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16/07/2011

les figuiers d'Algérie

Les figuiers de Barbarie

 

Rachid Boudjedra

 

Editions Grasset

 

 

Je ne suis pas un inconditionnel de Boudjedra, mais j'ai une faiblesse pour lui, que j'ai connu alors que j'étais lycéen, en classe terminale, dans une petite ville de grande banlieue,  et lui jeune maître auxiliaire nous enseignant, plus ou moins, la philosophie.

 

J'ai encore en mémoire ses premières paroles devant notre classe : "la philosophie, c'est lire Camus sur la plage d'Alger".

J'ai lu Camus, je suis allé à Alger, beaucoup plus tard, et pas sur la plage, et j'ai du mal avec les livres de philosophie.

A la fin de l'année scolaire, à partir mai, nous n'avons plus vu notre professeur de philosophie. Il faut dire que nous étions en 68...

Quelques mois plus tard j'ai compris ce qui le préoccupait le plus pendant toute cette période, et dont il ne nous avait jamais parlé : "La répudiation", son premier livre qui connaîtra un succès immédiat.

 

Si je compte bien, "Les figuiers de Barbarie" est son 26ème livre.

J'avoue ne pas les avoir tous lus.

Celui qui m'a le plus marqué, à part "La répudiation" est "Topographie idéale pour une agression caractérisée" qui raconte l'errance d'un immigré algérien,  qui ne sait pas lire, dans le métro parisien. J'y ai repensé dans le métro de Moscou, incapable de lire l'alphabet cyrillique.

A noter également ses prises de position courageuses contre les islamistes du FIS, à une époque où ils étaient encore très puissants.

 

 

Deux amis d'enfance se retrouvent côte à côte dans un avion. Bon prétexte pour remuer les souvenirs de la guerre d'indépendance, avec "des héros lamentables et indécis",  mais aussi la colonisation ("Le colonialisme est une maladie chronique. Elle ne cesse jamais et on en guérit jamais"), mais aussi le "ratage de l'Indépendance, de la corruption généralisée, et de la lutte de clans, pouvoir véreux, enrichi, arrogant, et finalement idiot." "Un cycle de violences qui ne s'est pas encore terminé à ce jour".

 

"Les figuiers de Barbarie symbolisaient les sentinelles qui veillaient depuis toujours sur le pays".

"Figuier était le mot raciste qu'on utilisait à l'époque pour désigner les Algériens. Pour nous,  les figuiers étaient devenus le symbole de la résistance".

 

"On ne voit jamais l'Histoire se faire, c'est comme l'herbe qu'on ne voit pas pousser"

"L'Histoire n'oublie jamais, elle fait juste semblant"

 

"Bugeaud sévit d'une façon atroce contre le pays envahi, en tuant le quart de la population en l'espace de quinze ans."

"Bugeaud, avant de massacrer en les enfumant des milliers d'Algériens, a été un véritable boucher en France même, lors de l'insurrection de Paris, en avril 1834"

"1846 : Le respect des règles humanitaires fera que la guerre risque de se prolonger"

"Marseille, où on fabriquait pendant l'époque coloniale, qui a duré cent trente ans, du savon avec les ossements d'Algériens qu'on pillait dans les cimetières".

"Pendant la période de Vichy, les pieds-noirs pétainistes avaient organisé de véritables pogromes contre les israélites algériens."

 

"45.000 morts en une semaine. Cela a commencé le 8 mai 1945".

"La guerre c'était l'enfer arrosé de sang et de vomi".

"Devenus des harkis sanguinaires, ils n'avaient pas compris le sens de cette tornade soudaine qu'était la guerre. Ni le sens de l'Histoire".

 

 

"Toutes les révolutions aboutissent au ratage, mais il faut les faire quand même".

"Toutes les saloperies commises par l'Organisation contre les maquis communistes qui avaient été créés à sa demande"

"Comment cette Organisation formidable, qui avait mis à genoux l'armée française, avait-elle pu commettre des crimes terribles ?" "La lutte pour le pouvoir et la passion de l'argent en étaient la cause"

"Ces anciens résistants devenus les pires exploiteurs, arrogants, ignares". "Nouveaux prédateurs qui allaient prendre le pays en otage"

 

 

"Epoustouflant, c'est à dire humain"

"Le propre de l'Homme ce n'est pas le rire, c'est la cruauté"

"L'orgueil est un bouclier"

 

"Dans les bars il y a l'odeur du peuple, l'odeur des pauvres"

 

"Il porte son idiotie comme un aveugle sa canne blanche"

 

08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

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