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07/05/2011

SAS en Colombie

Cauchemar en Colombie

 

Gérard De Villiers

 

SAS n° 97

 

 

Le personnage de Pedro Garcia Velasquez, "né dans un taudis d'un des bidonvilles accrochés aux collines cernant Medellin", et devenu un des puissants parrains de la drogue, s'inspire manifestement de Pablo Escobar, le fameux chef du cartel de Medellin, et de son principal lieutenant, Rodriguez Gacha, exécuté en 1989, année de la première publication de ce livre.

Année également de l'assassinat de Luis Carlos Galan, candidat libéral à la présidence de la république par les sicaires du cartel de Medellin.

Année de "l'initiative andine" du président George Bush. Après la chute du mur de Berlin, et donc de la guerre froide, la guerre contre la drogue devient le point névralgique de l'agenda militaire américain.

 

"Il a fait installer l'électricité dans les bidonvilles où il est né."

"Ici le gouvernement ne fait rien pour les pauvres. "El Mexicano",  lui, met l'électricité, construit des stades, donne de l'argent. Si les narcos sont si puissants, c'est aussi parce que le petit peuple  les considère comme des bienfaiteurs."

Mais le roman montre bien la cruauté du personnage.

"C'est dans ce lumpen-prolétariat que les narcos recrutent leurs tueurs".

 

""Plomo o plata", du plomb ou de l'argent. On achetait les concurrents, les policiers, les soldats, les juges, les douaniers, les passeurs". "Les narcos ont tout infiltré".

 

Cet argent sert à acheter, (ne faut-il pas dire extorquer ?), les meilleures terres.

"La milice d'auto-défense des propriétaires terriens. Ce sont eux qui font la loi ici. Théoriquement, ils traquent les "subversifs". Ils se louent aux narcos. Tantôt pour assassiner les paysans qui ne veulent pas vendre leurs terres, ou pour liquider leurs adversaires, et, en général, tuer ceux qui les gênent."

L'actuel gouvernement tente une politique de restitution des terres aux paysans spoliés.

 

Le personnage de l'ancien colonel du Mossad israélien chargé de former les paramilitaires colombiens s'appuie sur des faits avérés et connus : ils furent plusieurs comme lui,  dans la réalité.

 

"Il suffisait d'aller chercher, au Pérou ou en Bolivie, la pasta,  et de transformer celle-ci en chlorhydrate de cocaïne avant de l'expédier sur le Mexique ou les Etats-Unis."

Dans ce domaine, deux évolutions depuis que le livre a été écrit :

- Avec la disparition des cartels de Medellin et Cali, la transformation chimique de la feuille de coca en cocaïne se fait de plus en plus souvent directement au Pérou ou en Bolivie, ce qui simplifie les questions de transport ;

- L'Europe est devenue destinataire, généralement en passant par l'Afrique de l'Ouest.

 

Dans le roman SAS est chargé, par la CIA et la DEA (l'agence anti drogue américaine) d'exfiltré vers les USA le chef des narcotrafiquants.

En 1989, la CIA annonçait qu'elle consacrait 25% de ses efforts en Amérique latine à la lutte contre la drogue.

En janvier 1991, le président colombien Cesar Gaviria a promis aux narcotrafiquants qui se rendraient la non extradition vers les Etats-Unis.

Pablo Escobar s'est rendu en juin. Sa prison n'en était pas vraiment une. Il s'en est "échappé" un an plus tard, considérant que sa vie était en danger.

Il a été tué à Medellin en décembre 1993.

Ses concurrents du cartel de Cali, qui ont récupéré ses "parts de marché",  ont activement collaboré à sa traque avec l'armée, la police, et les Américains.

Deux explications sont généralement avancées pour expliquer l'élimination d'un homme si généreux, y compris envers les politiciens :

- Il a voulu intervenir de plus en plus dans le monde politique en s'attaquant à la classe dominante ;

- Il connaissait trop bien les secrets du financement des "contras" appuyés par la CIA en Amérique centrale. Une façon de "blanchir" l'argent de la drogue. Mais quand la CIA n'a plus eu besoin des contras (l'insurrection armée au Salvador se termine en 89), elle n'a plus eu besoin, non plus, de cet intermédiaire encombrant...

Ce livre n'était prémonitoire que de quelques années.

08:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

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