Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/05/2020

l'amour, des 70's à #metoo

Un homme qui passe

Dany et Denis Lapière

éditions Dupuis / Aire libre

 

En Bretagne, en pleine tempête, un photographe bourlingueur et suicidaire sauve une jeune femme sur un voilier en perdition. Poussé par celle-ci il raconte sa vie amoureuse sans attache et sans promesse, au fil de ses reportages photographiques. De quoi choquer une jeune femme de la génération #metoo qui le classe dans la catégorie des "prédateurs sexuels", même s'il n'a jamais violé ni même forcé aucune.

Dany est un dessinateur bien connu de la BD belge, et Denis Lapière un scénariste chevronné. Ensemble, ils ont réussi un bel album, plein de sensibilité, et de nostalgie pour notre génération.

 

17:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

25/05/2020

Tenter de comprendre la Birmanie

Aung San Suu Kyi,

Rohingya,

et extrémistes bouddhistes

Frédéric Debomy, Benoît Guillaume

massot éditions

 

Je suis de ceux qui avaient une photo de "la dame de Rangoon" affichée dans leur bureau. Celles et ceux qui entraient ne pouvaient pas ne pas la voir. Au fil des années j'ai écrit régulièrement, pour le compte du groupe socialiste du Parlement européen, des propositions de résolution pour défendre les droits de l'Homme en Birmanie. Je comprends ce que Aung San Suu Kyi a souffert, en prison ou assignée chez elle. J'ai rencontré son mari à Chicago, en marge d'une convention du parti démocrate. Je sais que l'armée veut garder la réalité du pouvoir, et donc l'étroitesse de la marge de manoeuvre du gouvernement, surtout sur la question des minorités.

D'où mon désarroi face au drame honteux des Rohingas.

Frédéric Debomy et Benoît Guillaume connaissent la Birmanie. Ils s'y sont rendus plusieurs fois et y ont de nombreux contacts, surtout parmi les défenseurs des droits de l'Homme. Ils montrent par leurs dessins. Des faits, peu de jugements, pour nous laisser nous faire notre propre idée.

Ils parlent des Rohingya, mais également d'autres minorités, comme les Karens, et les Chins très soutenus par le PPE, et les Américains, parce que majoritairement chrétiens (ça, c'est moi qui l'ajoute)

 

"Je me retrouve à écouter ceux qui m'expliquent que les droits de l'homme passent après l'intérêt national et que la démocratie n'est pas toujours la priorité."

"Les moines extrémistes ont aussi poussé au crime."

"Donner un peu de pouvoir à Aung San Suu Kyi a permis aux militaires d'obtenir ce qu'ils souhaitaient : le rétablissement de relations correctes de la Birmanie avec la partie du monde qui n'appréciait pas leur dictature."

"Il y a un réflexe de défense d'une fierté fragile : on se referme."

"On opprime le plus faible par crainte du plus fort."

"Quand la politique dérive vers les obsessions identitaires, il me semble que c'est très dangereux." "En Birmanie comme en France, quand il est question d'identité les problèmes sont à l'avenant. Je crains que l'esprit de tolérance ne mette encore du temps à s'affirmer."

"Il y a des politiciens irresponsables qui vont dans le sens des préjugés au lieu d'inciter à les dépasser. Ils pensent que de cette façon, ils deviendront populaires. C'est jouer avec le feu."

"La Birmanie a derrière elle des décennies de conflits qui s'expliquent par le refus de l'armée birmane de prendre en compte une demande des minorités : vivre dans un Etat fédéral et non dans un Etat centralisé, sous domination des Birmans bouddhistes."

Le livre ses termine par la situation des femmes :

"être une femme en Birmanie, c'est être confinée à un rôle d'éternelle mineure. Les jeunes femmes obéissent à leurs mères."

"Il suffit d'observer que le statut des nonnes n'est pas égal à celui des moines."

"La femme doit à l'homme déférence et respect."

"Au Parlement birman, il y a 10% de femmes."

 

18:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bd, birmanie

23/05/2020

Lublin 1938/1944

Au nom de l'enquête

Marcin Wronski

Actes noirs / Actes Sud

 

Lublin, au sud-est de Varsovie, sur la route vers l'Ukraine.

En 1938, une jeune femme est violée puis étranglée.De mystérieuses sécrétions maculent le corps de la victime. Le commissaire Zyga Maciejewski enquête. L'année suivante, même chose, alors que l'armée allemande envahit la Pologne. "Au nom de l'enquête", Zyga accepte d'être intégrée à la fameuse Kripo, la police criminelle allemande, bien connue des lecteurs de Philip Kerr. N'étant un "collabo" que pour des raisons de recherche d'un criminel, Zyga est recruté par la résistance, ce qui contrebalance son appartenance à la police allemande.

Zyga est obsédé par ces meurtres. D'autres identiques suivront. Pour Zyga, ils occultent les milliers de morts causés par les nazis, en particulier l'extermination du ghetto, et les morts du camp de concentration de Majdanck. Avec les nazis, le crime est dans l'ordre des choses.

