09/08/2008
Un homme
Philip Roth
Editions nrf Gallimard
Un homme, un homme parmi tant d'autres.
Un livre qui commence par son enterrement et se termine par son décès.
Un homme qui mène une vie saine ("avec l'hygiène de vie qu'il pratiquait depuis toujours, l'idée qu'il puisse être candidat au pontage coronarien lui paraissait saugrenue"), que la maladie accable sur ses vieux jours ("65 ans, sa santé le lâchait, son corps semblait en péril permanent"), tandis qu'il voit ami(e)s et anciens collègues disparaitre.
Une vie qui se termine par la seule expérience qui nous soit commune : la mort ("oublier que nous sommes nés pour vivre, nous qui mourrons pourtant").
Un livre à interdire au plus de 65 ans !
Extraits :
"Il lui fallait désormais déployer des trésors de ruses pour faire échec à l'obsession de sa propre mort" ; "échapper à la mort semblait devenir la grande affaire de sa vie, qui se résumait désormais à l'histoire de son déclin physique" ; "La vieillesse est une bataille" ;
"L'inévitable siège que l'homme doit soutenir en fin de vie, ce n'est pas une bataille, c'est un massacre"
"Il était taraudé par le sentiment qu'il amorçait la dernière ligne droite"
"Jours sans but et nuits incertaines, témoins de sa dégradation physique irréversible, l'attente de celui qui n'a rien à attendre"
"Contrairement à lui, beaucoup étaient capables d'entretenir toute une conversation sur le chapitre de leurs petits enfants et, qui plus est, de trouver dans l'existence de ces petits-enfants des raisons d'exister eux mêmes".
"On ne peut pas réécrire l'Histoire. Il faut tenir et prendre la vie comme elle vient".
"Faire son testament, c'est peut-être la meilleure contrepartie de la vieillesse, voire de la mortalité"
"Penche toi sur ton passé, répare ce que tu peux réparer, et tâche de profiter de ce qui te reste"
"On a beau s'y attendre, on est jamais prêt"
"L'expérience la plus intense, la plus perturbante de la vie, c'est la mort. Une fois qu'on a goûté à la vie, la mort ne paraît même pas naturelle"
"Chaque chose en son temps. Laisse moi d'abord mourir, si tu veux que je t'aide à supporter ton chagrin"
08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/08/2008
Elysée République : immunité présidentielle
Immunité présidentielle
Rémy Le Gall et Frisco (dessins)
Casterman
L'année dernière, à l'occasion de la sortie du premier tome ("secrets présidentiels"), j'écrivais : "ça m'a donné envie de connaître la suite de l'histoire".
Le Président de la République est toujours aussi méchant et son opposant toujours aussi beau et intelligent.
Le méchant Président bénéficie d'une "immunité présidentielle".
Où les auteurs de BD vont-ils chercher tout ça ?
Toute ressemblance est fortuite, par exemple quand un conseiller déclare : "le Président a été élu car il incarnait la rupture", ou "il faut rétablir l'hyper présence médiatique du Président et réagir sur tous les évènements qui peuvent susciter de l'émotion", ou encore "l'info, c'est le pouvoir"
A suivre...
08:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, bd
02/08/2008
La chaussure sur le toit
Vincent Delecroix
NRF / Gallimard
Un auteur professeur de philosophie, et ayant prouvé sa capacité d'écriture poétique, une chroniqueuse télé matinale qui compare ce livre à "l'élégance du hérisson", que j'ai beaucoup aimé, et à l'arrivée, désolé de le dire, une déception à la hauteur de l'attente.
Une dizaine de scènes de la vie parisienne, ayant en commun une chaussure sur le toit, sans que cette pièce centrale ne me permette de recomposer le puzzle.
Extraits :
"C'est typique des humains : démolir consciencieusement ce qui peut les rendre heureux, ne pas savoir résister au doute"
"Depuis Hegel, il n'est plus possible d'envisager l'art sans penser sa mort"
"La rose est sans "pourquoi ?", dit Silesius cité par Heidegger, "elle fleurit parce qu'elle fleurit !"
"Les gens sont bien futiles : un rien peut détourner leur attention de la souffrance et la fixer autre part. Il faut simplement leur donner un objet et ils y déposeront tout le malheur et tout le ridicule du monde. Et dans le genre ridicule, une chaussure peut très bien faire l'affaire" : voilà toute l'histoire de "la chaussure sur le toit".
08:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/07/2008
Le jour où mon père s'est tu
Virginie Linhart
Seuil
Prix de l'essai des lecteurs de l'Express
Virginie est la fille de Robert Linhart, dirigeant d'un groupuscule maoïste de la fin des années 60.
Brillant intellectuel (Normale Sup à 19 ans), il a décidé, dans la ligne de la "révolution culturelle" de "retourner au peuple" et d'aller travailler en usine. Il a en a tiré un "best seller" : "L'établi".
"Il faut savoir descendre de cheval pour cueillir des fleurs" (Mao)
A 36 ans, après une tentative de suicide, par médicaments, ratée, revenu d'un profond coma, il sombre dans un quasi mutisme que sa fille vit comme un abandon.
Après avoir été tenté d'écrire sur cette génération de dirigeants gauchistes de mai 68, Virginie choisit finalement de rencontrer les "filles et fils de..."
Cela donne une très intéressante galerie de portraits, des parents, et des enfants, de l'enfance de ces enfants de parents militants intellectuels, passionnés de politique, de psychanalyse, de structuralisme, trop occupés par leurs controverses intellectuelles pour s'occuper des enfants, sauf pour exiger d'eux la réussite scolaire car, pour ces révolutionnaires surdiplômés, le gauchisme est un élitisme. Est partagé surtout le sentiment d'être "l'avant garde".
La pratique ne s'accorde pas toujours avec la théorie, ce qui est pénible quand on se veut "scientifique" même en politique !
Le retour à la norme sera difficile. La disparition des illusions s'accompagnera souvent de l'éclatement des couples, ce qui est toujours difficile pour les enfants...
L'auteure remarque que beaucoup de ces responsables militant(e)s sont des enfants de survivant(e)s de la Shoah. D'où la volonté de vivre, de "jouir sans entrave", exprimée en mai 68.
Défilent pour nous :
Roland Castro, Judith Miller (fille de Lacan) et son mari Alain Miller, Beny Levy (secrétaire de Sartre puis responsable d'une école talmudique), Alain Krivine (Ligue Communiste Révolutionnaire), Henri Weber (bras droit de Krivine, puis de Fabius), mais aussi des "petits" qui n'avaient pas le filet de sécurité de l'université, et qui l'ont payé cher...et leurs enfants qui ont une règle générale : ne pas faire comme leurs parents.
Presque, toutes et tous se situent à gauche, et féministes dans leur vie quotidienne. Un seul d'entre eux, fils d'un journaliste fondateur de Libération, est militant : Mao Péninou, élu du XIXe arrondissement, tendance DSK.
Extraits :
"Méchants comme tous les gens qui ont une intelligence extrême" ;
"Il ne s'est jamais remis de ce temps où il crut possible d'infléchir le cours de l'Histoire"
"C'est de s'être trop pris au sérieux qu'ils ont, par la suite, déprimé"
"L'idée générale, c'est qu'on est pas là pour s'amuser"
"Quand on comprend que l'on ne peut pas révolutionner le monde, on le réforme"
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique
26/07/2008
alabama song
Prix Goncourt
Editions "Mercure de France"
Ce roman, écrit à la première personne, s'inspire de la vie de Zelda, fille d'un juge, petite fille d'un sénateur et d'un gouverneur, compagne du célèbre écrivain américain Scott Fitzgerald, de 1918 à 1943, de la gloire à la déchéance.
Elle est morte à 47 ans dans l'incendie de l'aile psychiatrique de l'hôpital où elle était internée.
Extraits :
"Il en est qui se cachent pour voler, pour tuer, pour trahir, pour aimer, pour jouir. Moi, j'ai dû me cacher pour écrire."
"C'est nous qui avons inventé la célébrité et surtout son commerce" ; "ces débordements nous faisaient une lucrative publicité" ;
"Les gens qui s'aiment sont toujours indécents" ;
"Cet ardent désir de me posséder, était-ce bien ce qu'on appelle l'amour ?"
"Tous les hommes sont mus par leur exigence physique et un magnétisme animal"
"Quand les hommes se pavanent et pérorent, je ne sais quoi leur répondre"
"Suis-je censé obéir aux rêves de maman ?" ; "toutes nos mères sont victoriennes"
"Le seul enfant que je voulais de lui, c'était lui" ;
"Nul ne maîtrise les tempéraments, pas plus que les orages" ;
"Notre folie nous unissait. C'est la lucidité qui sépare" ;
"Il n'y a pas de don, il n'y a que cet exercice terrible et exclusif de suer, gémir, d'implorer, qui finit par fonder l'art" ; "tout est nourriture pour le travail de l'écrivain".
07:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature