03/10/2023
L'agent secret, son auteur et son éditeur
L'espion qui venait du livre
Luc Chomarat
Sélection 2014 "prix du meilleur polar"
Le livre commence comme un OSS 117, caricature et dérision à la Jean Dujardin comprises.
La démarche est souple, les muscles également, le regard est d'acier et ravageur vers les blondes aux gros seins qui l'entrainent immédiatement dans leurs lits, à Singapour.
N'en jetez plus. L'éditeur n'en peut plus de ces clichés à deux balles.
L'éditeur entre dans l'histoire. L'auteur également. Voici donc trois personnages de roman d'espionnage en quête d'histoire. Ils basculent dans un "imbroglio" romanesque".
Luc Chomarat mène une réflexion sur la littérature. Qu'est-ce que la littérature ? Exposé en première année d'université...
"L'espion qui venait du livre" ne peut pas obtenir le "prix du meilleur polar", car ce n'est pas un polar !
07:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
01/10/2023
Une masculinité sur le déclin
Men untitled
Carolyn Drake
Fondation Henri Cartier-Bresson
jusqu'au 14 janvier
Surprise dérangeante que cette exposition de Carolyn Drake, membre, depuis 2015, de l'agence Magnum.
Il est fréquent d'apercevoir, et même de voir, des corps nus aux détours d'expositions photos. Généralement ces corps sont féminins et harmonieux.
Là, il s'agit de corps d'hommes vieillissants, minimum plus de 50 ans, le plus souvent nus, aux corps frippés. Quand la photo est prise de face le sexe est rabougri.
Carolyn Drake a trouvé ses modèles parmi les maris et les amis de ses amies du Mississippi. Ils ont accepté de se dénuder, conscients que ce geste les rabaissait, à la limite de l'humiliation.
"tous les projets photographiques exigent un certain degré de courage, il faut du courage pour photographier d'autres personnes, surtout des personnes que vous ne connaissez pas" (Carolyn Drake)
14:17 Publié dans photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photos
29/09/2023
Birmanie 1954
Chroniques diplomatiques
Birmanie 1954
scénario : Tritan Roulot
dessin : Christophe Simon
couleur : Alexandre Charpentier
éditions Le Lombard
Toujours bien de mélanger une aventure avec rebondissements et un rappel historique d'une situation géopolitique ancienne qui laisse des traces dans l'actualité.
Le Lombard est un éditeur de Bruxelles et cet album est donc à mettre au crédit de la fameuse BD belge.
Le dessin et l'aventure me rappellent tout à fait les albums de mon adolescence, avec des gentils et des méchants et de l'action, et même un espion communiste !
Le seul problème est le décalage entre le texte et le dossier historique de fin de volume.
Exemples : le Premier ministre Lu Nu est présenté dans l'aventure comme un homme de paix. " les colons anglais ont défini les frontières de mon pays et mis ensemble des peuples rivaux depuis des millénaires, mais ce qui était une absurdité va finir par devenir notre chance."
"En 1962, Lu Nu fut renversé par son chef des armées. Le bouddhisme devint tout puissant, en une nuit les chrétiens virent tous leurs biens confisqués par le régime.
Dans le dossier historique :
"En faisant du bouddhisme la religion d'Etat, U Nu s'imagine capable de réaliser la construction d'un grand Etat birman centralisé. Cette décision déclencha la révolte des minorités chrétiennes."
Dans la BD :
"le général Aung San, héros de l'indépendance birmane voulait intégrer la laïcité comme valeur nationale dans la Constitution, hélas il fut assassiné" Il est présenté comme le "grand-père" d'Aung San Suu Kyi. La vérité est rétablie dans le dossier historique : il est le père et non le grand-père de la figure de l'opposition à la dictature des généraux.
"le royaume d'Arakan fut longtemps gouverné par des souverains musulmans. Les Anglais font venir toujours plus de Bengalis pour cultiver le riz. Le Bangladesh refuse d'accueillir ces musulmans, connus aujourd'hui sous le nom de "Rohingyas" qui ne figurent pas dans la liste des 135 minorités reconnues reconnues comme birmanes.
11:42 Publié dans histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd historique
27/09/2023
De l'Artzakh au Karabagh
Droit des peuples !
C'est Staline qui a décidé, en 1921, du rattachement administratif de l'Artzak, peuplé alors à 95% d'Arméniens, à l'Azerbaïdjan . Pourquoi Staline voulait-il punir les Arméniens ? Trop attachés à leur Eglise et trop réfractaires à la collectivisation agraire soviétique. L'armée sera obligée d'intervenir contre les petits paysans de la région pour briser la résistance.
La question reviendra au moment de la perestroïka. En 88, le Soviet du Karabagh, région autonome encore peuplée de 80% d'Arméniens, vote en faveur du rattachement à l'Arménie, au nom du droit à l'autodétermination.
Mais la volonté de Moscou était de maintenir le statu-quo administratif.
Aujourd'hui l'Azerbaïdjan est riche de son pétrole et de son gaz. Quand je suis allé à Bakou, on m'avait dit : "tu sentiras l'odeur du pétrole". en fait, j'ai surtout vu l'odeur de l'argent du pétrole dans les boutiques de Bakou. Le budget militaire de Bakou est supérieur au budget global de l'Arménie. Le déséquilibre est trop important. Et depuis l'agression de la Russie sur l'Ukraine les Européens ont trop besoin du gaz azéri...Le premier pogrom contre les Arméniens a été pour chasser les bourgeois arméniens enrichis par l'exploitation des puits de pétrole.
Deux principes contradictoires s'opposent : droit à l'autodétermination des peuples contre intangibilité des frontières. Y compris des frontières administratives internes ! Nous avons vu le résultat en Yougoslavie ! Et encore aujourd'hui avec le Kosovo...
Le Président azéri et le président turc viennent de se rencontrer et de se congratuler au Nakhitchevan, ancienne province historique arménienne, encore majoritairement peuplée d'Arméniens il y a un siècle...
Pour en savoir plus, et mieux, voir le "Que sais-je" de Claire Mouradian
07:47 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arménie
25/09/2023
Mourir en Iran pour le droit des femmes
Femme, Vie, Liberté
sous la direction de Marjane Satrapi
éditions L'iconoclaste
Marjane Satrapi a réuni dix-sept des plus grands talents de la BD pour raconter la vague de protestation qui secoue l'Iran. 17 BD qui ouvrent les yeux.
La conclusion revient, en BD, à Joann Sfar, au mieux de sa forme.
Pas d'hésitation : je l'offre à ma petite fille !
"Réclamez la laïcité c'est remettre en cause tout le régime"
"Il y a des années, ont pensait que l'émancipation des femmes était une question secondaire qui relevait de l'intime"
"C'est l'intime qui devient politique"
"C'est pourquoi ce régime a perdu."
08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, iran