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15/04/2007

Mitterrand, Chirac, Royal...

Histoires françaises

 

Edith Cresson

 

Editions du Rocher

 

 

C'est quand elle parle d'elle, et en particulier de sa vie privée,  qu'elle est la plus touchante : sa rencontre avec son mari, et le décès de celui-ci,  à la fin du livre ("c'est une partie de nous qui s'en va avec celui que nous aimons, là où le temps s'est arrêté"), son implantation à Châtellerault, la façon ignoble dont elle a été traitée par les machistes d'abord au ministère de l'agriculture puis lors de son passage à Matignon (que l'on se souvienne du "Bêbêtes show"), les attaques subies à la Commission européenne (la justice belge et la justice européenne l'ont "blanchie" deux fois, mais on se souvient surtout  des accusations,   puisqu'il n'y aurait pas "de fumée sans feu"...).

 

Oui cette femme politique, ayant exercée de hautes responsabilités, a de quoi être blessée.

 

 

Mais elle balance quelques vacheries qui ne sont pas tristes non plus. Elle n'a pas peur d'enfreindre les règles, en particulier celle qui veut que l'on n'attaque pas Bérégovoy, à cause de sa fin dramatique. Manifestement elle ne lui a toujours pas pardonné d'avoir tout fait pour la remplacer. Elle pensait probablement à lui en dénonçant "l'excès d'ambition à court terme qui parfois habite la classe politique  jusqu'à sacrifier l'intérêt collectif".

 

 

Elle voue à François Mitterrand l'admiration qu'il mérite et le cite volontiers : "on vaut par ce qu'on fait", "il ne suffit pas de partager le même objectif pour s'entendre".

 

 

J'ai fait la connaissance d'Edith Cresson quand je suis arrivé au Parlement européen. Elle était à la commission de l'agriculture. Je n'ai donc pas été surpris de lui voir confier ce portefeuille ministériel. Elle dénonce aujourd'hui les effets pervers de la Politique Agricole Commune et constate que le système en vigueur profite surtout aux gros exploitants. Elle préconise, à la suite d'Edgar Pisani, un système de subventions dégressif et l'intensification de la recherche pour l'utilisation des produits agricoles à des fins non alimentaires.

 

 

Je l'ai retrouvée quand elle a été nommée membre de la Commission européenne, et je dois dire qu'elle a été fidèle à toutes les réunions que j'ai organisées, au nom du Parti Socialiste Européen,  pour rassembler les ministres socialistes chargés, comme elle, de l'éducation et de la recherche, le troisième budget de l'Union européenne. Elle cite, à juste titre, mon ami Gérard Onesta, vice-président (Vert) du Parlement européen : "le drame de la politique au niveau européen, c'est qu'elle n'intéresse les médias qu'à condition de provoquer des esclandres".

 

 

Sa vision de l'Europe n'en ai que plus pessimiste : "la dimension européenne, mal expliquée, rendue confuse par des décisions qui paraissent arbitraires, contribue à susciter non pas l'espoir mais la méfiance", et elle cite le philosophe Paul Ricœur : "aucun système institutionnel ne survit sans une volonté de vivre ensemble. Lorsque ce vouloir s'effondre, toute l'organisation politique se défait très vite". 

15:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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