15/12/2010
Blast, effet de souffle
Blast
1. une grasse carcasse
Manu Larcenet
Editions Dargaud
Le "blast", c'est l'effet de souffle, l'onde de choc d'une explosion. Les seuls moments en couleurs dans cet album sombre.
Le récit d'une dérive, à l'encre noire, dans le texte et dans le trait.
"Les plus belles choses, comme les pires, n'existent que si l'on y prête attention"
"Mange misère, ce n'est pas un pays, ni une nationalité, mais une condition"
"La condescendance est un trait commun à ceux qui ont la conscience tranquille"
"On pense que tout est explicable, qu'il suffit d'aller chercher les réponses sur Internet."
"Le voyageur change ses yeux, le touriste ses billets"
"Quand quelqu'un bouge, les immobiles disent qu'il fuit" (Jacques Brel partant pour les Marquises)
09:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
14/12/2010
Côte d'ivoire : le pire est peut-être à venir ?
Côte d'ivoire
J'ai connu Laurent Gbagbo avant qu'il ne soit président, rencontré à Paris et lors de réunions de l'Internationale socialiste.
Je l'ai revu ensuite, et je n'ai pas aimé le phénomène de "cour" autour de lui, peut-être inévitable.
A Abidjan, il m'a reçu chaleureusement, au nom de notre amitié commune pour Guy Labertit, qui était alors le "Monsieur Afrique du PS".
Depuis deux semaines je rumine mes déceptions et mes tristesses.
Depuis deux semaines, je n'ai rien écrit sur ce blog sur ce sujet sensible, au moins pour moi.
Chargé de rédiger la résolution déposée par le groupe socialiste du parlement européen, puis de négocier la résolution commune qui va être votée par tous les groupes, il est temps de vous faire part de quelques réflexions personnelles :
1) Les élections ont couté 400 millions de dollars à la communauté internationale, il y a de quoi se demander si cet argent n'aurait pas été mieux dépensé autrement...
La démocratie n'a pas de prix, mais elle a un coût, et quand, en plus, elle est bafouée...
2) Il pensait bien gagner, le Président en place, au moment où il a accepté une observation internationale des élections, et que les résultats soient "certifiés" par l'ONU, pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique.
3) L'article 64 de l'ordonnance de 2008 (2008-133) indique très clairement que le Conseil constitutionnel ivoirien a le pouvoir d'invalider les résultats de la Commission électorale indépendante, sans lui donner la possibilité de proclamer des résultats différents.
4) En 2002, au moment de la tentative de prise du pouvoir par une partie de l'armée, Laurent Gbagbo s'est vu mettre, par la communauté internationale, sur un pied d'égalité, lui, le Président élu, avec les rebelles, et obligé de former avec eux un gouvernement d'Union nationale. Dans un deuxième temps, il a même été obligé de prendre le porte-parole des rebelles, n'ayant aucune légitimité démocratique, comme Premier ministre.
Depuis 8 ans son autorité ne s'étend pas au nord du pays.
5) Le Président battu a sous les yeux les exemples du Président kenyan Kibaki, battu et toujours en place, après une tuerie atroce, et Mugabe, toujours Président, dictateur du Zimbabwe, malgré ses défaites électorales...
6) L'Union européenne vient de prendre des sanctions "à l'égard de toute personne qui menace l'issue du processus électoral". Mais Gbagbo, malgré tous ses défauts, n'a pas profité de sa situation pour faire fortune et encore moins placer son argent en Europe. De telles sanctions n'ont jamais empêché Mugabe ou al-Bachir de voyager...
7) Il faut que l'Union européenne, et tous les organismes internationaux, continuent à aider au développement de la Côte d'ivoire...à travers son gouvernement légal. Et si celui-ci ne gouverne que le nord du pays, cette partie, la plus en retard de développement, en profitera.
8) L'opération de maintien de la paix en Côte d'ivoire (ONUCI) a coûté 2,26 milliards d'euros ces six dernières années. Comme la démocratie, le maintien de la paix n'a pas de prix, mais a un coût !
9) Comment les choses vont-elles se passer maintenant ?
Affrontement ? Statu quo et coupure du pays en deux ?
10) Je me garderai bien de faire un pronostic.
18:54 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : côte d'ivoire
12/12/2010
Records
Pour la première fois, ce blog a reçu plus de 3.500 visites dans le mois.
La "barre" symbolique des 3.000 visites avait été franchie en janvier.
En novembre, vous avez été 560 à venir, et revenir. Mais pourquoi si peu de commentaires ? Heureusement que l'ami Frederic est là !!!
Le record des pages consultées (8.463) reste détenu par le mois d'octobre.
