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13/10/2010

Soweto

Ballade à Soweto

 

Je n’étais pas retourné depuis quelques années en Afrique du Sud, pays dans lequel je me suis rendu le plus souvent, parmi les pays non européens. Je ne suis pas venu pour la Coupe du Monde. Quelle Coupe du Monde ? La France y a participé ? Elle a gagné contre le Luxembourg ?

Moment idéal : là bas, c’est le printemps. A 1.800 mètres d’altitude, le temps est idéal, ensoleillé et doux. Les arbres, plantés par les pionniers boers,  sont en fleurs dans les rues de Pretoria. Des « anacondas » me dit-on. Sur le chapeau en bronze de Pretorius,  les pigeons, comme les pigeons de toutes les villes du monde, n’ont aucun respect pour le fondateur de la ville.

C’est  qu’ils ont souffert pour arriver là,  lors du « Grand Trek », ces paysans d’origine hollandaise, chassés par les Anglais, pourchassés par les Zoulous du chef Chaka.  « Big riffles and big bibles », de « longs fusils » et des bibles énormes, comme je n’en ai jamais vues ailleurs que dans ce mémorial à la gloire des Afrikaners. Livres sacrés transportées dans leurs chars à bœufs, avec la certitude d’apporter la « lumière » en Afrique.

Alors, il n’était pas question, à peine un siècle plus tard, d’accepter facilement que l’enseignement ne soit pas en afrikaans, pour tous ces jeunes Bantous vivant dans les banlieues lointaines de JO’ Burg et de Pretoria.

SOWETO est le plus célèbre de ces « townships »,  alignements de petites maisons en parpaings. Et quand la révolte a éclaté dans les années 70, ce n’était pas contre l’apartheid, ni contre l’éloignement domicile/travail, mais contre l’enseignement en afrikaans, qui n’était ni une des langues maternelles, ni la langue dominante des blancs.

Vous avez peut-être oublié le nom d’Hector Pieterson, mais vous avez vu sa photo,  qui a fait le tour du monde. Souvenez-vous, en 1976 : en noir et blanc, un jeune adolescent porte dans ses bras, en pleurant, un enfant qui vient d’être tué par la police anti-émeute : Hector Pieterson, dont un musée commémoratif, à Soweto, porte aujourd’hui le nom.

A Soweto,  la rue Villakazi est la seule au monde à pouvoir se vanter de compter deux prix Nobel. La maison de Desmond Tutu, qui, de l’extérieur, semble assez luxueuse, ne se visite pas : c’est une vraie maison, habitée, contrairement à la maison dans laquelle Nelson Mandela a passé 20 ans, moins longtemps qu’en prison... Aujourd’hui transformée en musée où les groupes se succèdent, syndicalistes africains ou touristes japonais. Tous entendent la même histoire édifiante qui transforme Winnie en Pénélope moderne et militante. Le panneau indique en grands caractère que la gargote d’en face est tenue par « la famille de Nelson Mandela ». Ils ne sont pas les seuls, avec les marchands de souvenirs sur les trottoirs,  à exploiter l’image du grand homme.

Soweto, à l’image de tous les townships, n’a jamais été un « bidonville ». Mais, comme je l’avais constaté la dernière fois, des bidonvilles se multiplient à proximité, malgré les 7 millions de logements construits depuis 14 ans. L’Afrique du Sud a des problèmes, mais ce pays avance et ses réussites attirent, comme partout, les habitants de pays moins bien pourvus. Contrairement à ce que pensent les Européens, les migrations internes à l’Afrique sont plus importantes que les migrations de l’Afrique vers l’Europe.  Les mineurs venaient autrefois du Lesotho, les immigrés d’aujourd’hui, renvoyés chez eux par trains entiers chaque semaine, viennent du Mozambique et du Zimbabwe, depuis que ce pays, autrefois un des plus riches d’Afrique, est en crise. Ils viennent également de RDC, qui ne manque pourtant pas de richesses minières, et du Nigéria, premier producteur pétrolier du continent. Les Nigérians sont accusés de tous les trafics de drogue. Une véritable « afrophobia » se développe, qui a plus à voir avec la xénophobie et le racisme social qu’avec la couleur de la peau.

Comme en France il y a les banlieues chics, l’équivalent de Neuilly, les banlieues pour les classes moyennes qui chaque matin alimentent les bouchons sur l’autoroute qui va à Johannesburg, en attendant que le train, commencé pour  la Coupe du Monde,  soit terminé, et les moins bien lotis, souvent illégaux, ou vivant dans les « habitations » qui le sont,  qui se déplacent dans des minibus dont les chauffeurs craignent l’arrivée du train, et donc la perte de leur emploi.

Ont-ils une pensée pour Liliane en passant devant l’énorme usine l’Oréal ?

18:43 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

T'as réussi à descendre du bus ?

Écrit par : Frédéric Dubuisson | 13/10/2010

A lire : "la saga des quatre rivières" de JG Aguer dont les tomes deux ("Buffalo") et trois ("Orange") se déroulent en Afrique du Sud. L'action se déroule de la guerre contre les Zoulous avec la terrible bataille d'Isandlwana (tome deux) jusqu'à la guerre des Boers (tome trois).

Écrit par : Frédéric Dubuisson | 13/10/2010

merci Frederic, je prends bonne note de ton conseil de lecture, pour un prochain voyage !
pas de problème pour descendre du bus : je n'étais ni avec les japonais, ni avec les syndicalistes africains : mon bus était mini !

Écrit par : jfv | 14/10/2010

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