’euros du budget communautaire non dépensés.

 

La capacité d’emprunt des Etats doit être mutualisée.

 

Plusieurs Etats membres viennent d'annoncer de nouvelles mesures. Dans ce contexte, l'Europe a sa partition à jouer mais elle doit se montrer plus ambitieuse et plus audacieuse.

 

L'effort de relance ne doit pas peser uniquement sur les Etats membres et il faut tenir compte de leur capacité d'emprunt.

 

Il faut d'urgence renforcer le budget européen afin notamment de garantir la cohésion territoriale et sociale de l'UE. En particulier, l'UE doit sérieusement envisager la possibilité pour les Etats membres d'émettre des euro-obligations pour financer de grands projets européens par exemple.

 

La coordination de ces mesures nationales au niveau européen est cruciale pour permettre un effet multiplicateur sur la croissance européenne.

 

Tout doit être fait au niveau européen pour permettre à ceux qui risquent de perdre leur emploi de retrouver du travail et pour aider les plus vulnérables à faire face à la crise.

 

Les moyens sont là, il faut les utiliser, en vue d'un pacte européen pour l'emploi.

08:00 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, économie

14/06/2008

Les pirates du capitalisme

Les pirates du capitalisme

Comment les fonds d'investissement bousculent les marchés

 Solveig Godeluck et Philippe Escande

 Editions Albin Michel

 Un livre essentiel pour comprendre le capitalisme de ce début du XXIe siècle !

 Il décrit "un monde où l ' argent circule bien plus et bien plus vite que les hommes, où l ' économie toute entière baigne dans la finance." Si les "fonds" ont en commun de transformer le capitalisme financier mondialisé, et d'être géré par des gens qui gagnent beaucoup d'argent en spéculant avec l'argent des autres,  les auteurs nous expliquent qu'il ne faut pas confondre :

 - les "hedge funds", spéculatifs, littéralement "fonds de couverture",  qui gèrent environ 2.000 milliards de $ achètent et revendent le plus rapidement possible des actions en bourse, repartant aussi soudainement qu'ils sont venus (rarement plus d'un an). "S'ils sont les premiers à anticiper, ils empocheront une belle plus-value". Ils servent souvent de "poissons pilotes" mais ne font pas appel à l'épargne public. Si vous êtes tenté(e) le ticket d'entrée est à 5 millions d'euros.

 - les fonds de pensions qui prennent des participations tranquilles et minoritaires dans des entreprises cotées en Bourse, pour payer les retraites par capitalisation. Leur poids actuel est estimé à 20.000 milliards  de $ (Donc 10 fois plus que les "hedge funds"). Ils "ont un travers : ils ne font rien pour éviter qu'une de leurs participations fonce dans le décor. Ils se contentent de déserter lorsqu'ils flairent un danger." Pour faire face aux retraites massives du "papy boom", ils leur arrivent de faire quelques placements dans les fonds spéculatifs.

 - les fonds "souverains", afflux de liquidités en provenance des pays fortement exportateurs comme la Chine et les monarchies pétrolières. Ils sont estimés à plus de 3.000 milliards de $ et devraient atteindre 12.000 $ d ' ici 2015.

- les fonds d'investissements, objets principaux de ce livre. En France,  ils possèdent des entreprises qui, au total, emploient un million et demi de salarié(e)s et qui profitaient du crédit abondant et bon marché, d'autant plus que les intérêts d'emprunt sont déductibles de l'impôt sur les sociétés. Le marché du crédit privé,  aux USA + Union européenne,  frôle les 30.000 milliards de $, soit plus que le total des actions en bourses (et plus que les fonds de pensions). La spécialité de ces immenses tirelires n'est pas le placement en Bourse (pas de comptes à rendre !) mais l'achat d'entreprises, la plus value se réalisant quelques années plus tard, à la revente, souvent en doublant ou en triplant la mise, après leur avoir fait subir un "traitement" plus ou moins profond. Dans  plus de la moitié des cas ils achètent une entreprise cotée en Bourse...et la retire de la cotation. Bien entendu, les salariés, premières victimes des "dégraissages" (en clair des diminutions d'effectifs), et de la remise en cause des "avantages acquis", ne touchent rien de ces plus values (80% pour les investisseurs, 20% pour les gérants). Les cadres sont fortement invités à entrer dans le capital, quitte à s'endetter, ou à hypothéquer leur maison, comme gage de leur motivation. "Cette complicité est la pierre angulaire du montage". Et ces managers / propriétaires sont plus exigeants avec les salariés. En France, troisième pays d'accueil au monde de ces fonds, les sommes investies ont été multipliées par 10 en 10 ans : 5.000  entreprises, ¼ des sociétés de plus de 250 salariés, de Picard à Dim, de Materne à Yoplait, pour un chiffre d'affaires cumulé supérieur au CAC 40.

- les "private equity", sont des fonds d ' investissements, qui n ' ont rien d ' équitable. "Private" signifie "hors la Bourse" : ils veulent maîtriser la majorité du capital pour mener la stratégie qu ' ils entendent être la plus profitable, pour avoir une rentabilité meilleure qu ' un placement en Bourse. Ils "mobilisent" plus de 500 milliards chaque année, y compris des emprunts qu ' il faut rembourser ! La rentabilité du placement est généralement supérieure à 30% par an, contre 10 à 15% pour les placements en Bourse. Et les plus-values en capital ne sont généralement imposées qu ' entre 10 et 20% (alors que les impôts sur les salaires peuvent atteindre 45% : mieux vaut avoir des "stock options" !)

 Extraits :

 "L'éventail des salaires a été multiplié par cent. La création de valeur pour l'actionnaire a fait de l'ombre à la cohésion sociale dans l'entreprise."

 "Les 20 premiers gérants de fonds gagnent plus de 22.000 fois le salaire moyen d'un salarié américain.

 "Mondialisation + fonds + nouveaux outils spéculatifs = explosif !"

 "Le temps moyen de détention d'action d'une entreprise par des investisseurs institutionnels est passé en quelques années de sept ans à sept mois."

 "Ce qui change l ' économie et qui change le monde en ce début de millénaire, ce ne sont pas les fonds, mais l ' insondable océan de la dette" (30.000 milliards de dette privée pour les USA et l ' Europe).

 "La dictature de l ' actionnaire manque aujourd ' hui singulièrement de contre-pouvoirs.

Citations

"Les affaires ? C'est bien simple, c'est l'argent des autres !" Alexandre Dumas fils

 "La société postindustrielle a détruit les systèmes de protection sociale passés et n ' a pas encore trouvé ceux qui seraient adéquats". Daniel Cohen

 J ' ai eu le plaisir de faire la connaissance de Solveig Godeluck, il y a un peu plus de 10 ans. Elle était alors étudiante à l ' école de journalisme de Lille. Dans le cadre d ' un exercice de l ' école, dans le style "dernière page de Libération",   elle avait fait le portrait du Secrétaire Général du Parti Socialiste Européen que j ' étais alors. Elle m ' avait gentiment qualifié de "cacochyme". Comme elle avait du talent et que je voulais prouver que je n ' étais pas rancunier, je lui ai fait écrire les brochures racontant deux Congrès du PSE.

 

Aujourd ' hui, elle est journaliste au quotidien économique "Les Echos". Elle avait déjà écrit, de belle façon,   trois livres des plus intéressants : "Entre gens de bonnes compagnies" (Comment les maîtres de la Bourse trompent les actionnaires) ; "La Géopolitique d ' Internet" et "Le boom de la netéconomie".

08:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : capitalisme, économie, fonds