08/01/2015
Histoire des USA : pour mieux comprendre aujourd'hui
Histoire des Etats-Unis
René Rémond
PUF, Quadrige, Grands textes
L'un de mes petits-fils parti aux Etats-Unis, j'ai éprouvé le besoin d'en revoir un minimum d'histoire. Pour cela, j'ai pris le petit livre de René Rémond, décédé aujourd'hui, mais qui enseignait l'histoire contemporaine à Nanterre, même s'il s'est fait surtout connaître comme spécialiste des droites françaises.
Je relève comme points saillants :
L'immigration : constante de l'histoire de l'Amérique. 1890 : pour la première fois l'immigration n'est plus majoritairement anglo-saxonne et germanique. 1921 et 1924 : lois restrictives : l'Etat le plus libéral du monde sous le rapport de la libre circulation des personnes devient l'un de ceux dont l'accès est le plus difficile.
La question raciale : dès le XVIIIe siècle, dans le Sud, les Noirs sont plus nombreux que les Blancs, qui détiennent richesse et pouvoir. Il faudra attendre 1865, et une guerre civile faisant plus de 600.000 morts pour que l'esclavage soit aboli, et 1954 pour que la Cour suprême déclare anticonstitutionnel l'apartheid scolaire.
L'importance de la morale religieuse : "code bleu" imposant un ordre moral rigoureux, la réussite est le signe de la bienveillance divine. La communauté considère qu'elle a le droit de veiller à la moralité de ses membres.
Partage de souveraineté : "Unis dans la diversité" : en 1787 : débat que nous connaissons en Europe sur l'équilibre entre le rôle de chaque Etat et d'un pouvoir fédéral, ou confédéral. Seul un impôt fédéral donnant des ressources solides a permis l'unité (1913 : 16ème amendement).
Le "New-Deal" : grands travaux + programmes sociaux pour sortir de la crise d'une économie reposant sur l'emprunt .
Prohibition : de l'alcool (1919 : 18ème amendement), supprimée quand on a bien voulu constater qu'elle faisait surtout la fortune des gangs, et n'empêchait pas la consommation, impossible à contrôler. Ne devrait-on pas se poser la question aujourd'hui pour certaines drogues ?
08:32 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, usa
11/12/2014
Démocratie
Regards sur la démocratie athénienne
Claude Mossé
éditions Perrin
Après mai 1968, a été créée, à Vincennes, une université expérimentale, devenue Paris 8. J'ai eu la chance d'y bénéficier de l'enseignement de Madame Claude Mossé sur la Grèce des Ve et Ive siècle d'avant notre ère. Dans le tourbillon qu'était l'université de Vincennes, où nous pouvions constater les limites de l'agora et de la démocratie directe, les excès des démagogues et les différences entre ceux qui avaient tout leur temps pour la palabre, et la décision, et celles et ceux qui travaillaient parallèlement à leurs études, et habitaient souvent de lointaines périphéries, Claude Mossé nous parlait de Solon et de Périclès.
Je l'ai retrouvée avec plaisir à travers la lecture de ce petit livre sur les regards portés sur la démocratie athénienne à travers les siècles...jusqu'à aujourd'hui.
Une lecture salutaire alors que "démocratie participative" est opposée à "démocratie représentative". A l'heure de la naissance, difficile, de la démocratie dans certains pays arabes, et, en Europe, de "Podemos" et autres "Pirates".
Même s'il est certain qu'internet et les SMS changent les conditions de l'exercice de la démocratie (le pouvoir du peuple), la réflexion sur la naissance de la démocratie, à Athènes, reste nécessaire : comment concilier une égalité de droits avec une inégalité , croissante, de conditions ?
"Le problème est que cette égalité politique doit composer avec une société inégalitaire."
Que penser de ce "conseil des anciens premiers ministres", mis en place par un ancien président de la république en voyant ce "conseil" athénien, formé des anciens archontes ?
"L'idéologie démocratique a fini par dériver vers une oligarchie du fait même du mode de représentation des dirigeants."
Faut-il revenir au tirage au sort, comme la proposition a été faite ?
"L'étranger, singulièrement celui dont l'installation sur le territoire est récente, est-il un citoyen de second rang ?"
Comme le répétait Moses Finlay : "l'histoire repose d'abord sur des questions".
08:43 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, politique
05/12/2014
Rê l'a mis au monde
Le monde des Ramsès
Claire Lalouette
éditions Perrin
Claire Lalouette, professeur émérite à la Sorbonne propose ce petit livre de poche sur "l'âge d'or" des Ramsès qui héritent d'un Empire qui va de la Méditerranée à l'Afrique et contrôle les pistes des caravanes et les ports phéniciens.
Le monde des Ramsès est peuplé de Hittites, d'Assyriens, de Nubiens (Soudanais et Ethiopiens), de peuples du désert (Libyens, Hébreux, "Palestiniens") de "peuples de la mer" (Grecs).
