26/07/2008
alabama song
Gilles Leroy
Prix Goncourt
Editions "Mercure de France"
Ce roman, écrit à la première personne, s'inspire de la vie de Zelda, fille d'un juge, petite fille d'un sénateur et d'un gouverneur, compagne du célèbre écrivain américain Scott Fitzgerald, de 1918 à 1943, de la gloire à la déchéance.
Elle est morte à 47 ans dans l'incendie de l'aile psychiatrique de l'hôpital où elle était internée.
Extraits :
"Il en est qui se cachent pour voler, pour tuer, pour trahir, pour aimer, pour jouir. Moi, j'ai dû me cacher pour écrire."
"C'est nous qui avons inventé la célébrité et surtout son commerce" ; "ces débordements nous faisaient une lucrative publicité" ;
"Les gens qui s'aiment sont toujours indécents" ;
"Cet ardent désir de me posséder, était-ce bien ce qu'on appelle l'amour ?"
"Tous les hommes sont mus par leur exigence physique et un magnétisme animal"
"Quand les hommes se pavanent et pérorent, je ne sais quoi leur répondre"
"Suis-je censé obéir aux rêves de maman ?" ; "toutes nos mères sont victoriennes"
"Le seul enfant que je voulais de lui, c'était lui" ;
"Nul ne maîtrise les tempéraments, pas plus que les orages" ;
"Notre folie nous unissait. C'est la lucidité qui sépare" ;
"Il n'y a pas de don, il n'y a que cet exercice terrible et exclusif de suer, gémir, d'implorer, qui finit par fonder l'art" ; "tout est nourriture pour le travail de l'écrivain".
07:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
12/07/2008
Le vengeur des catacombes
Le vengeur des catacombes Prix du Quai des Orfèvres 2008 P.J. Lambert Editions Fayard Comme chaque année, voici le "prix du quai des orfèvres", attribué depuis 1946, à un manuscrit anonyme, par un jury présidé par le Directeur de la Police Judiciaire. C'est peu dire que les livres récompensés sont peu critiques à l'égard de l'institution policière, et généralement élogieux pour les policiers valeureux qui traquent les criminels, "qui continuent d'y croire, au soleil comme sous l'orage". Ce qui n'empêche pas que les livres puissent être de bonne qualité, dans l'écriture et le scénario ! Le thème de cette année est celui des délinquants sexuels, récidivistes dangereux, de la vengeance des parents de victimes contre eux, des attitudes diverses des policiers, juges et psychiatres.
Malgré le titre, l'action ne se déroule pas dans les 300 kms de galeries et de salles des catacombes. "Qui ne sont des catacombes que depuis à peine 200 ans, alors que les carrières existent depuis la création de la ville". On n'y découvre deux cadavres, et on y retourne plus. Extraits : "Le plaisir est parfois décevant, le désir jamais" "Si tu mets plusieurs chacals en meute, ils peuvent avoir la peau d'un lion"
08:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman policier
31/05/2008
camarades de classe
Camarades de classe
Didier Daeninckx
Editions nrf Gallimard
Didier Daeninckx s'est fait connaître en 1984 pour "Meurtres pour mémoire", Grand prix de la littérature policière.
Il a ensuite publié de nombreux livres dans la "Série noire". Livres policiers très engagés à gauche. Le voilà aujourd'hui dans la "Blanche" de Gallimard, la "nrf".
Didier Daeninckx est né en 1949. Il avait donc 19 ans en 1968. Je le sais, je suis dans le même cas.
Ce livre est celui d'une génération de gamins qui ont grandi dans une banlieue "rouge", et qui se retrouvent, grâce au site "camarades de classe.com", parce que dans cette génération, bientôt sexagénaire, on fréquente internet. Il y en a même qui tiennent des "blogs" !
Ce livre évoque "ces années là", celles de nos 15 ans, et les visions différentes, déformées par les sensibilités, les positions sociales, les préférences affectives...et les mémoires.
Il évoque les destins divers, non programmés, même par l'appartenance sociale, qui auraient pu être différents, voire inversés par les hasards de la vie.
Quelle est la part de hasard, de chances, et de malchances, dans ce que nous sommes devenu(e)s ?
Ce livre dresse donc aussi quelques portraits possibles de membres de cette génération, aujourd'hui : celui qui est déjà mort, celui qui est vivant mais mort pour la société, celui qui est parti vers des terres lointaines, celui qui se demande jusqu'à quel âge il devra continuer à travailler pour toucher une retraite décente, celui qui a peur d'être viré, parce qu'à 59 ans, le risque existe d'être mis au rencart, ou même licencié, pour faire la place à un plus jeune, à un moins cher, celui qui assume une sexualité différente...
Comme dans tous les livres de Daeninckx, l'engagement politique est présent, à gauche mais non stalinien, moins pesant que d'habitude, sans prosélytisme, mais peut-être encore plus convaincant.
Une anecdote pour finir : il y a quelques années j'ai participé, avec grand plaisir, à des retrouvailles de ce genre, d'anciens du lycée d'Etampes, de la même génération. C'était très émouvant, mais un peu traumatisant : il n'y avait que des vieux !
Extraits :
" 58 ans, ça n ' arrange pas les affaires : ils exterminent toutes les tempes grises."
"Leur philosophie (celle de nos parents) reposait sur deux principes intangibles : premièrement on gagne son pain à la sueur de son front. Deuxièmement, on ne pète pas plus haut que son cul. Une boussole pour la vie".
"Décortiquer le mécanisme de l ' injustice, c ' est une manière d ' entretenir l ' esprit de révolte".
"On ne sait pas de quoi est faite la vie d ' un homme, sinon de malentendus, d ' occasions perdues. On est parfois sauvé par le hasard, dont on ignore toujours comment on l ' a saisi".
08:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, littérature