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17/07/2015

Mitterrand ambigu ?

Portrait d'un ambigu

Philip Short

éditions du nouveau monde

 

François Mitterrand est décédé il y a bientôt vingt ans. La pile des livres qui lui sont consacrés continue à s'élever.

Philip Short était journaliste de la BBC  accrédité à Paris pendant les présidences de François Mitterrand. C'est sa troisième biographie, après celle de Mao et de Pol Pot, sans qu'il ne faille voir un lien avec les deux ouvrages précédents.

Enorme pavé de plus de huit cent pages. La lecture terminée, j'en tire l'impression que François Mitterrand ne correspond pas du tout à cette image d'ambiguité. 

Il n'était pas ambigu dans sa vie amoureuse : son épouse, Danielle, trop souvent laissée seule,  vivait avec un autre homme à partir de 1958, aussi bien rue de Bièvres qu'à Latche. Mitterrand a eu de nombreuses relations extra-conjugales. Sans ambiguïté . Y compris avec la mère de Mazarine. Dont Danielle connaissait l'existence. Et Anne savait qu'il ne divorcerait jamais d'avec Danielle. L'ambiguité n'existait que pour l'extérieur des deux familles. 

Le Président Mitterrand a été sans ambiguité dans le domaine des relations extérieures. Les exemples sont multiples : l'Europe ("il y a un danger qui plane sur elle, c'est que le grand nombre finisse par en faire simplement une zone de libre échange"), le Moyen-Orient ("la reconnaissance préalable et mutuelle du droit des autres à l'existence"), la force de dissuasion ("l'arme nucléaire n'est pas faite pour gagner la guerre mis pour l'empêcher" ;"les pacifistes sont à l'ouest, les missiles sont à l'est"), etc.  

Dans le domaine de l'économie, celui qu'il maîtrisait le moins, il n'était pas ambigu, il tergiversait par manque d'assurance.

Son seul moment d'ambiguité politique a été lorsqu'il travaillait à Vichy tout en étant déjà un résistant actif. Il n'était pas seul dans ce cas, et la consigne donnée par Londres à ses semblables était de continuer le plus longtemps possible dans ce double rôle. Raymond Marcellin et Maurice Couve de Murville furent dans le même cas.

L'ambiguité de ses positions sous la Ive République ne venait-elle pas de la situation politique de l'époque ?

Il n'a pas été ambigu sous la Ve : toujours pour l'Union de la Gauche, avec pour objectif de battre la droite et de récupérer le plus grand nombre d'électeurs communistes. Il a été plus secret qu'ambigu."Ceux qui le connaissaient le mieux ne connaissaient que 30% de ce qu'il pensait". "Son mépris pour le pouvoir de l'argent et sa foi en la justice sociale furent constants tout au long de sa carrière politique." ("L'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine et l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes.")

Il n'a été ambigu que dans sa mort : "une messe est possible", avec un enterrement à Jarnac où il sera pour l'éternité, sans Danielle ni Anne. "J'ai une âme mystique et un cerveau rationaliste."

"Décider de la façon dont on devra passer ses dernières années n'est pas une hypothèse abstraite, mais un choix irréversible ."

"Ce n'est pas la mort qui me fait peur, c'est de ne plus vivre." "Je compte sur vous pour veiller à ce qu'on ne me voit pas ratatiné comme un légume, grabataire et inconscient. Il faudra tout faire pour m'épargner cette misère."

 

"Ce sont les rêves, non les réalités qui font gagner les élections."

"C'est plus difficile de négocier avec quelqu'un qui a un rêve qu'avec quelqu'un qui a un objectif"

"Il se voyait lui même comme un romantique dont la vie était un roman en train de s'écrire" (quel romancier plein d'imagination aurait pu créer une telle vie ?)

 

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