En 1944, ce sont les troupes soviétiques qui bombardent Lublin puis s'installent dans la ville, ce qui n'empêchent pas Zyga de se concentrer sur la recherche de son tueur en série. Enfin avec succès.

 

 

17:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire

20/05/2020

Salomon, maître des djinns

Soliman le Magnifique

scénario : Clothilde Bruneau, Esteban Mathieu

historien : Julien Loiseau (maître de conférences en histoire de l'islam)

dessin : Cristi Pacurariu

couleurs : Andrea Meloni, Mad5 Factory

Le Monde / Glénat / Fayard

 

Il n'y a qu'un seul Dieu, il ne peut donc y avoir qu'un seul Empereur. Soliman n'a jamais reconnu Charles Quint comme empereur romano-germanique. Soliman a bénéficié de la faveur des armes, en particulier de l'artillerie la plus puissante de son temps, grâce aux innovations de ses artilleurs francs,   et donc de la main de Dieu.

A la tête d'un Empire allant de Buda à La Mecque ainsi que le Yémen, et de Tunis à Bagdad, il avait pour concurrents les Habsbourg, ainsi que le Shah d'Iran.

Il conduisit en personne dix expéditions en Europe et trois en Asie. Avec deux échecs : Vienne et Malte.

A la tête de ses troupes à plus de 70 ans, afin d'éviter d'être évincé par son fils le plus populaire au sein de l'armée, il n'a pas hésité à le faire exécuter, ainsi que les jeunes enfants de ce dernier.

Les Balkans ne cessèrent de former le coeur de l'Empire ottoman.

 

"Le canon de la loi doit toujours succéder au fracas des armes."

 

08:05 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire

18/05/2020

Une famille puissante, mais déchirée

L'Empire des Plantagenêt

1154 / 1224

Martin Aurell

éditions Perrin

 

 

De par son mariage avec Aliénor d'Aquitaine, Henri II Plantagenêt se trouve à la tête d'un "empire" qui va de l'Ecosse aux Pyrénées, de l'Irlande au Limousin. Mais pour ses fiefs continentaux Henri doit l'hommage au roi de France.

Pour tenter de contrôler ce vaste espace disparate, Henri II instaure une organisation bureaucratique en s'appuyant sur des clercs cultivés et des chevaliers lettrés. "La promotion par les études est monnaie courante." Le multiculturalisme implique le multilinguisme. Henri II ne maîtrise pas l'anglo-saxon, mais maîtrise le latin et fait preuve d'une vraie curiosité intellectuelle. Richard Coeur de Lion, comme une grande partie de la Cour,  pratique la poésie occitane.

"Le népotisme et le clientélisme sont alors les moyens les plus sûrs de promotion politique"

Le roi est condamné au nomatisme. C'est un perpétuel cavalier. En 34 années de règne, Henri II a traversé 28 fois la Manche. Il demeure plus souvent en Normandie qu'en Angleterre. Jean sans Terre restera reclus dans ses palais.

"Plantagenêt" ne deviendra un patronyme qu'au XVe siècle. "Plantagenêt" était le sobriquet de Geoffroy le bel, Comte d'Anjou, marié à Mathilde (petite fille de Guillaume le Conquérant), père d'Henri II. Sobriquet qui renvoie à son goût pour les bois et les forêts en raison de sa passion cynégétique.  "Le fondateur de la dynastie Pantagenêt apparait comme un jeune désargenté qui s'est fait un nom dans l'aristocratie par ses hauts faits d'armes et qui, en épousant une riche héritière, a trouvé la fortune nécessaire à son installation."

Henri II est obligé de reconnaître l'hérédité des fiefs de l'aristocratie. En échange il fait accepter le caractère héréditaire de la royauté.

L'aristocratie se révolte régulièrement, en particulier contre la lourde fiscalité imposée pour payer les mercenaires qui font les guerres. "A la fin du XIIe siècle, dans le milieu aristocratique, les armes sont souvent l'aboutissement naturel de tout conflit." "Les guerres sont toujours psychologiques : elles se gagnent autant dans l'imaginaire collectif que sur le champ de bataille." "Le mercenariat est à la guerre chevaleresque ce que la prostitution est à l'amour courtois" (Bertrand de Born)

Les succès de Philippe Auguste se multiplient jusqu'à la conquête de la Normandie, de l'Anjou et de la Touraine qui échappent à jamais au roi d'Angleterre.

"L'impopularité de Jean sans Terre parmi ses nobles est pour beaucoup dans la perte de la Normandie" Après la défaite de Bouvines, une révolte généralisée impose à Jean sans Terre, la "Grande Charte qui limite les pouvoirs royaux et pose les bases du parlementarisme anglais. "L'échec final de Jean sans Terre face aux Capétiens trouve sa cause principale dans la mésentente pathétique des Angevins". "L'harmonie est trop souvent l'exception dans les maisons princières".

 

Martin Aurell est professeur d'histoire du Moyen-âge à Poitiers, université réputée pour sa tradition de recherches sur les Plantagenêt.

 

08:32 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire