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22/08/2021

Afghanistan, avant la chute

L'espion français

Cédric Bannel

La bête noir / Roibert Laffont

 

"les talibans allaient reprendre le pays, c'était désormais une certitude, la seule inconnue était le temps que cela leur prendrait."

"Ces moments n'étaient qu'une parenthèse avant le drame inéluctable qui allait emporter l'Afghanistan. Il n'y aurait plus d'amour ni de coups de foudre. Plus de périodes heureuses."

"Les talibans allaient gagner, et la première chose qu'ils feraient serait d'enfermer les femmes indépendantes. Ensuite, ils briseraient ou tueraient les jeunes hommes occidentalisés"

"Les talibans vont gagner. Le régime va s'effondrer comme un château de cartes. Bientôt ils seront ici avec leurs corans et leurs turbans, et tout redeviendra comme dans les années 1990"

Ce livre malheureusement prémonitoire est sorti en mai de cette année !

Des infirmières japonaises sont enlevées. A Kaboul la police criminelle enquête pour retrouver les ravisseurs.

A Paris, un membre à la marge de la DGSE, comme Jack Ryan est à la marge de la CIA,  recherche les soutiens des ravisseurs. C'est lui qui donne le titre au roman, sans en être le personnage principal.

 

"Au milieu des armes, les lois se taisent" (Cicéron)

"Infirmières de Lucifer ! Ces femmes sont soudoyées par les Juifs pour injecter à nos frères des vaccins qui sont rien que des poisons, des filtres maléfiques qui contiennent de la gélatine de porc et des puces 5G.  Tout vaccin est une tromperie ! Tout vaccin est un fruit pourri , un complot des sionistes et des nazaréens ! Ils veulent contrôler le cerveau des vrais musulmans pour détruire leur foi." (dans la bouche du mollah chef des talibans)

"Un facilitateur chargé par DAECH d'aider ses fidèles à fuir la Syrie et l'Irak pour l'Afghanistan ou la Libye, les deux seuls territoires vraiment sûrs pour eux aujourd'hui."

"Elle avala une gorgée de thé, se demandant comment un établissement pouvait vendre 18 euros un sachet de deux grammes de thé et une théière d'eau chaude tout en continuant malgré tout à avoir des clients."

"les enlèvements étaient devenus un vrai business. Près de neuf cent cas, rien que sur Kaboul l'année précédente."

"les frères d'armes de l'ancien lion du Panchir formant une fraternité très particulière, unie par les années de lutte acharnée contre les Russes, puis contre les talibans."

"Les groupes talibans les plus puissants étaient financés directement par les services secrets pakistanais, parfois en afghanis mais le plus souvent en roupies pakistanaises."

"Il ne lui serait pas venu à l'idée de privilégier son allégeance au gouvernement au détriment de celle de son clan. Ainsi fonctionnait l'Afghanistan depuis des millénaires. Aucun envahisseur, aucun législateur ou homme d'Etat n'avait jamais pu rien y changer."

"Tout le monde, dans les forces d'élite, savait que le syndrome post traumatique était responsable de la majorité des arrêts forcés de carrière, plus que les blessures au combat."

 

14/01/2010

En Afghanistan

En Afghanistan

 

Rory Stewart

 

Prix "Témoin du monde" 2009 de "Radio France Internationale"

 

Editions Albin Michel

 

 

Une histoire de fou. Un jeune enseignant, ancien diplomate, fou de marche à pied, après avoir marché en Iran, au Pakistan, en Inde, au Népal, décide, dès que les talibans sont chassés du pouvoir en Afghanistan, d'accomplir le "chainon" qui lui manquait : la traversée, à pied,  d'Ouest en Est de l'Afghanistan, d'Hérat à Kaboul, par le centre, donc par les montagnes, en hiver, avec des cols à plus de 4.000 mètres d'altitude, sur les traces de Babur, le premier empereur moghol de l'Inde (début du XVIe siècle), demandant l'hospitalité chaque soir au nom de l'obligation islamique d'accueil de l'étranger.

"Les religions, comme les caravanes de chameaux, semblent éviter les cols de montagne".

 

Il en résulte une plongée dans les profondeurs de l'Afghanistan, là où il n'y a pas d'électricité, et où les copies de kalachnikovs sont quasiment les seuls signes de modernité, dans des villages dont les femmes ne se sont jamais éloignées de plus de quelques kilomètres. Elles ne sont pas voilées, mais ne restent pas seules avec les étrangers.

 

Traversée de l'Hazarajat, carrefour des cultures persane, hellénique et hindoue ("l'Afghanistan était le pays où le bouddhisme avait rencontré l'art de la Grèce d'Alexandre"),  le pays des Hazaras, descendants, depuis 1216,  des guerriers moghols de Gengis Khan, chiites, donc soutenus par l'Iran, mais minoritaires, pauvres,  et donc discriminés dans le reste du pays par leurs puissants voisins Tadjiks et Pachtouns. "Les Hazaras haïssent l'idée d'un gouvernement centralisé, parce qu'ils l'associent à la domination d'autres groupes ethniques".

 

Rencontres de seigneurs féodaux toujours en rivalités, sur fond d'occupations russe puis talibane, particulièrement sanglante. "Nulle part ailleurs en Afghanistan, la cruauté des talibans n'a semblé si totale ou si ethniquement orientée". "L'Occident a peu fait attention aux massacres des Hazaras. Ce qui l'émouvait, c'était la destruction des bouddhas de Bamiyan, ou le sort du lion du zoo de Kaboul". 

 

Contraste entre les villages montagnards et Kaboul. Critiques de la bureaucratie internationale et des ONG (sauf "Médecins Sans Frontières"). "La plupart des décideurs ne savent presque rien des villages où vivent 901% de la population".

