08/11/2008
Millénium 1
Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Stieg Larsson
Editions "Actes Sud"
Depuis le temps que ce livre est en tête des ventes, il fallait bien que je le lise, moi aussi. Je l'ai fait, juste avant que ne sorte la version en coréen. Et j'ai compris son succès : une excellente énigme policière ("découvrons le motif, et nous saurons ce qui s'est passé"), qui en profite pour poser deux importantes questions de société : les montages financiers déconnectés de l'économie réelle (prémonitoire !) et les violences faites aux femmes (malheureusement d'une actualité récurrente).
Sans oublier de rappeler que la tranquille Suède a eu ses mouvements fascistes, dont certains responsables vivent encore paisiblement.
Le héros, journaliste d'investigation, "était d'avis que la vraie mission journalistique était d'examiner les chefs d'entreprise avec le même zèle impitoyable que les journalistes politiques surveillent le moindre faux pas chez les ministres et les parlementaires. Un directeur de banque qui égare quelques centaines de millions dans des spéculations écervelées ne devrait pas pouvoir rester à son poste".
"Les analystes économiques sont devenus une équipe de larbins incompétents, imbus de leur propre importance, et totalement incapables de la moindre pensée critique. Tant de journalistes économiques ne contentent de reproduire les affirmations livrées par les directeurs de société et par les spéculateurs".
"Il faut distinguer l'économie et le marché boursier. L'économie est la somme de toutes les marchandises et de tous les services qui sont produits. La Bourse, c'est tout autre chose. Il n'y a que des fantasmes où, d'heure en heure, on décide que telle ou telle entreprise vaut quelques milliards de plus ou de moins."
J'ai d'autant mieux compris le succès du livre que je dois avouer en avoir un peu oublié, avec un petit sentiment de culpabilité, quelques dossiers professionnels, pour avancer dans l'intrigue, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps.
J'en ai tiré deux conclusions logiques :
- j'ai planifié la lecture du second tome à une période où je pourrai le lire à mon aise ;
- j'ai offert ce premier tome à deux membres de la famille.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
01/11/2008
Un pour deux
Un pour deux
Martin Winckler
Editions Calmann-Lévy
Le docteur Winckler est bien connu depuis "La maladie de Sachs", il y a dix ans.
Ecrivain prolixe, ses romans policiers se déroulent dans le milieu médical, dont il dénonce sans relâche les travers (cette fois-ci un complot médico-chirurgical), et plus spécialement dans la ville imaginaire de Tourmens.
Dans ce roman, il dote Tourmens d'un curieux personnage comme maire : "homme politique de petite taille (il porte des chaussures surélevées), animé d'une immense ambition", tout puissant, nouveau riche, marié avec un ancien mannequin vedette, d'origine italienne, il fait "une tête et demi de moins que son épouse". Il a "promis de nettoyer au jet les quartiers les plus malpropres de la ville".
Je me disais bien que les romanciers s'inspiraient de la réalité...
Ses deux nouveaux héros sont les jumeaux René et Renée qui constituent à eux deux la petite agence de "détectives privés" "Twain Peeks".
Cette gémellité est l'occasion d'une réflexion pointue sur les mystères de l'identité sexuelle.
Martin Winckler est passionné de séries télévisées américaines, et cela se sent.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman policier
26/10/2008
Le visiteur du Sud
Le visiteur du Sud
OH YEONG JIN
Le journal de Monsieur OH en Corée du Nord
Editions Flblb, avec l'aide de la Région Poitou Charentes
Monsieur Oh est Coréen du Sud. Il travaille dans la construction. Son entreprise a été choisie pour un chantier de canalisations, en Corée du Nord, et son entreprise l'a choisi pour y superviser les ouvriers nord-coréens.
Monsieur Oh est également, pendant ses loisirs, dessinateur de Bandes Dessinées. Ce livre est son journal : le voyage d'un Coréen du Sud, ordinaire, qui découvre la Corée du Nord et ses pratiques spécifiques. Monsieur Oh ne fait pas de politique : il raconte, en dessinant, pour montrer aux lecteurs, ce qu'il voit, ce qui l'étonne, dans un pays voisin, issu de la même matrice, mais si différent.
Ayant fait une visite de quelques jours dans ce pays surréaliste, ce livre a réveillé en moi quelques souvenirs : le transit obligatoire par Pékin pour aller de Séoul à Pyongyang, le vol sur Air Koryo (le nom antique de la Corée), qui se trouve sur la liste internationale des compagnies déconseillées, tellement ses avions sont vétustes, Hamhung, la ville la plus industrielle, aux installations "d'un autre âge", et au port désert, l'obscurité dans les rues, les routes à peine praticables, le culte de la personnalité du "Cher Leader", et plus encore de son père disparu .
Ce pays vit-il dans les années 50, 60 ou 70 ? Monsieur Oh et ses collègues en débattent.
Combien de temps le système va-t-il encore "tenir", grâce à l'aide internationale, avant effondrement complet ?
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bande dessinée, voyages
19/10/2008
l'affaire du cuisinier chinois
L'affaire du cuisinier chinois
Pascal Vatinel
Editions du Rouergue
Pascal Vatinel, sinologue, historien et philosophe nous entraîne dans une histoire d'amour, contrarié, au temps des "Royaumes combattants", 300 ans avant notre ère.
Avec des allers retours dans le temps présent, pour bien montrer que la lutte pour la justice, comme le Yin et le Yang, traversent les siècles.
Un adepte de Confucius et un Taôiste s'allient pour faire triompher le Bien contre le Mal.
Comme la cuisine est un élément essentiel de la civilisation ("Tout ce qui marche, vole, nage ou rampe sur notre planète semble pouvoir trouver ici une recette"), un cuisinier est au centre de l'"affaire", qui rassemble, 2.300 ans plus tard deux vénérables universitaires contre des bureaucrates corrompus, "dans un présent façonné par le goût du pouvoir, plongés dans un passé qui ne l'était pas moins" car "tout change et rien ne change".
"Atteindre le but est important, mais tellement moins que de savoir marcher"
"La soif du pouvoir peut procurer chez certains êtres une énergie et des facultés insoupçonnables"
"C'est au comble du bonheur qu'il faut se préparer à affronter le malheur"
"C'est lorsque le cochon est beau et bien gras qu'il a le plus de chances d'être dévoré"
"Lorsque la pâte du ravioli se déchire, la farce apparaît"
"Même celui à qui il ne reste qu'un cheveu, on ne peut le traiter de chauve"
"Quelle que soit l'épaisseur de la neige, elle ne peut suffire à écraser une montagne"
"Ce n'est pas en le tirant pas la queue que tu sors le tigre de sa tanière"
08:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
18/10/2008
chagrin d'école
Chagrin d'école
Daniel Pennac
Editions Gallimard, collection NRF
"Entre les murs" n'était pas encore un énorme succès cinématographique lorsque Pennac, ancien cancre devenu enseignant et auteur à succès, a sorti ce livre tellement complémentaire.
Un livre pour toutes celles et tous ceux, parfois en "état d'hébétude scolaire" qui se sont demandés si le système scolaire était fait pour eux, et réciproquement, avant, parfois, d'être sauvé(e)s par un(e) enseignant(e) pédagogue dans l'âme.
"L'idée que l'on puisse enseigner sans difficulté tient à une représentation éthérée de l'élève".
"Besoin d'instruire d'autant plus difficile à combler qu'il faut d'abord les éveiller".
"Comme on ne peut pas vivre sans passion, ils développent, faute de mieux, la passion de l'échec."
Je me suis parfois reconnu.
Il a fallu 68 pour que j'obtienne mon Bac, faute de guerre mondiale, je n'ai jamais tenté l'agrégation.
"Mes professeurs pratiquait la dictée comme une razzia de riches dans un quartier pauvre"
"Il me fallait un monde à moi, ce fut celui des livres".
"Je lisais comme Emma Bovary, pour la seule satisfaction de mes sensations, lesquelles, par bonheur, se révélèrent insatiables". (Et ça continue !)
"Le cancre oscille perpétuellement entre l'excuse d'être et le désir d'exister"
"On ne change pas tellement, on fait avec ce qu'on est".
"Pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent, il faut cesser de brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment"
"Une vague promesse d'avenir, contre une pleine présence scolaire, voilà ce que l'école exige".
"Il n'y a pas plus étanche que le chagrin pour faire écran au savoir"
"Je hais cette peur du pauvre que la propagande attise à chaque période électorale"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature