08/02/2017
Un médecin dans la tourmente 1914/1916
Un médecin dans la tourmente
Le carnet de guerre de René de Saint-Périer
1914/1916
Présenté par Jacques Gélis
Etampes Histoire
Mon ami Jacques Gélis, historien professeur émérite de Paris VIII, présente le carnet de guerre du Marquis de Saint-Périer, châtelain de Morigny (à côté d'Etampes), médecin réquisitionné pendant la guerre, affecté à l'hôpital installé dans les locaux du lycée de Beauvais. Puisque la guerre devait être brève. Avec l'intermède d'un repli en Vendée, dans la crainte de l'avancée allemande.
J'ai été surpris de lire que le lycée de Beauvais portait, et porte toujours, le nom de Félix Faure, connu surtout pour sa mort "glorieuse" dans les bras de sa maîtresse. A moins que ce ne soit l'anti-dreyfusard féroce qui ait été honoré ? Il n'était ni natif, ni élu de Beauvais...
Le départ ne correspond pas à l'image d'Epinal de l'enthousiasme patriotique. Les départs se font "avec calme et courage ; pas de cris, pas de chants, une grande résignation. Pauvres gens".
"L'état déplorable de l'organisation des services sanitaires de l'armée" choque beaucoup ce médecin qui revient à plusieurs reprises sur "l'incurie et la stupidité de l'administration du service de santé". "La conséquence de ces dysfonctionnements n'est rien moins que la survie de centaines de blessés du champ de bataille en attente de soins." "Confusion et désordre inouï ; la désorganisation est complète". "Le gâchis n'a pu être plus grand en 1870". "L'incohérence de l'administration sanitaire de l'armée ne s'est pas modifiée." "Le service de santé est digne de nos bons alliés les Russes : vols, incurie, gaspillage, négligence et stupidité..." "Les questions administratives du service de santé sont, pour la plupart, aussi stupides sur le fond qu'inintelligibles par la forme. Elles se contredisent fréquemment. L'absurdité est habituelle à un militaire."
Il se vit mal en "réparateur de pauvres poilus que l'on va réexpédier". "Je comprends les psychoses des combattants."
Problèmes principaux : le tétanos, la tuberculose et les conséquences de l'alcoolisme.
Probablement parce qu'il est médecin, la guerre, "école de la brutalité et de la violence", "fléau sans nom, digne de l'inqualifiable méchanceté des hommes", "guerre abominable et maudite" lui fait horreur. "L'horreur de cette lutte sans but possible". D'autant que, rapidement, on n'en voit pas l'issue rapide qui était espérée. "Désillusion quant à l'idée d'une victoire rapide".Il dénonce donc, dans son carnet intime, "la monstruosité de cette guerre abominable". "Il est douloureux, malgré l'accoutumance professionnelle, de voir mourir des hommes jeunes et plein de vie, frappés brutalement par la plus monstrueuse des iniquités humaines qu'est la guerre."
"Il n'y a plus rien à attendre d'une humanité aussi barbare, et je vois l'inanité de mes rêves de progrès."
Bien que fils de militaire gradé, il est devenu anti-militariste : "malveillant et borné comme le sont les militaires surtout de grade élevé." "Désillusion et colère croissante à l'égard de la caste des officiers supérieurs de carrière, leur morgue, leur absence de clairvoyance, leur incompétence, leur bêtise, leur inhumanité à l'égard des poilus." "Ce n'est pas une comparaison flatteuse que d'être assimilé à un militaire.""Je me sens de moins en moins militaire, à mesure que je connais mieux l'esprit qui règne dans l'armée, je suis arrivé sans parti pris à l'armée et j'en partirai nettement anti-militariste."
"Il ne faut pas demander de logique à une administration, surtout militaire." "une conduite logique serait incompatible avec l'administration militaire."
Comme l'écrit Jacques Gélis : "il témoigne de l'évolution de l'esprit public dans le pays au cours de l'année 1915, le désarroi qui gagne les Français. la désillusion de René de Saint-Périer étant à la hauteur des espérances qu'il avait mises dans le succès des armées françaises."