 

 

 

"Personne n'exige davantage qu'une charmante illusion d'action pour le monde en développement"

 

08:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afghanistan

21/10/2009

Afghanistan : le choix entre deux options

Il faut choisir aujourd'hui entre deux stratégies: l'une axée sur la stabilisation, l'éradication de la pauvreté, le développement économique du pays, en assurant une présence militaire et civile dans tout l'Afghanistan, l'autre, c'est de se concentrer dans quelques zones urbaines et de déclencher, à partir d'elles, des opérations de grande envergure contre Al Qaïda.  Les deux options exigent l'envoi de troupes, mais la première est tournée vers  la population, la seconde vers la guerre- avec en arrière plan le risque d'un désastre.  N'appartient-il pas à l'Europe de préserver Barak Obama des vieux démons qui hantent les Etats-Unis et de l'aider à choisir la première de ces stratégies? 

27/08/2008

pour qu'ils ne soient pas morts pour rien

Afghanistan : qu'ils ne soient pas morts pour rien

 

 

Le combat mené en Afghanistan est juste.

Faut-il rappeler de quoi sont capables les fanatiques religieux talibans ?

Faut-il rappeler que nos soldats sont là bas avec un mandat de l'ONU ?

 

Mais si nos soldats sont là bas pour défendre la démocratie et les droits humains, il faut que les USA mettent fin à leur programme de détentions secrètes, il ne faut livrer personne à la justice afghane tant que les conditions minimum de justice ne sont pas respectées. Il faut intensifier l'effort pour que le système judiciaire afghan devienne digne des idéaux pour lesquels nos dix soldats sont morts. Il faut veiller à la démocratisation du Pakistan, car la sécurité en Afghanistan en dépend.

Il faudrait que le gouvernement afghan devienne digne des efforts qui sont faits pour le protéger du terrorisme islamiste et donc irréprochable tant en ce qui concerne le respect des droits humains, la construction d'un Etat de droit,  que l'implication dans les trafics de drogue et la corruption.

 

Il est plus que temps, pour les Européens, de se poser des questions sur les raisons des échecs de ces dernières années.

Il est plus que temps de réexaminer la stratégie des politiques actuellement menées et, immédiatement, de mieux coordonner les efforts de sécurisation et de reconstruction.

 

Même si les militaires sont indispensables pour assurer la sécurité, y compris la sécurité des actions visant au développement du pays, à la construction d'écoles et de centres de santé,  les solutions sont d'abord politiques, dans tous les sens du terme.

 

09/07/2008

Afghanistan : Démocratie et Droits humains

Afghanistan : être fermes sur nos principes

 

 

 

Les violences sont quotidiennes : dimanche : 23 morts, dont la mariée, en pleine fête, avant hier : plus de 40 morts dans l'attaque contre l'ambassade indienne.

 

Mon amie Ana Gomes,  députée socialiste portugaise, qui a visité récemment à la fois l'Irak et l'Afghanistan me disait que la situation est bien pire dans ce dernier pays.

 

Depuis un mois plus de soldats européens, qui représentent la moitié de la force internationale présente sur place,  sont morts en Afghanistan qu'en Irak.

 

1 million et demi d'Afghans sont morts ces 30 dernières années dans les guerres civiles ou d'occupation. Le drame continue.

 

 

La stratégie appliquée, en particulier par les Américains, depuis cinq ans,  ne semblent pas couronnée de succès. Il est donc sans doute nécessaire de réfléchir aux orientations à donner à la politique européenne.

 

Peut-être faut-il revenir aux principes "fondamentaux" de l'Union européenne ?

 

Si nous sommes présents pour la démocratisation du pays, peut-être faut-il être intransigeants avec la "bonne gouvernance" du gouvernement que nous soutenons,  et qui doit rendre des comptes, aux donateurs comme aux électeurs. C'est à dire que nous ne pouvons pas accepter la corruption du Président, de sa famille, des membres du gouvernement,  en particulier avec l'argent de la culture de l'opium.

 

Si nous sommes présents pour construire un "Etat de Droit" et défendre les Droits de l'Homme, y compris les droits des femmes,  contre les talibans, peut-être faut-il être intransigeants sur ces sujets,  y compris avec nos amis américains qui les oublient trop facilement, au nom de la lutte contre le terrorisme.

 

Un "moindre mal" reste un mal contre lequel il faut lutter.

 

 

Si nous sommes présents pour construire un pays stable, peut-être faut-il être plus exigeant avec le Pakistan voisin, même si c'est un allié des USA, car sa frontière est poreuse et c'est de son territoire que partent la plupart des attaques meurtrières.

 

 

L'Afghanistan a besoin de sécurité mais, comme toujours, la solution est d'abord politique avant d'être militaire.

 

 

L'Union européenne doit continuer à faire ce qu'elle sait si bien faire et ce pourquoi elle a déjà fait ses preuves : aide humanitaire, construction ou reconstruction d'infrastructures, d'écoles, de centres de santé, aide au développement économique (en particulier rural avec l'accès à l'eau et à l'irrigation) et social, mais en assurant une meilleure coordination entre les Etats membres.

 

Le Parlement européen doit continuer son dialogue démocratique avec le Parlement afghan et contribuer à l'organisation et à l'observation d'élections démocratiques incontestables (présidentielle en 2009 et législatives en 2010).

 

 

 

L'Afghanistan est un des pays les moins développés du monde. Il est temps, pour la sécurité du monde, de l'aider à sortir de ce sous-développement.

 

Ma conviction est que cela ne pourra se faire en renonçant à nos principes démocratiques et de partenariat,  dans la solidarité et le respect réciproque.