09:37 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1)
11/12/2010
Féroce Guinée
Féroce Guinée
Gérard De Villiers
SAS n° 185
Dans le golfe de Guinée, trois pays portent ce nom :
- La Guinée, dont la capitale est Conakry, et qui vient d'élire Alpha Condé à la présidence de la république. C'est la première fois, depuis l'indépendance à l'égard de la France, en 1958, que des élections libres et démocratiques ont eu lieu. Et un socialiste a été élu. Nous étions intervenus pour le faire sortir de prison, où il était pour des raisons purement politiques. Je l'avais fait venir au Parlement européen, il y a une dizaine d'années, à sa sortie de prison ;
- La Guinée équatoriale, hispanophone, petite éponge à pétrole d'Amérique centrale, dont les dirigeants s'enrichissent scandaleusement sans se préoccuper de la misère de leur peuple ;
- La Guinée Bissau, lusophone, un des pays les plus pauvres du monde, dont il est question dans ce livre.
La moitié de la cocaïne en provenance d'Amérique latine et à destination de l'Europe passe par l'Afrique de l'ouest, puis par la bande désertique sahélo-saharienne, grande comme deux fois la France.
Comme "tête de pont" de ce trafic, rien de tel qu'un Etat failli, désorganisé, pauvre, sans police, dont les dirigeants militaires, qui contrôlent le passage des avions et des bateaux, contrôlent également le pays.
La Guinée Bissau correspond parfaitement à la définition : les militaires y tiennent une place essentielle, les présidents s'y font assassiner, les premiers ministres et les chefs d'état major gênants y sont écartés, généralement violemment.
Le seul revenu est l'exportation de la noix de cajou...et l'aide internationale qui représente 80% du squelettique budget de l'Etat. "Les subventions, c'est sacré, parce que cela nourrit la classe politique de Guinée Bissau".
Facile donc de corrompre le chef d'état major de l'aviation et le chef d'état major de la marine, le contre-amiral Bubo Na Tchuto, héros négatif de ce roman.
Obligé, temporairement, de fuir après une tentative de putsch manqué en 2008, Bubo vient d'être, par décret présidentiel, renommé à la tête de la marine, ce qui représente un échec cuisant pour la communauté internationale...et pour SAS chargé de le neutraliser !
Le gouvernement a saisi tous ses biens aux Etats-Unis et interdit toute transaction avec lui.
D'après De Villiers, si la CIA s'occupe, enfin, de Bubo, ce n'est pas tant à cause du trafic de drogue à destination de l'Europe que de ses liens avec l'AQMI, branche d'al-Quaïda dans le Sahel.
Les terroristes bandits de l'AQMI ne peuvent pas vivre uniquement de l'argent des rançons. Ils s'enrichissent donc également, soit en assurant leur "protection" aux passeurs de drogue, soit en se chargeant eux mêmes du transport.
L'histoire ne dit pas par où passe la cocaïne à la sortie du désert, et avant d'arriver en Europe. J'ai lu un article d'un universitaire londonien qui met directement en cause les services secrets algériens...mais ceci fera peut-être l'objet d'un autre roman !
Et maintenant que SAS est reparti ? La mission "réforme de la sécurité", de l'Union européenne, mise en place au moment de la Présidence portugaise, plie bagages, consciente de son échec. La CEDEAO, organisation régionale africaine de l'Afrique de l'Ouest envisage une mission de "stabilisation", ce dont l'armée locale ne veut pas entendre parler...
Le trafic de drogue via la Guinée Bissau, et le Sahel, a encore de beaux jours devant lui !
"Ce continent recueillait des gens au passé flou qui échouaient là et ne repartaient plus jamais"
08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature
10/12/2010
Le nom des gens
Le nom des gens
De Michel Leclerc
Avec Sara Forestier et Jacques Gamblin
Et l'aimable participation de Lionel Jospin !
Semaine de la critique, Cannes 2010
Si vous n'avez pas peur de la nudité effrontée, et adorable, de Sara Forestier, ne manquez pas ce film qui sort de l'ordinaire. Elle a également de beaux yeux bleus et des fossettes irrésistibles quand elle sourit.
Dans le cadre de la grande hybridation des gênes (pour la "pureté" des "races", c'est foutu !), Arthur Martin (comme les cuisinières), joué par l'excellent Jacques Gamblin, ne pouvait que rencontrer Bahia Benahmoud, virevoltante Sara Forestier.
Elle est excessive, lui empêtré dans les tabous familiaux, mais on sent bien qu'ensemble ils vont trouver leur point d'équilibre, et nous faire réfléchir sur les limites de l'engagement politique (elle couche avec les fachos pour les "convertir").
Un film militant, dans le meilleur sens du terme qui met en perspective, avec humour, le débat sur "l'identité nationale".
La scène, habillée, dans laquelle la jeune militante, idéaliste et déterminée, tombe en pleurs dans les bras du jospiniste coincé (ils viennent de voter pour Chirac contre Le Pen) est aussi drôle que le "choc des cultures" constitué par la rencontre avec les parents, puis entre les parents.
Lionel Jospin, dans sa courte apparition, est à l'unisson de cet humour décalé et plein d'autodérision ("Un jospiniste aujourd'hui, cela doit être aussi rare qu'un canard mandarin à l'île de Ré...").
Malgré toutes les trouvailles, il y a quelques baisses de rythme, mais l'ensemble est plein de grâce et de drôlerie, comme dans les meilleurs Woody Allen.
08:58 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma