28/06/2008
Là où vont nos pères
Là où vont nos pères
Shaun Tan
Prix du meilleur album "Fauve d'or"
Angoulême 2008
Editions Dargaud
C'est un album sans paroles, mais aux dessins, couleur "sépia", très expressifs qui racontent l'histoire de tous les émigrés, exilés, avec une tendresse infinie qui va de la tristesse à l'espoir : difficultés du départ, difficultés du voyage, difficultés pour trouver un logement et un emploi, difficultés de l'intégration.
Bien loin des élucubrations des lepénistes et autres "identitaires"...
Touchant, même pour celles et ceux dont les pères se sont contenter de quitter le village pour la grande ville.
07:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, bd
07/06/2008
Sardines
Sardines Nuruddin Farah 10/18 n°3482 Nuruddin Farah est un des plus grands écrivains africains. Réfugié en Afrique du Sud, ses livres, en particulier celui-ci, parlent de son pays natal, la Somalie.
Ce second volet de son triptyque intitulé de façon explicite "Variations sur le thème d'une dictature africaine" est particulièrement consacré à la condition des femmes. Avec une conclusion implacable : si la dictature est possible, c'est parce qu'elle existe déjà au sein de la famille, du clan, de la société.
Dans leur condition, les femmes ne sont pas victimes seulement des hommes, mais également des plus traditionnalistes d'entre elles qui tiennent à faire subir à leurs petites filles les douleurs qu'elles ont vécues. Extraits : "Nous disons que nous sommes socialistes en public, ou quand nous sommes en présence de ceux qui ne savent pas que nous faisons semblant, que nous jouons. Aussitôt que le rideau retombe sur la scène, aussitôt que nous sommes seuls, le masque tombe et nous venons réclamer notre part du butin". "Quand un aigle s'envole triomphalement avec sa proie, il découvre que le ciel n'offre aucune place où se poser calmement pour dégarnir l'os de la chair". "Il faut sur imprimer le motif tribal sur la tapisserie de la politique africaine". "La stratégie reste la même : affame et règne". "Nous avons vu les échecs d'un impérialiste nationaliste (Nasser) et d'un impérialiste tribaliste (Kenyatta)". "Dans ce siècle, l'Africain est un invité, que ce soit en Afrique ou ailleurs". "La tradition nomade est bien moins rigide, en général, que le comportement institutionnalisé de la tradition arabe". "S'il avait un esprit aussi faible, c'était parce qu'il n'avait pas grandi avec un père fort à dépasser ou à imiter." "Elle déchira le dessin en morceaux pas plus grands que des larmes" "Chaque viol est politique : les puissants violent les faibles". "La femme ne doit pas prendre plaisir à l'extraordinaire exhibitionnisme extraverti de ces Européennes qui, ayant traqué le soleil jusque dans son séjour d'été, se baignent vêtues seulement de leur sueur triomphale." "Si elles sont bonnes musulmanes, elles vont au ciel, où Allah leur assignera leur tâche habituelle : celle de servir les hommes". "Comme toujours, il y avait une discrimination à l'encontre des filles : elles étaient enterrées à l'extérieur du cimetière familial. La plupart d'entre elles n'avaient pas de pierre pour marquer leur tombe". "Une femme, comme tous les êtres inférieurs, doit être laissée dans le doute" (Faut-il préciser que dans le livre ces affirmations ne sont avancées que pour être dénoncées et combattues ?) "La bonne écriture est subversive, la mauvaise ne l'est pas. La bonne écriture, c'est comme une bombe : ça explose à la face du lecteur". Citation : "Dans une ville affamée, il y a toujours un parfum de nourriture dans l'air" Malcom Muggeridge
07:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, afrique
31/05/2008
camarades de classe
Camarades de classe
Didier Daeninckx
Editions nrf Gallimard
Didier Daeninckx s'est fait connaître en 1984 pour "Meurtres pour mémoire", Grand prix de la littérature policière.
Il a ensuite publié de nombreux livres dans la "Série noire". Livres policiers très engagés à gauche. Le voilà aujourd'hui dans la "Blanche" de Gallimard, la "nrf".
Didier Daeninckx est né en 1949. Il avait donc 19 ans en 1968. Je le sais, je suis dans le même cas.
Ce livre est celui d'une génération de gamins qui ont grandi dans une banlieue "rouge", et qui se retrouvent, grâce au site "camarades de classe.com", parce que dans cette génération, bientôt sexagénaire, on fréquente internet. Il y en a même qui tiennent des "blogs" !
Ce livre évoque "ces années là", celles de nos 15 ans, et les visions différentes, déformées par les sensibilités, les positions sociales, les préférences affectives...et les mémoires.
Il évoque les destins divers, non programmés, même par l'appartenance sociale, qui auraient pu être différents, voire inversés par les hasards de la vie.
Quelle est la part de hasard, de chances, et de malchances, dans ce que nous sommes devenu(e)s ?
Ce livre dresse donc aussi quelques portraits possibles de membres de cette génération, aujourd'hui : celui qui est déjà mort, celui qui est vivant mais mort pour la société, celui qui est parti vers des terres lointaines, celui qui se demande jusqu'à quel âge il devra continuer à travailler pour toucher une retraite décente, celui qui a peur d'être viré, parce qu'à 59 ans, le risque existe d'être mis au rencart, ou même licencié, pour faire la place à un plus jeune, à un moins cher, celui qui assume une sexualité différente...
Comme dans tous les livres de Daeninckx, l'engagement politique est présent, à gauche mais non stalinien, moins pesant que d'habitude, sans prosélytisme, mais peut-être encore plus convaincant.
Une anecdote pour finir : il y a quelques années j'ai participé, avec grand plaisir, à des retrouvailles de ce genre, d'anciens du lycée d'Etampes, de la même génération. C'était très émouvant, mais un peu traumatisant : il n'y avait que des vieux !
Extraits :
" 58 ans, ça n ' arrange pas les affaires : ils exterminent toutes les tempes grises."
"Leur philosophie (celle de nos parents) reposait sur deux principes intangibles : premièrement on gagne son pain à la sueur de son front. Deuxièmement, on ne pète pas plus haut que son cul. Une boussole pour la vie".
"Décortiquer le mécanisme de l ' injustice, c ' est une manière d ' entretenir l ' esprit de révolte".
"On ne sait pas de quoi est faite la vie d ' un homme, sinon de malentendus, d ' occasions perdues. On est parfois sauvé par le hasard, dont on ignore toujours comment on l ' a saisi".
08:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, littérature
24/05/2008
Mai 68 en photos
Mai 68 en photos
Rogier Viollet
Commentaires de Janine Casevecchie
Editions Chêne / Hachette
Belles photos en noir et blanc et la commentatrice a, manifestement, plus de sympathie pour les étudiants que pour les CRS.
Ce qui est bien dans ce livre, c'est que les différentes étapes sont bien marquées :
- du 2 au 13 mai : le mouvement étudiant, les barricades ;
- le tournant du 13 mai quand les ouvriers de mettent en grève, que la paralysie gagne le pays. Le mouvement s'étend : la télévision et le cinéma (Festival de Cannes) sont touchés car les artistes "entrent dans la danse" ;
- le tournant du 24 mai, quand De Gaulle disparait ;
- le retour, et le retournement, le 30 mai, avec la manifestation gaulliste sur les Champs Elysées. Début du reflux, avec la fin des grèves et les élections, triomphales pour la Droite, le 30 juin.
Pas de grands discours : les petits commentaires se contentent d'éclairer des photos explicites.
08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : livre, photos, mai 68
17/05/2008
Pilote, Mai 68
Pilote Mai 68
Editions Dargaud
Pilote, "le journal qui s'amuse à lancer un pavé".
Pilote, le journal de nos années adolescentes. Journal que nous avons eu tant de plaisir de continuer à lire plus âgés (comme chantait Brel : "il nous fallu bien du talent pour être vieux sans être adultes".
Pilote publie un "numéro exceptionnel pour un drôle d'anniversaire", avec 60 auteurs de BD, certain(e)s ayant vécu cette année là, d'autres non, un peu moqueurs à l'égard des anciens : Cabu qui, en 68 était surtout connu pour "le grand Duduche", Gotlib, Fred, Lauzier (inventeur avant l'heure des "bobos"), Pétillon, Mandrika, Vuillemain, Ferri (auteur de "De Gaulle à la plage"), Florence Cestac (de "Futuropolis"), Martin Veyron etc.
A noter également les textes écrits, également excellents, surtout celui de Marie-Ange Guillaume, 22 ans en 68, institutrice de province devenue tenancière de sex-shop.
07:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, mai 68