08:35 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire
07/02/2017
Les loups dans la montagne
La vallée des loups
de et avec Jean-Michel Bertrand
Prix du Festival de Sarlat
Trois années de patience à la poursuite d'une obsession : filmer les loups en liberté. Et pour cela, ne pas les surprendre mais se faire accepter par eux.
Le résultat mérite d'être vu sur grand écran : les paysages alpins sont splendides au fil des saisons et, en attendant les loups, les autres animaux sont nombreux en liberté dans ces paysages sauvages : chamois, bouquetins, cerfs, sangliers, marmottes, etc.
La quête sera récompensée. Le loup, objet de tant de légendes, et de tant d'hostilité, est filmé dans ses structures sociales.
Très beau, pas trop long.
15:05 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
06/02/2017
Quand le vêtement fait scandale
Tenue correcte exigée
musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli
Jusqu'au 23 avril
Malheureusement le succès de l'exposition fait qu'il faut attendre un certain temps avant de pouvoir accéder aux caisses. Et le temps n'est pas propice aux files d'attente extérieure.
Mais les quatre cent vêtements exposés, plus les photos et les films, méritent cette patience.
Du XIVe siècle à nos jours, les transgressions vestimentaires ne sont scandaleuses que par rapport à des normes qui évoluent.
Risible aujourd'hui de voir que les pantalons pour les femmes faisaient scandales, et étaient interdits aux députées et sénatrices.
Quelques décolletés plongeants nous laissent rêveurs, même sur des mannequins en bois, avec un peu d'imagination...
Certaines de ces nouveautés ont été adoptées, comme les jeans, les maillots de bains deux pièces, d'autres n'ont pas trouvé leur public sur le long terme, comme les jupes pour hommes.
Une plongée dans les vestiaires pour suivre au fil du temps l'évolution des vêtements "qui ont fait scandale".
18:53 Publié dans expo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo
04/02/2017
Tusitala
L'île au trésor
d'après Robert Louis Stevenson
Adaptation et scénario : Christophe Lemoine
Dessin : Jean-Marie Woehrel
Couleur : Patrice Duplan
Les grands classiques de la littérature en bande dessinée
Le Monde et Glénat
"Tusitala", le "conteur d'histoire" l'avait surnommé les autochtones des Samoa où il a fini sa vie. J'avais raconté sur ce blog la visite de sa maison, en bois, tout en haut d'une colline.
Pour moi, qui habite maintenant dans l'arrière pays gardons, Stevenson c'est aussi sa traversée des Cévennes avec un âne (1879), périple resté célèbre dans la région.
Comme auteur, conteur d'aventures, dans la veine d'Alexandre Dumas et Walter Scott, Stevenson est resté dans l'histoire de la littérature pour son "Dr Jekyll et Mr Hyde", grande réflexion philosophique sur la dualité de la nature humaine, et cette "île au trésor" pleine de surprises.
Roman écrit au XIXe siècle, l'action (les actions !) se passe(nt) un siècle plus tôt, au temps des pirates, et des voyages dans l'Océan Pacifique du capitaine Cook.
18:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, littérature
03/02/2017
un chauffeur de bus poète
Paterson
de Jim Jarmush
avec Adam Driver, Golshiffeh Farahani
Une semaine dans la vie d'un chauffeur de bus, poète, de la ville de Paterson (New Jersey), avec sa ravissante et charmante petite amie qui cherche à s'occuper, et son chien, sympa, qui attend tranquillement dehors quand il va au pub, chaque soir. Un quotidien magnifié par la tendresse.
Il ne se passe rien de spécial, si ce n'est les conversations des passagers du bus, ou des clients du bar.
Un film poétique qui rend hommage au poète de Paterson William Carlos Williams. J'avoue que je n'en avais jamais entendu parler. De petites touches qui font penser au pointillisme.
Les critiques ont encensé le film qui peut déconcerter certain(e)s.
08:27 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma