13/04/2017
Cauchemars garantis
La guerre des mondes
Herbert George Wells
Adaptation : Philippe Chanoinat
Dessins et couleurs : Alain Zibel
éditions Le Monde et Glénat
"Nous avons appris, maintenant, à ne plus considérer notre planète comme une demeure sûre et inviolable pour l'homme." C'est par ces mots que se termine le roman.
H.G. Wells est considéré comme le "père" de la "science-fiction", même si le terme ne date que de 1929. Son imagination, et sa connaissance des thèses de Darwin, le portent vers les désastres et les calamités . De quoi en avoir des cauchemars...
Cette première histoire d'invasion martienne est une parabole morale doublée d'une réflexion politique. "Et si, pour une fois, c'était l'Anglais colonisateur (le livre date de 1898) qui devenait l'autochtone anéanti ?"
Le fait que les martiens périssent en raison des microbes terriens contre lesquels ils ne sont pas immunisés, fait immanquablement pensé aux ravages des épidémies sur les peuples du continent américain victime des colonisations.
11:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
12/04/2017
Lamentation d'une pécheresse
Lamentation
C.J. Sansom
éditions Belfond
1546 : Londres, quelques mois avant la mort d'Henri VIII. Bien qu'il soit impensable d'évoquer l'hypothèse de la mort du roi,malgré sa décrépitude évidente, ses jambes pleines d'ulcères à cause de son diabète, les différentes factions sont en lutte d'influence. La politique religieuse du souverain, louvoyante est le terrain propice à ces confrontations...et à quelques épurations.
Afin de pouvoir divorcer de Catherine d'Aragon et se marier avec Ann Boleyn, Henri avait rompu avec Rome. Il n'avait pas hésité à saisir les monastères et a en tirer l'argent dont il avait besoin pour financer sa guerre contre la France. A la grande déception de ceux qui espéraient que cet argent servirait à aider les plus pauvres. Mais, pour le reste, il ne souhaitait pas pour autant s'aligner sur les positions religieuses des luthériens et s'accommodait fors bien de pratiques religieuses copiées sur les catholiques, mais sans le Pape. Comme le Pape, il interdit la lecture de la bible par les "petites" gens. "Il n'a fait preuve d'aucune constance en matière de religion. Une année Lord Cromwell met en place la vraie réforme ; l'année suivante, il est exécuté." "Pour comprendre le roi, il suffit de se rappeler qu'il croit sincèrement que Dieu l'animé chef de l'Eglise d'Angleterre." Dans son testament , il demande que des messes tout à fait traditionnelles soient célébrées pour le repos de son âme.
Les anabaptistes qui considéraient que selon le vrai christianisme les différences sociales devraient être abolies et que tous les biens devaient être mis en commun, étaient "la bête noire de toute l'élite politique". Massacrés à Münster, aussi bien par les dirigeants protestants que catholiques, certains s'étaient réfugiés en Angleterre.
En 1546, sa sixième épouse, Catherine Parr penche vers la réforme et certains membres du Conseil du Roi voudrait bien la faire chuter. La régence et la tutelle du jeune prince Edouard, qui n'avait pas dix ans, était un enjeu d'importance.
Une grande chasse aux "hérétiques" est ouverte pendant quelques mois sur le thème de la "transsubstantiation", avec autodafés de la longue liste de livres qu'il était interdit de posséder. Il arrive même que les bourreaux ne se contentent pas de brûler des livres mais aussi des malheureux préférant mourir que d'accepter que "le corps et le sang du Christ soient présents dans l'hostie au cours de la célébration de l'eucharistie durant la messe." Discussion dont nous sommes bien loin aujourd'hui...
La reine a écrit, pour elle même, comme une sorte de confession, sa "Lamentation d'une pécheresse", très marquée par le protestantisme. Elle y écrivait notamment : "ce sont la foi et l'étude de la Bible qui assurent le salut, et non pas les vains rituels." "Elle s'était lourdement trompé en imaginant qu'à ce moment la balance penchait vers la Réforme." Et Henri VIII avait prouvé qu'il n'hésitait pas à répudier, ou à faire décapiter, ses épouses. Heureusement pour elle, son manuscrit ne parle pas de la messe et de ce qui s'y passe.
Tout cela à l'occasion d'une enquête policière menée par l'avocat Matthew Shardlake, héros récurrent de C.J. Sansom.
16:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
04/04/2017
Entre Suède et Norvège
L'enfant allemand
Camilla Läckberg
éditions Actes Sud / Actes noirs
"C'est dans la nature de l'homme de ne pas regarder les conséquences de ses actes, de ne pas apprendre de l'histoire"
Par le magistral "Millenium" nous savons que, pendant la dernière guerre mondiale, la Suède n'a pas été épargnée par l'idéologie nazie.
La Suède, si proche de la Norvège, occupée par l'armée allemande, avec ses résistants, et ses collaborateurs. Et l'amour dans tout ça ? Consolation de savoir que le phénomène n'était pas exclusivement français ou belge...
Encore d'actualité plus de 70 ans après la fin de la guerre ?
"Elle faisaient partie d'une vague précoce d'immigrés et elle était la seule dans sa classe à ne pas avoir l'air suédoise. Et on le lui faisait payer. Chaque jour, chaque minute elle subissait le fait d'être née dans un autre pays."
08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
28/03/2017
Le livre de la jungle
Le livre de la jungle
Rudyard Kipling
Adaptation Djian
Dessins : Tieko
Couleurs : Catherine Moreau
éditions Le Monde et Glénat
Walt Disney a popularisé, de manière magistrale, ce roman de Kipling. Baden Powell, fondateur du mouvement scout, avec l'accord de Kipling a repris les personnages du livre. C'est ainsi que mon enfance de "louveteau" a été marqué par Akela, Baghera, Balloo et les autres. J'en ai peut-être retenu la valeur de la solidarité et l'importance du respect que l'homme doit à son environnement. Sans parler des qualités morales mises en avant, qui déboucheront, bien plus tard sur ce magnifique poème de Kipling "...ce jour là, tu seras un homme mon fils" !
19:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
17/03/2017
Politique fiction
En pays conquis
Thomas Bronnec
Série noire, Gallimard
Il ne faut pas se laisser abuser, même s'il y a écrit "thriller" sur la couverture, même si c'est dans la prestigieuse Série noire, même s'il y a un mort au début du roman, il s'agit plus d'un livre de politique fiction (qui, j'espère, restera de la fiction) que d'un livre policier. D'ailleurs, il n'y a pas de policier, ni de détective privé.
L'élection présidentielle a vu la victoire d'un président de gauche, disons de centre gauche, mais les élections législatives qui ont suivi n'ont pas dégagé de majorité claire.
La droite est en tête, mais n'a pas la majorité. Le nombre des parlementaires d'extrême droite a explosé.
Deux possibilités :
- soit faire une "grande coalition", avec les socialistes, comme en Allemagne, et d'autres pays européens,
- soit faire une alliance entre la droite et l'extrême droite, comme à Dreux autrefois, comme à certaines élections régionales passées.
La porosité des idées est devenue telle entre la droite et l'extrême droite, que c'est , bien entendu, la seconde solution qui est retenue.
Reste un problème, et non des moindres : l'Union européenne, à commencer par l'Euro. Un référendum devra trancher la question...
Au passage, le roman est un bon réquisitoire contre le financement des partis politiques, en particulier ces micro-partis qui ont pour objet de financer les présidentiables éventuels.
18:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, politique