03/09/2009
Les espions du Vatican
Les espions du Vatican
Espionnage et intrigues de Napoléon à la Shoah
David Alvarez
Editions du Nouveau monde
Le titre, et le sous-titre sont aguichants à souhait, mais frisent l'arnaque.
1) Le titre américain parle des espions "in" Vatican, à l'intérieur de celui-ci, et l'auteur explique que le Vatican, à partir de la perte des Etats pontificaux (le seul service d'espionnage qu'a eu le Pape était pour surveiller les patriotes italiens au sein de ses Etats, au XIXe siècle), a bien été incapable d'avoir un service de renseignements. Le Vatican n'aurait même pas été capable d'organiser un "contre-espionnage" pour sécuriser ses informations et ses communications. En particulier à l'égard des services d'espionnage italiens, très infiltrés, et interceptant toutes les communications vaticanes, même codées. "Le Saint-Siège était une cible facile pour les services de renseignements étrangers : ses procédures de sécurité étaient minimales, ses canaux de communications vulnérables".
Sa seule protection est sa tradition de discrétion, "une culture administrative qui insistait sur la prudence, le secret, l'obéissance et la loyauté".
Les nonces apostoliques et autres éminences étaient des religieux qui n'ont jamais été formés à recueillir des renseignements autres que religieux.
2) Il s'agit d'un très sérieux ouvrage universitaire, avec de nombreuses redites, probablement pédagogiques, publié à l'origine par l'université du Kansas. A l'image de l'historien américain Robert Paxton, qui a bousculé la vision de l'Histoire de la France de Vichy, grâce à son regard distancié et plus objectif que les historiens français, David Alarez a fait un vrai travail d'historien, prisonnier d'aucun "cliché", ni d'aucune idée toute faite.
Mais cela ne se lit pas comme un roman...
"Le Vatican ne chercha pas à mobiliser ses ressources ecclésiastiques pour recueillir des renseignements militaires ou politiques"
"Aucun service n'a jamais été chargé de rassembler et d'analyser systématiquement les informations qui arrivaient". "Le Vatican était un récipiendaire passif des informations"
"La plupart des opérations de renseignements étaient dirigées contre les menaces internes à l'orthodoxie catholique"
"Tout le monde dit toujours que le service diplomatique du Saint-Siège est le meilleur du monde. Si le nôtre est le premier, je voudrais bien voir les seconds" Domenico Tardino, Secrétaire d'Etat adjoint du Vatican
"Le Vatican a eu très tôt connaissance de l'existence de la "solution finale". Dès l'automne 1941, le nombre de gouvernements informés sur la question ne cessa de croître". "Indubitablement le Vatican possédait des renseignements sur la solution finale."
"L'espionnage, qui allait influencer de manière spectaculaire la conduite de la guerre et de la diplomatie, échappa complètement au Vatican."
08:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
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