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29/03/2007

A l'oued rien de nouveau !

Mission d'observation des élections en Mauritanie (2ème tour, 25 mars)

 

 

 

L'évènement historique :

 

 

Le deuxième tour de l'élection présidentielle constituait l'aboutissement du processus de transition vers la démocratie,  initiée par la junte militaire de transition qui a pris le pouvoir en août 2005.

 

C'est la première fois dans l'Histoire du pays que se déroulait un deuxième tour d'élection présidentielle.

 

Pour la première fois, se déroulait,  à la télévision et à la radio,  un débat qui ne fut pas vraiment contradictoire mais une succession de réponses.   Plus un "côte à côte" qu'un "face à face".

 

Dès lors il était intéressant d'observer le comportement des électeurs qui n'avaient pas choisi l'un des deux candidats présents au deuxième tour (65%)

 

 

La continuité plus que le changement

 

 

Comme l'indiquait le compte-rendu du premier tour,  Sidi ould Abdellahi, ancien ministre de l'ancien Président ould Taya,  représentait une certaine continuité avec le régime précédent,  alors que notre camarade Ahmed ould Daddah, soutenu, entre autres, par la communauté négro-mauritanienne et les islamistes modérés,  incarne depuis longtemps l'opposition et la lutte pour la démocratie.

 

 

Les résultats du premier tour pouvaient laisser espérer la victoire des partisans du changement. Malheureusement dans ce camp, le leader des "harratines" (descendants d'esclaves), Messaoud ould Boulkeir, qui avait recueilli 10%, a fait défection et a probablement fait basculer le résultat.

 

 

Un résultat incontestable qui n'a pas été contesté

 

 

Malgré ce revers,  les observateurs politiques locaux s'attendaient à un résultat serré.

 

A 52,85%, ce terme ne peut être utilisé.

 

Ould Daddah n'a donc pas contesté l'élection du nouveau Président, qu'il a félicité, renforçant ainsi la légitimité du nouvel élu.

 

 

Pourtant,  la mission à long terme de l'Union européenne avait relevé quelques problèmes de "location" de carte d'identité (le temps d'un vote) et d'obstruction au transport des électeurs.

 

Notre mission parlementaire s'était partagée entre la capitale et des bureaux de vote très reculés.

 

Les problèmes déjà soulevés au premier tour n'ont pas été résolus : manque de transparence et de plafonnement des frais de campagne, fonctionnaires "libérés" pour faire campagne, lettre ou tampon "à voté" mal calligraphiée ou mal posé,  entraînant la nullité de bulletins.

 

Mais rien de tout cela, resté marginal,  ne peut remettre en en cause le résultat final.

 

 

Les acquis

 

 

Même si les hommes de l'ancien régime sont très présents dans l'équipe du vainqueur, il est possible d'espérer que certains changements apparus pendant la période de transition restent acquis : libéralisation de la presse, transparence des comptes publics, fin des passe-droits pour les proches du pouvoir.

 

Pour être élu, et pour récupérer les voix des "harratines", le nouveau Président a du faire des promesses dans le domaine social et concernant le "passif humanitaire" (expression diplomatique pour parler de l'esclavage, officiellement aboli).

 

Reste, comme l'a déclaré à notre délégation un ambassadeur européen : "tout continue comme avant : les noirs travaillent, les Maures dirigent et font les comptes".

 

Les intérêts de la "nomenklatura" et de la hiérarchie militaire seront probablement préservés par le nouveau régime.

 

 

 

Et maintenant ?

 

 

"Il nous appartient de poursuivre sans relâche,  et avec tous les moyens légitimes, notre lutte contre la pauvreté, l'ignorance et l'exclusion, notre combat en faveur des malades, des victimes de la malnutrition et des faibles, notre combat pour barrer la routes à toutes les formes de dictatures, d'exploitation de l'Homme par l'Homme et de gabegie", a déclaré Ahmed ould Daddah le lendemain de l'élection.

 

Mais il n'est pas impossible que certains responsables de son parti soient fatigués d'être dans l'opposition et  soient tentés de rejoindre le camp du vainqueur.

16:15 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0)

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