03/01/2009
La lamentation du prépuce
La lamentation du prépuce
Shalom Auslander
Editions Belfond
Il est bien connu que seuls les Juifs ont le droit de se moquer des Juifs.
Les blagues juives les plus drôles se racontent à Tel-Aviv…et dans les synagogues.
Complètement iconoclaste, Shalom Auslander, raconte les mémoires d’un jeune Juif new-yorkais, élevé dans une famille religieuse orthodoxe. Mais il se plaît à transgresser les interdits (essentiellement nourriture non casher et masturbation, sans parler des vols à l’étalage les jours de Shabbat), en s’attendant aux représailles d’un Dieu essentiellement colérique et vengeur, qui voit tout et qui punit.
« Le monde est gouverné par un Cinglé dont le seul but est de les fliquer, et d’attendre que l’on enfreigne une de Ses Lois. »
« La Torah dit que jusqu’à ses 13 ans accomplis, tous les péchés d’un fils retombent sur la tête de son père » ; pour les filles, l’auteur ne dit rien…
« Il n’y a pas une seule fête juive où il ne soit pas question de quelqu’un qui nous a tués, ou de quelqu’un qui a essayé de nous tuer, ou de la nécessité de prier Dieu pour qu’Il ne nous tue pas Lui-même ».
« Je me demande si nous ne sommes pas affligés d’une sorte de syndrome de Stockholm métaphysique. Maintenus en captivité par cet Homme depuis des milliers d’années, nous continuons à Le louer, à Le défendre, à Lui trouver des excuses. »
« Les sages nous disent que la Torah nous dit que Dieu nous met à l’épreuve chaque jour, à tout instant. Parfois, c’est sous la forme d’une tranche de pizza non cachère. »
Les moqueries contre l’intégrisme religieux ne s’appliquent pas à la seule religion juive. « La tradition, n’est-ce pas une autre manière d’appeler l’inertie intellectuelle induite par la religion ? Cet aveuglement qui entraîne certains croyants vers des extrêmes qu’ils n’auraient même pas envisagés, s’ils s’étaient arrêtés une minute pour réfléchir ».
Le sort du prépuce de son fils est l’occasion de la recherche d’un équilibre (impossible ?) entre besoin de racines et désir d’émancipation.
Un livre drôle et qui fait réfléchir : Maazel Tov, et « paix à toi, l’étranger ».
Autres extraits :
« Les hommes font des projets, et Dieu rit »
« Une éjaculation contient environ cinquante millions de spermatozoïdes. A peu près neuf holocaustes à chaque branlette »
« Pour le peuple du Livre, les mots, qui sont la matière première des bouquins, ont du poids »
« Quel effet cela devait faire d’être un créateur dans un univers qui s’agenouillait devant les pinailleurs et les virtuoses de la poignée de main ? »
« Je hantais les fast-foods ouverts toute la nuit, cherchant le réconfort dans d’absurdes orgies de calories sans amour ni valeur diététique »
« Pour un New-Yorkais comme moi, il était fascinant de rencontrer quelqu’un qui s’intéressait à autre chose qu’à l’argent ».
« Je me suis enveloppé dans la chaude et rassurante couverture de la foi inconditionnelle. C’était bon, agréable, rassurant ».
« Je me disais que j’allais l’aimer et lui mentir jusqu’à la fin de ma vie ».
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, religions
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