Elle parle des Pharaons, mais aussi de la vie immuable des paysans. De celle des ouvriers, y compris les nombreux immigrés qui construisent une nouvelle capitale "tournée vers l'Asie" (Per- Ramsès) et des temples à Louxor, Karnak et Memphis. Ce ne sont pas des esclaves mais des artisans ayant des droits, y compris le droit de grève.
"Les dimensions colossales de l'architecture témoignent de la richesse du grand Empire et la puissance de ses rois." Et pourtant, "les monuments que l'on voit aujourd'hui ne sont plus que les squelettes de pierres des monuments d'antan."
Cet Empire est hérité de la XVIIIe dynastie, malgré Amenophis IV (Akhenaton), "prince mystique préoccupé surtout d'idéologie religieuse, intolérant et maladroit, provoquant le premier déclin de l'Empire."
Le premier Ramsès, fondant la XIXe dynastie, était général et vizir, désigné par Horemheb, premier général à prendre le pouvoir.
Le règne de Ramsès II est considéré comme "le point culminant de la longue histoire de l'Egypte".
Il y aura sept Pharaons entre Ramsès II et Ramsès III (XXe dynastie) qui "repousse les envahisseurs" venus de toutes parts.
Ramsès IV, fils de Ramsès III "a rendu à l'Egypte son prestige et son indépendance".
Les Pharaons Ramsès V à XI sont trop mal connus pour être restés dans l'histoire.
"Le thème de la jalousie et de la perfidie féminine est classique : il appartient à tous les florilèges du monde."
08:08 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
20/11/2014
40 siècles d'Histoire...
Histoire de l'Egypte ancienne
Nicolas Grimal
éditions Fayard
Je suis allé à Gizé, voir le sphinx et la pyramide, j'ai une licence d'histoire, mais j'étais tout à fait conscience de mes lacunes, pour ne pas dire l'abime de mon ignorance concernant l'histoire de l'Egypte ancienne.
Je me suis donc plongé dans le livre de Nicolas Grimal, professeur à la Sorbonne. Pas vraiment un livre de vulgarisation pour ceux qui ne connaissent rien, mais un tableau des trente dynasties de l'Empire, ancien, moyen, classique. 40 siècle en 400 pages !
Ce qui est notable, c'est que 3.000 ans avant notre ère, se mettent en place les structures politiques et religieuses (la théocratie), économiques avec ce fleuve de vie dans ses crues, mais également la dépendance à l'égard des voisins pour les matières premières. "L'apparition de structures sociales qui témoignent de son éloignement de l'état de nature." Structures qui permettent un architecture en pierres 2.700 ans avant notre ère.
L'auteur met en relief les nombreuses luttes de succession (on se croirait à tour de rôle à l'UMP, au PS à l'UDI ou chez les Verts !). Les luttes entre le pouvoir central et les féodalités. Les richesses cléricales qui permettront, à certains moments, au Grand Prêtre de supplanter Pharaon.
Dans les derniers temps, les envahisseurs, libyens, éthiopiens, assyriens et finalement grecs n'auront aucun mal à trouver des fonctionnaires zélés pour assurer la continuité du pouvoir. Le mot "collabos" n'est pas utilisé par l'auteur, mais il est difficile de ne pas y penser. Continuité de la nature humaine ?
Nicolas Grimal conteste la vision qui fait d'Akhenaton l'initiateur d'un Dieu unique, même s'il regroupe dans le Disque le pouvoir de nombreux Dieux. Aton remplace Amon, sans que la population ne change sa pratique religieuse. Et Pharaon est toujours le représentant de Dieu sur terre.
En interdisant les cultes autres que chrétiens, en 380, Theodose met fin à la pratique religieuse égyptienne, donc de la langue du clergé, donc d'une culture antique qui brille encore aujourd'hui.
08:43 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : histoire
11/11/2014
A nos morts
Comme dans beaucoup de familles européennes, la mienne compte un "disparu au champ d'honneur", en l'occurrence un grand oncle, dont la famille n'a jamais su exactement où et quand il avait disparu. Un de ces milliers de "soldats inconnus".
Une pensée particulière aujourd'hui aux 11 000 morts du 11 novembre 1918, envoyés à la tuerie par des galonnés avides de gloire et d'un dernier coup d'éclat entre l'heure de signature de l'armistice (6 heures) et son entrée en vigueur (11 heures). Certains officiers supérieurs ont manifesté ce jour là, comme pendant toute la guerre, d'un mépris scandaleux pour la vie de "leurs" hommes.
Ne pas oublier non plus que côté allemand, il n'est nullement question d'armée défaite. Le retour des troupes à Berlin montre une armée acclamée. Ce déni conduira à l'élection à la présidence de la république du maréchal Hidenburg...qui appellera Hitler à la chancellerie.
13:35 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : 11 novembre