28/06/2014
28 juin : "La mort vous attend à Sarajevo"
François-Ferdinand
De Jean-Yves Le Naour
Dessins : Chandre
Couleurs : Sébastien Bouet
Le 28 juin est, encore aujourd'hui, la fête nationale serbe. Cette date commémore pourtant une défaite, au "champ du merle" (Kosovo), contre l'Empire ottoman, en 1389. Mais ce jour là, un chevalier serbe était parvenu à tuer le sultan.
En 1914, il y avait déjà beaucoup de Serbes en Bosnie, en particulier à Sarajevo, et certains rêvaient déjà d'une "grande" Serbie. Pour y parvenir une poignée, qui luttaient également contre le gouvernement serbe, étaient décidés à assassiner, lors de son voyage à Sarajevo, l'héritier de la couronne impériale austro-hongroise, l'archiduc François-Ferdinand, neveu du vieil empereur François-Joseph.
François-Ferdinand est le premier dans l'ordre de succession, mais ses relations avec son oncle sont mauvaises, en particulier parce qu'il a épousé, contre la volonté de l'Empereur, une comtesse qui n'est pas de sang royal. Epouse "morganatique", qui n'a donc aucun droit. Leurs enfants ne pourront prétendre au trône. Toutes les dispositions de la stricte étiquette impériale ("sans laquelle la monarchie serait ravalée aux basses manières de la bourgeoisie") sont utilisées pour humilier François-Ferdinand et son épouse Sophie.
En juin, pour la première fois, Sophie est autorisée à accompagner l'archiduc dans une mission officielle. La date coïncide avec leur anniversaire de mariage. Ils iront donc ensemble à Sarajevo...et y seront tués ensemble.
François-Ferdinand était farouchement opposé au chef d'état-major de l'armée impériale qui voulait la guerre contre la Serbie, et opposé au Kaiser allemand qui voulait la guerre contre la Russie et la France.
Pas de deuil national. L'Empereur ne regrette pas la disparition de ce neveu contestataire.
Il faudra un mois aux bellicistes autrichiens et allemands pour comprendre qu'ils peuvent saisir l'occasion pour déclencher les hostilités, déclarer la guerre à la Serbie, violer la neutralité belge pour tenter d'envahir la France, provoquer la première guerre mondiale.
Jean-Yves La Naour raconte bien, les dessins et les couleurs sont agréables et soulignent bien le propos.
Une leçon d'histoire d'actualité.
14:57 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
08/05/2014
Jospin tire les leçons du bonapartisme
Lionel Jospin
Éditions du Seuil
Je n'ai jamais aimé Napoléon : pas républicain, pas démocrate non plus, méprisant pour la vie de ses hommes, despote mais habile propagandiste. "Prébendier à l'intérieur, prédateur à l'extérieur". Pour lui, "le peuple est une force qu'il faut séduire par la propagande ou dompter".
Sa gloire continue aujourd'hui encore et, pire, certaines forces politiques continuent à souhaiter un homme (ou une femme) providentiel et un régime "fort", hyper centralisé, dans lequel il n'est demandé au peuple que d'approuver les décisions du "Guide".
Lionel Jospin, en se basant sur son expérience de l'exercice du pouvoir, trace à grands traits les quinze années de Napoléon Bonaparte, puis les aléas du "bonapartisme", en débouchant sur le "populisme" d'aujourd'hui, "ce bonapartisme sans Bonaparte". Ces aspects du passé éclairent le présent. "La fortune du bonapartisme se nourrit toujours de la faiblesse de la République".
Lionel Jospin décrit Napoléon Bonaparte : "un soldat passionné, impérieux, impatient et qui ne supporte pas l'opposition ; qui a "la volonté d'avoir le pays tout entier sous contrôle au moment de faire la guerre".
"Napoléon, en quinze ans, ne contribue pas décisivement au développement économique de la France, parce que sa première préoccupation n'est pas l'économie mais la guerre."
Dix-huit ans après l'abolition "pour toujours" de la noblesse héréditaire, l'ancienne et la nouvelle noblesse sont à nouveau dites "héréditaires". En 1814, la République ne renaît pas parce que l'idée en a été ruinée en France par l'Empire et son rêve dynastique."
"Pour ceux qui cherchent à estimer si une telle épopée a servi les intérêts de la France, la réponse est clairement non."
"Pour la France, c'est au minimum 600 000 hommes qui ne reviendront pas de la guerre."
"La France avait de remarquables atouts pour être la première puissance du XIXe siècle. Avec l'Empire, elle les gâche".
À propos du "second Empire", Lionel Jospin donne la "trame du bonapartisme : nature dictatoriale du pouvoir, répression des opposants, utilisation de la police à des fins politiques, manipulation de l'opinion par la propagande, centralisation de l'État, recherche de la gloire extérieure."
