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15/02/2015

trafics au coeur de Paris

Sombre sentier

Dominique Manotti

Points, roman noir, P266

 

J'aime les livres de Dominique Manotti, agrégée d'histoire clairement engagée à gauche. Ses romans policiers, au style tranchant, parlent toujours des droits humains.

Celui-ci dénonce les trafics d'êtres humains, pour les faire travailler ou les prostituer. Mêmes filières que le trafic de drogue et d'armes, et de contrefaçon.

L'action se passe dans le quartier du "Sentier", dépassant les limites du IIe arrondissement sur le IIIe et le Xe.

 

"Une partie de la solution du problème est dans les pays d'origine. Il faut comprendre ce qui s'y passe si l'on veut arrêter les trafiquants ici."

"Quand on sait ce qu'on cherche, on court à l'erreur judiciaire"

"La classe ouvrière existe par sa solidarité collective, pas par ses martyrs."

"Une grosse affaire de drogue signifie beaucoup d'argent. Et beaucoup d'argent ça veut dire meurtres."

 

 

 

 

18:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar

08/02/2015

Allemagne, 1926

Des hommes de tête

Richard Birkefeld & Göran HachmeisterLivre de poche policier n°33396

 

Un roman policier écrit par deux historiens allemands qui racontent l'entre deux guerres en Allemagne. J'ai adoré la "Trilogie berlinoise" de Philip Kerr, et tous les romans qui ont suivi, mais Kerr est écossais.

Deux champions de moto et concurrence pour le prix d'Allemagne de 1926. En concurrence également pour séduire la belle Théa von Bock. L'un est un hobereau, l'autre un ouvrier qui a fait toute la guerre de 14/18 ("Pas question de justifier toutes les bassesses et toutes les violences an nom du drapeau de l'honneur national.").

A chaque étape du championnat la police retrouve un cadavre décapité. La guerre a brouillé le sens de la valeur des vies humaines, "dans un monde où règnent les gros profiteurs de guerre et les lâches petits donneurs de leçons"..

 Au delà de l'enquête, les auteurs nous font sentir la montée du fascisme et de la question raciale (la "pureté de la race" ; "La libération du droit à l'extermination des vies inutiles", pour reprendre le titre d'un livre paru en 1920). Le "honteux" Traité de Versailles et "les scélérats" qui l'ont signé sont vilipendés, et même assassiné comme Rathenau en 1922 . L'armée allemande ne saurait avoir été vaincue ! Elle a été victime du "coup de poignard des agitateurs judéo-bolchéviques". Tout est de la faute de la République... 

 

"Comme au front. Soûl avant l'assaut, soûl pendant l'assaut, soûl après l'assaut. L'alcool aidait avant tout à vaincre la peur, puis la lâcheté, et, au bout du compte, il banalisait cette joie effrénée d'avoir survécu."

 

18:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

24/01/2015

La fin de règne de Ramsès II

Sous l'acacia d'Occident

Christian Jacq

éditions Robert Laffont

 

Fin de règne et donc fin de la saga de Ramsès II.Toujours romancé.

Le Pharaon bat les longueurs de longévité : il aura régné soixante sept ans.

Pour consolider la paix avec les Hittites, il épouse la fille de l'Empereur.

Christian Jacq présente les Hittites comme "un peuple de barbares qui traite les femmes comme des créatures inférieures", alors que je lis dans "Une histoire du monde antique", écrite à plusieurs mains par d'éminents universitaires : "l'Empire hittite, en réservant une place de choix à la femme fut, à cet égard, une exception au sein des royautés orientales."

La paix assurée avec les Hittites, ce sont les tribus libyennes qui se révoltent..."Au coeur du désert de Libye, le chef de tribu n'absorbait ni vin ni bière, considérant ces boissons comme démoniaques parce qu'elles brouillaient les idées."

Christian Jacq fait partie de ceux qui affirment qu'il n'y avait pas d'esclavage dans l'Egypte pharaonique. "Les êtres humains sont le troupeau de dieu, nul individu n'a le droit d'en traiter un autre comme un objet sans âme ou une marchandise. La loi de Maât exige un contrat entre celui qui ordonne un travail et celui qui l'accomplit ; sinon la joie ne peut circuler ni dans l'oeuvre la plus sublime ni dans le travail le plus modeste."

 

"Moïse, luttait pour l'application d'une vérité révélée et définitive,  Ramsès bâtissait jour après jour la vérité d'une civilisation."

"Chercher le plus haut, le plus vital, c'est toujours suivre la bonne route."

"Un certain nombre d'appétits m'ont quitté. Peut-être est-ce le début de la sagesse." "Quand la curiosité s'éteint, il faut savoir s'arrêter."

" La mort est notre meilleure conseillère, car elle situe nos actions à leur juste place et permet de distinguer l'essentiel du secondaire."

 

 

21:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

18/01/2015

Déclin et chute de la double monarchie austro-hongroise

La marche de Radetzky

Joseph Roth

Points P8

 

Je voulais parler de ce livre l'année dernière, à l'occasion de la commémoration de 1914. Je suis en retard. Mais le livre est toujours là, depuis 1932, considéré, avec quelques raisons, comme un chef d'œuvre de la littérature européenne du XXe siècle.

La "marche de Radetzsky" est une musique de Johan Strauss père, composée afin de fêter l'écrasement de l'insurrection italienne par le maréchal Radetzky. C'était en 1848. Cette année là un jeune homme montait sur le trône du Saint Empire Romain Germanique, un tout jeune homme : François-Joseph.

Joseph Roth a donné à son livre ce titre parce qu'il considérait cette marche comme "la Marseillaise du conservatisme." "Mourir au son de la marche de Radetzky était la plus facile des morts."

Le livre s'ouvre sur la bataille de Solferino, victoire pour les Français, mais défaite pour les Autrichiens, pendant laquelle le grand-père Trotta, d'origine paysanne et slovène,  devenu capitaine, a le réflexe de sauver la vie du jeune empereur. Il est élevé au rang de baron et devient la référence familiale. Il ne veut pas que son fils devienne militaire, celui-ci devient donc préfet, avec un esprit militaire, y compris dans l'éducation de son fils. Le petit-fils, personnage central du roman devient officier sans en avoir le goût.

Comme la majorité des officiers il s'ennuie et, comme beaucoup d'autres, il sombre dans l'alcool et le jeu,  donc les dettes, "dans la candide médiocrité à laquelle les avait préparés l'école militaire et la discipline traditionnelle". "Cette soif de l'alcoolique qui est une soif de l'âme et du corps."

A sa demande, il est nommé à la frontière russe (aujourd'hui l'ouest de l'Ukraine), où certains font le trafic d'immigrés clandestins russes.

Quand la guerre commence l'armée autrichienne bat rapidement la retraite devant les cosaques. Tous les Ukrainiens de l'Empire sont suspects d'être des traites. "La guerre de l'armée autrichienne commençait par des tribunaux militaires, pour faire peur aux vivants. Mais les vivants de toute la région avait pris la fuite."

Le roman montre les forces centrifuges : les peuples veulent devenir Nations. Les Hongrois, que l'archiduc François-Ferdinand, se réjouissent ouvertement de l'assassinat de celui-ci à Sarajevo. Et les Croates ne supportent plus de vivre sous la domination des Hongrois. Les Tchèques sont nationalistes.

"Notre monarchie est fondée sur la piété ; sur la croyance que Dieu a choisi les Habsbourg."

"L'Empereur François-Joseph était présent parmi ses sujets comme Dieu dans le monde, enfermé dans sa sénilité glacée, éternelle et effrayante."

Les forces centrifuges sont également sociales. Les ouvriers se permettent de faire grève, chose inimaginable. "La social-démocratie était évidemment un danger, mais aussi un contrepoids." "Les jeunes officiers s'imaginaient que le "peuple", c'est à dire la couche inférieure de la population civile, revendiquait son égalité de droits avec les fonctionnaires, les nobles et les négociants. On ne pouvait, en aucun cas, la lui accorder si l'on voulait éviter une révolution."

 

"Ce Midi,  qui avait été jusqu'à présent une expression géographique, brillait de toutes les ensorcelantes couleurs d'un paradis inconnu."

"Elle souriait des lèvres, des yeux, des seins."

"L'âge approchait, à pas cruels et silencieux"

"La maladie n'était qu'une tentative de la nature pour habituer l'homme à mourir."

 

 

17:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

10/01/2015

Triste Mexique

Triple crossing

Sébastian Rotella

éditions Liana Levi et Points policiers

 

L'affaire récente des étudiants méxicains disparus, probablement assassinés, a mis un coup de projecteur sur les problèmes du système mexicain, gangréné par l'argent de la drogue. Comme en Europe ce sont les même filières, les mêmes cartels qui organisent le passage vers les Etats-Unis de la drogue et des immigrés clandestins qui se voudraient "travailleurs internationaux". Mais, contrairement à l'Europe, il n'y a pas de mer pour faire obstacle à l'immigration, tout au plus un fleuve, "une eau noire, polluée par les égouts et les rejets toxiques, venue tout droit des montagnes d'ordures des bidonvilles".

Il y a les bons, les méchants, les infiltrés, les vendus, et surtout ces énormes problèmes que sont la drogue et la demande migratoire vers une vie meilleure.

L'action ne se déroule pas à Ciudad Juarez, comme de nombreux films et romans, mais à Tijuana, comme dans "Tijuana Straits" de Kem Nunn (10/18), dont j'ai parlé et qui soulignait, lui aussi, l'écart de développement entre les Californies, de chaque coté de la frontière.

Le titre fait référence à la fameuse région des "trois frontières", zone de non droit et de tous les trafics, , où se rejoignent le Paraguay, le Brésil et l'Argentine. "Les Nations-Unies du crime organisé". En particulier toutes les contrefaçons, y compris de cartes de crédit. Revenus : plus de 20 milliards de $ par an ! De quoi corrompre quelques policiers et juges mal payés..."Même la loi est à vendre".

Sebastian Rotella est journaliste et, manifestement, sait de quoi il parle, sous forme de roman. Ce qui est inquiétant pour la démocratie méxicaine. "Les parrains de la drogue vont et viennent, mais ce sont toujours les mêmes élites qui restent au pouvoir."

"Nous faisons la chasse aux policiers honnêtes, pour les aider. Comme ils sont rares, nous arrêtons autant de malhonnêtes que possible". "Faire respecter la loi est devenu un acte de subversion."

Au total, un livre prenant.

 

08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature