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11/11/2015

Les rivalités politiques exacerbées

L'inconnu du pont Notre-Dame

Jean-François Parot

éditions Jean-Claude Lattès

 

Une nouvelle enquête de Nicolas Le Floch. Un bond de trois ans depuis "La pyramide de glace". Derniers soubresauts de la fameuse affaire du collier "de la reine" : procès et jugement.

Un mot sur cette affaire rocambolesque : le prince-cardinal de Rohan rêve de devenir premier ministre. La reine ne l'aime pas. Il est persuadé que c'est elle qui l'empêche d'accéder à cette responsabilité. Une aventurière sans scrupule, se réclamant du sang des Valois qui coule dans ses veines, lui fait croire qu'elle peut servir d'intermédiaire (lobbyste !) pour gagner les faveurs de Marie-Antoinette. Un faussaire écrit des lettres signées "Marie-Antoinette de France". Faussaire ignorant qui ne sait pas qu'aucune reine de France n'a signé de cette façon. Prince tout aussi ignorant. Ces fausses lettres servent à emprunter de l'argent à Rohan. Argent qui va directement dans la poches des escrocs. Puis une lettre convie à un rendez-vous secret, à la tombée de la nuit, dans les jardins de Versailles. Un sosie joue le rôle de la reine. Le cardinal ne se sent plus de joie. Il va même jusqu'à servir d'intermédiaire pour acheter un collier de diamants, et avancer le paiement, à crédit, pour plaire, croit-il, à la souveraine. Le faussaire produira une fausse reconnaissance de dette. Une rencontre entre le joailler et la reine mettra fin à l'escroquerie. La reine, totalement innocente et découvrant l'affaire, commet une erreur de jugement : elle demande aux magistrats du Parlement d'établir la vérité. Que Jeanne de Valois soit coupable, pas de doute. Parot, à travers Nicolas, nous raconte l'exécution de la sentence : marquée au fer rouge de la lettre V des voleurs. Le cardinal n'était coupable que d'être un imbécile crédule : le peuple prend son parti, il n'est pas condamné, la reine en est offensée. Comme l'écrit Stephan Zweig : "Seules la haine, l'hostilité préconçue, la calomnie délibérée ont pu accuser Marie-Antoinette d'être de connivence avec l'aventurière et le cardinal imbécile." C'est toute la monarchie qui est ébranlée. Etait-il donc crédible que la reine fut endettée malgré sa fortune ? Etait-il donc crédible que la reine puisse donner des rendez-vous secret derrière un bosquet ? Etait-il donc crédible que la reine puisse acheter un collier de diamants à l'insu de son royal époux ? Le duc d'Orléans était-il derrière cette opération pour nuire au couple royal ? "L'intrigue du collier, affaire misérable où le sceptre et la crosse étaient roulés dans la fange. Dans l'état où se trouvait le royaume, ces menées élargissaient encore les fissures du vieil édifice branlant de la monarchie."

Pour en revenir à l'enquête du commissaire Le Floch, il s'agit de découvrir l'identité d'un cadavre décapité découvert dans une maison démolie du pont Notre-Dame (d'où le titre de l'ouvrage). Le coupable ne sera connu qu'à la fin,  grâce à l'utilisation d'une méthode peu conventionnelle, préférable à la torture, supprimée par Louis XVI.

L'enquête est l'occasion d'une nouvelle promenade dans le Paris de l'époque. Le cimetière des Innocents est déménagé. La rivalité avec l'Angleterre reste sourde et les espions sont actifs des deux côtés de la Manche.

"Partout la richesse la plus extrême côtoyait la pauvreté la plus pitoyable."

Louis XVI est acclamé par son peuple lors de son voyage vers Cherbourg, à travers la Normandie. "Le royaume roulait à l'abîme sous un roi bienveillant et encore populaire, mais accablé et indécis.

Nicolas, élevé par le chanoine Le Floch, qui a découvert sur le tard qu'il était Marquis de Ranreuil, apprend qui était sa mère, dont il n'avait pas été question jusque là.

Malgré ses quartiers de noblesse, il est favorable à l'ancienne proposition de Vauban d'un impôt sur le revenu, proportionnel et payé par tous. Il faudra attendre les besoins financiers de la première guerre mondiale pour qu'il voit le jour.

 

"Le roi n'aimait pas le jeu et surtout les pertes qu'il engendrait. Il souffrait en silence les dépenses considérables de la reine qui y vouait une sorte de passion."

"La capacité de nuire est toujours supérieure aux mesures qu'on lui oppose"

 

 

08:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

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