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03/10/2021

Histoire de Thomas Müntzer

La guerre des pauvres

Eric Vuillard

Actes Sud

 

"C'est une réaction à la corruption de l'Eglise, à l'irrationalité de la doctrine et des sacrements. Car ils lisent autre chose qu'Augustin et Thomas d'Aquin. Ils lisent Erasme et Jan Hus."

"La grande querelle était de prôner un baptême volontaire et conscient."

"Les lollards propagent des idées saugrenues sur la sainte pauvreté, soupe égalitariste."

"Cette relation directe avec Dieu, sans l'intermédiaire des prêtres, sans la dîme, sans tout le train de vie des cardinaux."

"A l'époque trois papes revendiquent le trône de Pierre."

"La négociation est une technique de combat."

 

Ce petit livre est un récit historique, comme le formidable "Ordre du jour", Goncourt 2017.

 

08:43 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, religions

02/01/2011

Crise de foi

Crise de foi

Sophia Aram

Théâtre Trévise

 

Ce n’est pas à Dieu qu’elle en veut, puisqu’il lui a donné un clitoris, mais à tous ceux qui, en Son Nom,  ont multiplié les interdits, en particulier dans le domaine de la sexualité.

Elle égratigne au passage les créationnistes persuadés que Dieu a créé le monde, tel qu’il est,  en 7 jours, repos compris,  et toutes les métaphores qui se trouvent dans les textes sacrés.

Les trois religions révélées par le Livre sont traitées à égalité, chacune avec ses incohérences et ses hypocrisies.

C’est un spectacle d’humour intelligent.

Avec un peu de chance la jeune Sophia ne sera ni excommuniée, ni victime d’une « fatwa » !

 

06/01/2009

les lobbies religieux et l'Union européeenne

Le cheval de Troie

Sectes et lobbies religieux à l’assaut de l’Europe

Marcel Conradt

Editions du Grand Orient de Belgique

 

Les « lobbies » (groupes de pression, ou d’influence) sont nombreux autour des institutions européennes. L’Europe étant d’abord économique (« le marché commun », devenu « unique »), ces lobbies sont d’abord économiques, mais il en est également de « spirituels », à commencer par les Eglises, et parmi celles-ci la plus puissante en Europe, celle qui profite de son statut non pas d’Eglise, mais d’Etat.

Chacun sait que la démocratie chrétienne a joué, plus que la famille socialiste, un rôle moteur dans la construction européenne. Elle a été le relais des Eglises pour tenter de faire inscrire dans le préambule du projet de Traité constitutionnel « les racines » chrétiennes de l’Europe, comme si certains Droits fondamentaux n’avaient pas été arrachés, contre certaines Eglises. La Conférence épiscopale n’a-t-elle pas contesté l’angle,  jugé trop « individualiste » de la Charte des Droits fondamentaux ?

Le principe de « subsidiarité » vient directement de l’Eglise. On sait moins que le drapeau européen, douze étoiles sur fond bleu, est directement inspiré de l’étendard de la Vierge Marie.

Il n’est pas surprenant que le Pape souhaite que l’influence chrétienne perdure : « Il est nécessaire que des chrétiens convenablement formés et compétents, soient présents dans les diverses instances et institutions européennes (Jean-Paul II en 2003).

L’Union européenne reste une union de nations souveraines, et rien ne peut empêcher les Pays-Bas d’inscrire « Dieu est avec nous » sur sa pièce de deux euros. Le livre fait un rapide tour d’horizon de l’état des relations entre l’Etat et les Eglises dans chacun des 27 pays membres.

Il faut également garder à l’esprit que l’Union européenne n’a aucune « compétence » en matière religieuse, ni en matière de laïcité. Il n’appartient donc pas à l’Union européenne de déterminer si la religion relève du domaine strictement privé, ou s’il est possible de la manifester en public, par des signes « ostentatoires ». Il est clair que les Eglises, en particulier l’Eglise catholique, jouent un rôle actif d’’influence, à la Commission, au Parlement européen et au Conseil, chaque fois qu’il est question de contraception, d’avortement, du droit de mourir dans la dignité, de génétique etc.

Au début des années 90, en l’absence de toute base juridique, mais sous l’impulsion de Jacques Delors, la Commission européenne a commencé à développer ses relations avec les Eglises. Mais ce dialogue, prévu pour avoir lieu également avec « les communautés de conviction » ne pose problème, à mon sens, que depuis que l’actuel Président de la Commission européenne, Mr Baroso, ex maoïste reconverti démocrate chrétien, oublie systématiquement d’inviter les associations non confessionnelles. Ce qui peut également nous poser problème, à nous Français, c’est que des « Eglises » que nous qualifions de « sectes » soient présentes dans ce dialogue avec les institutions européennes, à partir du moment où elles sont reconnues par 1 pays membre (Raël, par exemple).

 « Unis dans la diversité » est le principe de base de l’Union européenne. Ces diversités ne doivent-elles pas être sur un pied d’égalité, en toute liberté de religion, mais aussi à l’égard des religions ?

Se placer du point de vue de l’humanité plutôt que de Dieu suppose des valeurs et une spiritualité qui peut valoir celles des croyants.

03/01/2009

La lamentation du prépuce

La lamentation du prépuce

Shalom Auslander

 

Editions Belfond

 

Il est bien connu que seuls les Juifs ont le droit de se moquer des Juifs.

Les blagues juives les plus drôles se racontent à Tel-Aviv…et dans les synagogues.

 

Complètement iconoclaste, Shalom Auslander, raconte les mémoires d’un jeune Juif new-yorkais, élevé dans une famille religieuse orthodoxe. Mais il se plaît à transgresser les interdits (essentiellement nourriture non casher et masturbation, sans parler des vols à l’étalage les jours de Shabbat), en s’attendant aux représailles d’un Dieu essentiellement colérique et vengeur, qui voit tout et qui punit.

« Le monde est gouverné par un Cinglé dont le seul but est de les fliquer, et d’attendre que l’on enfreigne une de Ses Lois. »

 « La Torah dit que jusqu’à ses 13 ans accomplis, tous les péchés d’un fils retombent sur la tête de son père » ; pour les filles, l’auteur ne dit rien…

« Il n’y a pas une seule fête juive où il ne soit pas question de quelqu’un qui nous a tués, ou de quelqu’un qui a essayé de nous tuer, ou de la nécessité de prier Dieu pour qu’Il ne nous tue pas Lui-même ».

 « Je me demande si nous ne sommes pas affligés d’une sorte de syndrome de Stockholm métaphysique. Maintenus en captivité par cet Homme depuis des milliers d’années, nous continuons à Le louer, à Le défendre, à Lui trouver des excuses. » 

« Les sages nous disent que la Torah nous dit que Dieu nous met à l’épreuve chaque jour, à tout instant. Parfois, c’est sous la forme d’une tranche de pizza non cachère. »

 

Les moqueries contre l’intégrisme religieux ne s’appliquent pas à la seule religion juive. « La tradition, n’est-ce pas une autre manière d’appeler l’inertie intellectuelle induite par la religion ? Cet aveuglement qui entraîne certains croyants vers des extrêmes qu’ils n’auraient même pas envisagés, s’ils s’étaient arrêtés une minute pour réfléchir ».

 

Le sort du prépuce de son fils est l’occasion de la recherche d’un équilibre (impossible ?) entre besoin de racines et désir d’émancipation.

Un livre drôle et qui fait réfléchir : Maazel Tov, et « paix à toi, l’étranger ».

 

Autres extraits :

« Les hommes font des projets, et Dieu rit »

« Une éjaculation contient environ cinquante millions de spermatozoïdes. A peu près neuf holocaustes à chaque branlette »

« Pour le peuple du Livre, les mots, qui sont la matière première des bouquins, ont du poids »

« Quel effet cela devait faire d’être un créateur dans un univers qui s’agenouillait devant les pinailleurs et les virtuoses de la poignée de main ? »

« Je hantais les fast-foods ouverts toute la nuit, cherchant le réconfort dans d’absurdes orgies de calories sans amour ni valeur diététique »

« Pour un New-Yorkais comme moi, il était fascinant de rencontrer quelqu’un qui s’intéressait à autre chose qu’à l’argent ».

« Je me suis enveloppé dans la chaude et rassurante couverture de la foi inconditionnelle. C’était bon, agréable, rassurant ».

« Je me disais que j’allais l’aimer et lui mentir jusqu’à la fin de ma vie ».

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, religions

18/06/2008

Créationisme

Les dangers du créationnisme Même sans être un grand lecteur de la Bible, tout le monde a entendu parler de la "Genèse", la création du monde en six jours, avec repos le septième. Mais il est admis aujourd'hui :
  • que le monde a un peu plus de 4 milliards d'années.
  • que la vie est apparue sur terre, il y a un peu plus de 2 milliards d'années.
  • que l'homo sapiens n'existe que depuis 100 à 200.00 ans et n'est donc qu'un des maillons de la chaîne de l'évolution, qu'il n'est pas apparu de façon spontanée, mais à la suite d'une évolution.
Les théologiens les plus intelligents ont très vite expliqué qu'il ne fallait pas prendre la Bible au pied de la lettre, mais de façon allégorique. Rien n'empêche de croire que ce monde a été créé par "un Grand Architecte". Les créationnistes considèrent que le monde a été créé par une "intelligence supérieure" et ils sont gênés par le fait que ce monde puisse évoluer en échappant à son créateur. Ils nient donc l'évolution, surtout la "spéciation" (quand une espèce se sépare en deux) ou les mutations génétiques aléatoires (si elles sont présentées comme aléatoires, c'est qu'elles n'auraient pas été voulues par une intelligence supérieure). Pourquoi l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, qui n'est ni un institut scientifique, ni un institut de théologie, s'est-elle penchée sur la question ? - Parce que le Conseil de l'Europe a des compétences en matière d'enseignement ; - Parce que les créationnistes font de l'enseignement leur cible première. Ce rapport, confié à l'ancien ministre Guy Lengagne, professeur de mathématiques à l'université et qui donc connait la rigueur scientifique,  serait probablement passé aussi inaperçu que tous les autres rapports de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, si un député démocrate-chrétien flamand, Président du groupe PPE dans cette Assemblée, n'avait pas eu l'idée, brillante, mais à très courte vue,  de demander et d'obtenir le renvoi en commission du rapport... qui venait d'y être adopté à l'unanimité moins une voix.

 

Que dit le rapport : Il faut distinguer la science, qui cherche le "comment?" et qui soumet les théories à vérifications  et les philosophies et les croyances qui s'intéressent au "pourquoi ?". C'est pour cette raison que l'enseignement scientifique ne peut pas être mis sur le même plan que l'enseignement de la théologie et de l'Histoire des religions. Il faut éviter la confusion dans les esprits entre ce qui est soumis à la vérification scientifique et les croyances,  religieuses ou autres. D'autant plus que les créationnistes, faute d'apporter des réponses scientifiques à l'apparition et à la disparition d'espèces,  cherchent à mimer la science et à semer le doute sur l'évolutionnisme : 38% des Américains se sont prononcés, par sondage, pour l'abandon de l'enseignement de l'évolution.

Mais ce n'est pas un problème spécifiquement américain.

75% des lycéens turcs ne croient pas à l'évolution. En 2004 la ministre de l'éducation de Berlusconi voulait faire retirer des manuels scolaires tout ce qui parlait de la théorie de l'évolution. Elle n'a été obligée de renoncer que face aux réactions des scientifiques. La même année, la ministre serbe de l'éducation a ordonné aux écoles d'abandonner l'enseignement de la théorie de l'évolution. En 2006, le ministre polonais de l'éducation, appartenant à "la Ligue des familles",  a déclaré "la théorie de l'évolution est un mensonge et il ne faut pas enseigner les mensonges".   L'étude de l'évolution des espèces est une science essentielle pour comprendre l'univers et la vie sur terre, pour comprendre les mutations des maladies infectieuses face aux antibiotiques, les mutations des virus comme le SIDA, ou la grippe dont il faut modifier le vaccin chaque année,  les mutations des insectes face aux pesticides, l'importance de l'ADN. Elle doit figurer de façon centrale dans les programmes généraux et au cœur des programmes scientifiques. Que serait la biologie sans la théorie de l'évolution ?  Le créationnisme, qui nie ces évolutions, est anti-scientifique. Il ne peut donc pas être présenté comme une discipline scientifique et ne peut donc pas prétendre a être enseignée comme une science. Il faut empêcher que la croyance ne s'oppose à la science, comme elle l'a trop souvent fait, au moins depuis le Moyen-âge. Pour conclure, je cite le rapport : " les thèses créationnistes, par la négation de faits pourtant scientifiquement avérés, participent non pas à la transformation des sociétés mais à son archaïsation". Mais nous savons bien que dans le domaine politique également, certains participent non pas à la transformation des sociétés mais à son archaïsation !

07:54 Publié dans billet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religions, sciences