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20/10/2023

Otage (s)

L'enlèvement

Grégoire Kauffmann

éditions Flammarion

 

Grégoire Kauffmann est historien, enseignant à Sciences Po Paris. Il est le fils de Jean-Paul Kauffmann, journaliste, enlevé à Beyrouth en mai 85 par le Jihad islamique ("l'industrie du kidnapping était florissante"), et de Joëlle Kauffmann, gynécologue militante qui va se battre pendant trois ans pour la libération de son mari. Libération qui interviendra entre les deux tours de l'élection présidentielle de 88.

Grégoire était collégien à cette époque, âge difficile quand le père est absent et la mère toujours en voyages pour remuer ciel et terre, en France et au Moyen-Orient.

Comme nul ne l'ignore, le Jihad islamique est une création de l'Iran, financé par lui. C'est donc dans cette direction que les négociations, officielles et officieuses, s'orienteront.

"Derrière le Jihad islamique, le Hezbollah, derrière le Hezbollah, le pouvoir des mollahs iraniens, qui financent et pourvoient ces milices en armes, instructeurs, prédicateurs et supports de propagande."

Il y a deux camps : ceux qui, comme Roland Dumas, ministre de Affaires étrangères, considèrent que ces choses là se traitent dans la discrétion. Ou se diplomate iranien qui dit à Joëlle : "votre mari, c'était personne, on pouvait l'échanger contre un plat de lentilles. Maintenant, vous en avez fait un diamant et c'est plus cher." Et dans l'autre camp Joëlle K et ses amis qui pensent que "plus le prix est élevé, plus la marchandise est précieuse. Parler des otages, faire parler d'eux, c'est d'abord et surtout protéger leur vie."

J'ai été, très modestement, impliqué dans cette affaire quand Pierre Pflimlin, Dominique Baudis et Nicole Péry les reçoivent au Parlement européen le 24 octobre 1985". Dommage qu'il ne mentionne pas la résolution votée par le Parlement européen ce jour là...

Avec un ami archiviste, Grégoire a ressorti toutes les archives de cette époque conservées par sa mère.

Ce livre est un récit, tellement bien écrit qu'il peut être rangé dans la catégorie "littérature" et "histoire contemporaine"car il nous fait revivre ces années 80 que les gens de ma génération ont vécu intensément. Ambiance de l'époque + galerie de portraits de personnalités en vue dans ces années là, de gauche et de droite, et d'"extrême centre".

 

"au même moment, des émissaires de la droite chiraquienne négociaient en secret avec l'Iran pour surenchérir sur les offres du gouvernement socialiste. Laissez-nous gagner les élections avant de relâcher les otages, en échange de quoi vos conditions seront reconsidérées à la hausse. tel avait été en substance le marchandage qu'à la dernière minute ces mystérieux messagers de l'opposition avaient proposé aux commanditaires du Hezbollah."

 

07:45 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : otages

20/09/2012

l'industrie de l'enlèvement

AQMI

 

Al-Qaïda au Maghreb Islamique

 

L'industrie de l'enlèvement

 

Serge Daniel

 

Editions Fayard

 

 

Que devient Al-Qaïda depuis la mort de son fondateur Ben Laden ?

Sa "filiale franchisée" au Maghreb est des plus actives.

Ses ressources proviennent de "l'industrie de l'enlèvement", et de divers autres trafics.

"La principale source de revenus d'AQMI est la rançon perçue de la prise d'otages".

"La rançon n'est jamais une revendication que médiateurs et islamistes rendent publique..."

"Entre 10 et 15 millions pour libérer trois otages. C'est AREVA qui a déboursé. L'Italie a déboursé entre 3 et 3,5 millions pour la libération de deux de ses ressortissants. Pour le couple d'Autrichiens, au moins 2 millions d'euros. Le Canada entre 3 et 5 millions d'euros. La Suisse entre 2,5 et 3 millions d'euros. AQMI aurait récolté ces dernières années plus de 50 millions d'euros venant des rançons des Occidentaux enlevés dans la région du Sahel. De l'argent versé pour libérer quelques personnes, mais qui servira à en tuer des milliers d'autres".

 

"Le montant des rançons suscite bien des vocations".

"La moyenne d'âge des combattants des katibat d'Al-Qaida au Sahel est de 16 ans".

"Ces jeunes n'ayant tout simplement pas suivi une scolarité suffisante ou fréquenté le moindre établissement scolaire choisissent, pour la plupart, faute de mieux, de devenir des transporteurs, des passeurs."

"Dans ces zones du Sahel et du Sahara, l'absence de perspectives est patente."

"Les retards en matière de développement préparent un terreau favorable aux trafics illégaux dans un espace devenu stratégique".

"Un grand nombre de ceux qui rejoignent les rangs d'AQMI n'obéissent pas à une motivation idéologique, mais ils sont davantage attirés par les gains financiers".

 

"A cause des accords de paix passés entre le gouvernement malien et les ex-rebelles touareg dans le Nord, l'armée a quitté des zones qui se ont transformées en no man's land qu'écumaient des rebelles anti gouvernementaux, des contrebandiers et des hors-la-loi, et où la notion d'Etat était réduite à sa plus insignifiante expression".

 

"Le rôle d'AQMI dans l'acheminement de la drogue du Sahel au Maghreb est avéré. Ils ouvrent des couloirs de passage, sécurisent les convois et protègent les planquent destinées à la drogue. Ils font régner un ordre précaire dans certaines zones pour y faire passer drogues et armes. Les djihadistes et les narcotrafiquants travaillent la main dans la main. Leurs étiquettes sont interchangeables." "La relation entre les terroristes et les trafiquants de drogue est passée d'une simple protection le long des voies de communication à une situation où les terroristes sont devenus des acteurs directs du trafic de drogue et d'autres formes de contrebande".

 

"L'objectif est de décourager la fréquentation des pays de la zone, et du coup rendre impossible toute activité touristique afin de mettre à genoux l'économie des régions concernées."

 

Partisans d'un islam sectaire, mais peu férus en théologie, ses combattants se caractérisent d'abord par leur haine de "l'Occident", et de plus en plus par leur tentative de faire du Sahel, et si possible de l'Afrique de l'Ouest, une zone de "non-droit" où tous les trafics pourraient prospérer, en plus de servir de base arrière au terrorisme contre l'Europe, un "sanctuaire" grand comme dix fois la France.

"Ils ne maîtrisent pas le Coran au nom duquel ils prétendent se battre".

 

"Pour être efficace, la lutte contre le terrorisme devrait être menée pare tous les Etats de la zone, avec un état-major conjoint. Une structure militaire commune à plusieurs Etats de la zone".

"Le renforcement de la coopération judiciaire et policière pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé est plus que jamais nécessaire."

 

"Si vous voulez lutter efficacement contre le terrorisme, contre AQMI, il faut la sécurité et le développement".

"Le développement économique et social des populations est indissociable de la lutte contre AQMI".

"Pas de trace de l'Etat à 300km à la ronde. Pas de dispensaire, pas de poste de sécurité, pas d'école. Les combattants d'AQMI distribuent vivres et médicaments à des gens  totalement démunis".

"Si on ne veut pas que les islamistes s'installent, il faut que l'Etat s'installe".

 

Un livre complémentaire de celui de Jean-Pierre Filiu, "Les neuf vies d'Al Qaïda", dont j'ai déjà parlé dans ce blog.

 

08:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : otages, aqmi