France, mai 45

Les revenants de l'inspecteur Sadorski

Romain Slocombe

éditions Robert Laffont / "la bête noire"

 

La paix en Europe est sur le point d'être signée. Les survivants des camps d'extermination reviennent. Généralement dans un état sanitaire pitoyable.

La description des horreurs des camps d'extermination est difficilement soutenable.

L'ex inspecteur Sadorski a changé de lieu d'habitation, d'apparence, de nom. Mais certains le retrouvent.

Il est devenu détective chargé de pister les biens volés aux Juifs en France, en particulier à Paris, en particulier les peintures, ce qui donne à l'auteur l'occasion d'une description au vitriol du monde des marchands de tableaux, profiteurs éhontés de la collaboration.

"Entre avril 41 et juillet 44, ce sont 20 000 oeuvres environ qui ont été expédiées vers l'Allemagne, dans plus de 4 000 caisses." "Les lois antijuives de Pétain permettaient la saisie des biens des israélites comme ceux des résistants."

"L'épuration illégale a causé chez nous de 10 000 à 11 000 morts, qu'on préfère oublier, et ceux qui sont du bord des victimes vont jusqu'à multiplier ces chiffres par dix."

Un tableau saisissant des "résistants" de la 25 ème heure, se dressant en justiciers.

Sadorski est un salaud cynique et raciste, à tel point qu'un avertissement nous prévient : "ni l'auteur ni l'éditeur ne cautionnent les propos ou les agissements du personnage central. Ils sont le reflet de son époque, comme ils peuvent présager celles qui nous attendent. Car "le ventre est fécond d'où a surgi la bête immonde."

 

L'utilisation des réseaux sociaux

Brûlez tout

Christophe Molmy

Prix du Quai des Orfèvres 2026

éditions Fayard

 

La vie d'une unité de la PJ confrontée à un groupe violent : incendie, relais 5G explosé, passages à tabac de personnalités. A chaque fois les exploits sont diffusés sur les réseaux sociaux dans l'idée de faire "boule de neige", jusqu'à "l'insurrection".

Des personnages sensibles. Un chef à l'ancienne, peu habitué des réseaux sociaux,  qui se sent un peu dépassé par ses jeunes collègues.

Le suspens n'est pas insoutenable...

1980 / 81 / 82

L'étendard sanglant est levé

Benjamin Dierstein

éditions Flammarion

 

Ne pas se laisser rebuter par le pavé de presque 900 pages. Elles se lisent facilement et souvent rapidement.

Deuxième tome de la saga politico-historique commencée avec "Bleus, blancs, rouges" et qui manifestement est appelée à se poursuivre.

On retrouve donc les deux jeunes inspecteurs rivaux Marco Paolini de la PJ, et du SAC, et Jaquie Lienard des Renseignements Généraux et du PS.

Les lecteurs de ma génération y retrouveront tout ce que nous avons vécu, espoirs et déceptions lors de ces trois années.

Et ce que nous n'avons pas vu : la compétition entre services de police, ou de gendarmerie. Services syriens et libyens, le monde de la nuit à Paris...Le dessous des attentats.

 

 

Un fossoyeur hors du commun

Balanegra

Marto Pariente

éditions Série noire

Prix des jeunes libraires 2025

 

Après avoir été tueur à gages, Coveiro vit une nouvelle vie dans un petit village comme fossoyeur, ce qui l'occupe deux fois par an. Le reste du temps il chasse et il s'occupe de son neveu, autiste.

Quand une famille riche a la mauvaise idée de s'en prendre à lui la réponse est fulgurante.

Un rythme rapide et plein d'humour pour un "polar" vite lu.

L'auteur est un ancien policier.

 

Se méfier des sectes

L'ombre portée

Hugues Pagan

éditions Rivages / Noir

 

25 ans dans la police après avoir étudié la philosophie,  et fait un bref passage dans l'enseignement, Hugues Pagan nous raconte une histoire policière tout en nous faisant sentir ses préoccupations sociales, dans un style élégant sans être prétentieux.

Tout commence par l'incendie d'une ancienne menuiserie, et la mort inattendue de trois SDF qui y avaient trouvé refuge. La hiérarchie du groupe criminel chargé de l'enquête ne veut pas s'embarrasser d'une telle affaire.

La piste va les conduire à une secte, plus criminelle qu'ésotérique.

L'action se passe dans une ville de province brumeuse, il y a quelques années. On fume beaucoup et on boit pas mal, y compris dans la police.

 

"on savait déjà que, volontaire ou non, la ségrégation sociale passait d'abord par le logement."

"il avait rétorqué qu'on pouvait être magistrat sans cesser d'être lucide, comme on pouvait être flic sans être totalement abruti."