16:29 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jospin, bonapartisme
31/10/2013
un peu d'histoire de la Moldavie orientale
Pour comprendre la Moldavie, il faut avoir en tête son histoire qui en a fait un carrefour du monde latin et du monde slave. Les deux derniers siècles ont été particulièrement déterminants dans la situation actuelle.
1812 : un accord entre l'Empire ottoman et l'Empire russe coupe en deux la Moldavie. Sa partie orientale, l'actuelle République moldave, devient la Bessarabie russe. Il est largement fait appel à des Slaves pour coloniser le pays, en particulier le sud, ce qui en modifie la composition ethnique.
Après la première guerre mondiale, le Traité de Versailles rattache la Bessarabie à la Roumanie.
1939 : le pacte Molotov-Ribbentrop, dans un protocole additionnel secret partage la Pologne, la Finlande, les pays baltes...et la Roumanie.
1940 : l'URSS annexe la Bessarabie. 100.000 roumanophones sont déportés. 300.000 sont déplacés à l'intérieur de l'URSS. Les jeunes sont enrôlés de force dans l'armée rouge.
Juillet 1941 : les troupes roumaines, aidées par l'armée allemande, réoccupent la Bessarabie. 100.000 Juifs sont tués, 100.000 autres accompagnent les troupes soviétiques en retraite, et se réfugient en URSS.
1944 : la Bessarabie est ré-annexée par l'armée rouge. Création de la "République socialiste et soviétique de Moldavie". La plus petite des républiques fédérées d'URSS. La russification est intense, la langue russe est la langue de l'enseignement, l'alphabet cyrillique est obligatoire, même pour la langue roumaine. 200.000 roumanophones quittent le pays. Un million de Russes et d'Ukrainiens arrivent.
1991 : proclamation de l'indépendance de la Moldavie. La langue roumaine redevient langue officielle, et l'alphabet latin est réintroduit.
La même année les russophones proclame l'indépendance de la Transnitrie, où séjourne l'armée russe, qui s'y maintient aujourd'hui encore comme "garante de la paix". Un "nettoyage ethnique" oblige les roumanophones à partir. Le conflit fait un millier de morts. Seule la Russie reconnaît l'indépendance de la Transnitrie, qui constitue un poste avancé de la Russie vers l'Europe occidentale. Les entreprises de Transnitrie sont privatisées au profit des oligarques russes. Comme en Géorgie, Moscou intervient par minorités interposées.
08:00 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
14/01/2013
Paris au Moyen-âge
La demeure médiévale à Paris
Musée des Archives Nationales
Rue des Franc-bourgeois
Au Moyen-âge, Paris est la plus grande cité de l'Occident.
Cela valait bien une exposition.
Quelques maisons subsistent de cette époque, en particulier dans le IVe arrondissement. De grandes photos nous les montrent.
J'ai particulièrement aimé les maquettes, qui permettent de se situer dans toutes les dimensions spatiales.
J'ai aimé également les reconstitutions d'intérieurs, avec les meubles de la vie quotidienne. Malheureusement le manque de place ne permettait pas d'en montrer plus.
Comme nous sommes aux Archives nationales, il est possible d'admirer des livres anciens, avec croquis et plans. Malheureusement, en raison de l'affluence, il est très difficile de s'approcher.
Mais il est possible de s'échapper un peu de l'exposition pour voir les salles voisines, et d'admirer le registre de signatures du fameux "Serment du Jeu de Paume".
De plus le bâtiment, s'il n'est pas médiéval, n'en est pas moins remarquable.
19:04 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
25/12/2012
De la fête du dieu solaire à la naissance de Jésus
Mythra
"L'Eglise de Rome attendra la fin du règne de Constantin (mort en 337) pour célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre.
Noël remplacera désormais la fête du dieu solaire, Mythra."
Jusqu'au IVe siècle, la date anniversaire de la nativité resta fluctuante : 18 ou 19 avril, 28 mars, 29 mai... En Orient, c'était le 6 janvier !
Même incertitude sur l'année de la naissance. Les évangélistes Matthieu et Luc la situent "au temps du roi Hérode", donc entre -37 et -4. Marc et Jean ne mentionnent pas l'évènement.
Ce n'est qu'au VIe siècle qu'un moine romain érudit "Denys le Petit" "inventa" l'ère chrétienne, celle de "l'Incarnation", en fixant le point zéro de manière arbitraire.
2013 ou, au moins, 2017, puisqu'Hérode est décédé en -4 ?
(Mordillat et Prieur, "Jésus contre Jésus").
08:00 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : noël