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02/05/2023

Bûcher médiatique

Le voyant d'Etampes

Abel Quentin

J'ai lu n°13552

Prix de Flore

 

Abel Quentin, dont le vrai nom est Albéric de Gayarder, la quarantaine,  se glisse dans la peau de Jean Roscoff, 65 ans, tout juste retraité de l'université, ancien élève de l'école normale supérieure, ancien militant de "SOS racisme",   "vieux soiffard guignolesque", atteint de "la masculinité toxique des vieux soixante-huitard". Après avoir écrit sa thèse sur les Rosenberg, militants communistes américains, condamnés à mort pour espionnage, il écrit "le voyant d'Etampes", consacré à un poète noir américain, Robert Willow, né en Caroline du Nord, communiste, ami de Sartre et de Saint-Germain des près,  parti chercher la tranquillité à Etampes, à 55 km de Paris, "ancienne ville royale devenue sous-préfecture, "assoupie depuis un demi-millénaire".

Ne cherchez pas : ce poète n'a jamais existé !

La critique médiatique reproche à Jean Roscoff de ne pas avoir décrit son poète comme noir.

Je connais un peu la problèmatique puisque je me suis longtemps qualifié de "color blind". Jusqu'au jour où mon assistante, originaire du Nigéria,  m'a proposé de faire avec elle le voyage Bruxelles/ Paris pour que je puisse constater combien de fois elle allait être contrôlée, dans le train, à la descente du train, à la sortie de la gare...

Pour ne pas avoir mis en avant la "négritude" du poète, Roscoff est accusé de racisme.

 

"être une promesse non tenue : c'était mon unique horizon, ma charge immense"

"les dettes sont la promesse d'une génération plus prospère"

"1984, l'année où Laurent Fabius et sa morgue aristocratique éteignaient les derniers feux de la période romantique jauressienne, vieille gauche, inflationniste incarnée par l'imposant Pierre Mauroy - et c'était tout un programme que de voir un trentenaire aux doigts délicats et aux costumes croisés déloger le colosse du nord, l'ancien professeur de l'enseignement technique, le militant besogneux qui avait plus d'une fois allongé ses grosses mains au-dessus d'un feu de baril, dans le matin gelé, au milieu des grévistes."

"ce racisme antiraciste est le seul chemin qui puisse mener à l'abolition des différences de races" (J.P. Sartre)

 

08:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

18/04/2023

Paternités douteuses, Islande XVIIIe siècle

Le roi et l'horloger

Arnaldur Indridason

éditions Métailié

 

Le roi, c'est Christian VII du Danemark dont l'Islande est une colonie.

L'horloger est un Islandais immigré à Copenhague.

L'horloger répare,  dans les archives du palais royal une horloge du maître horloger suisse Isaac Habrecht qui a réalisé également l'horloge de la cathédrale de Strasbourg.

L'horloger reçoit régulièrement la visite du monarque qui s'intéresse plus à la vie dans la lointaine Islande qu'à l'horloge.

L'horloger raconte donc au souverain comment son père et sa gouvernante ont été condamnés à mort pour fornication hors mariage et pour un inceste imaginaire.

Hors, il se trouve que Christian VII lui même préférait forniquer avec des prostituées qu'avec la reine, mais que, pour sauver la face de son épouse Caroline-Mathilde,  il a endossé la paternité de la fille conçue avec son amant, le médecin de la famille royale devenu Régent. Fait qui lui aurait valu la peine de mort en Islande. Mais, comme disait La Fontaine "selon que vous serez puissant ou misérable..." C'est donc l'amant et non le roi qui a été condamné à mort. L'histoire de Johann Strense a été raconté dans le film "A Royal Affair" en 2012 avec Mads Mikkelsen dans le rôle de Struense.

Le roi ne peut qu'entendre dans le récit le reflet de sa propre faute.

En Islande à cette époque les femmes condamnées à mort étaient noyées, enfermées dans un sac lesté de pierres. L'eau étant supposée les laver de leurs péchés...

 

"En fin de compte, le roi n'avait jamais été plus heureux qu'en compagnie du petit peuple qu'il avait fréquenté pendant ses années dorées."

"L'horloger se laissa tomber dans le fauteuil en essayant de se rappeler combien de fois il avait fait état dans son récit de paternités douteuses. Et combien de fois elles étaient assorties de duperies, de mensonges,de tromperies et de dérobades."

 

29/03/2023

Suède, 1795

1795

Niklas Natt och Dag

éditions Sonatine

 

Le roi est Gustave IV Adolphe encore adolescent. Il est sous tutelle. Il a succédé à son père Gustave III, assassiné. Devenu majeur il sera poussé par la noblesse à abdiquer en raison de ses crises de démence.

Le roman se passe à un moment où le régent sait qu'il va être obligé de laisser la place.

Plus que les luttes de pouvoir, le roman montre la vie des pauvres de Stockholm. En particulier quand il fait froid. La misère est-elle moins pénible au soleil ?

Le riches peuvent tout se permettre en toute impunité. Quand le Régent est incommodé par tous ces pauvres, il ordonne un ratissage pour les ramasser et les expulser.

Tout le monde recherche un jeune femme qui aurait la liste des conspirateurs qui complotent contre le Régent.

 

"L'âge l'a pris en traitre, une catastrophe si aisée à prévoir, mais qui autrefois ne frappait que les autres."

"Le Régent avait engagé des tractations secrètes avec la France révolutionnaire, la gangrène de l'Europe, et voilà que s'était produit l'impensable : la Suède venait de reconnaître la toute nouvelle république, en échange du renflouement des caisses vides de l'Etat, chaque sou donné puisé dans les fosses communes où les cadavres sans tête étaient empilés sous deux brasses de terre. La Suède, seule en Europe, jetée dans les bras de l'ennemi de tous."

"celui qui est beau peut-être pauvre, mais le laid doit être riche."

"la plus ancienne des ruses de guerre est de se faire passer pour l'offensé, de manière à pouvoir attaquer en montant sur ses grands chevaux du bon droit."

 

15/03/2023

Une femme et sa mère

Une femme

Annie Ernaux

Prix Nobel de littérature 2022

folio 2121

 

"Ma mère est morte". Ainsi commence le livre. Une accroche qui fait penser à Camus. Annie Ernaux raconte à sa manière : pas un roman, pas un reportage non plus. De la littérature.

"Ceci n'est pas une biographie, ni un roman naturellement, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l'histoire."

 

"la messe qui vous donnait le sentiment de ne pas vivre comme des chiens"

"la jeunesse de ma mère, cela en partie : un effort pour échapper au destin le plus probable, la pauvreté sûrement, l'alcool peut-être."

"pour une femme, le mariage était la vie ou la mort, l'espérance de s'en sortir mieux à deux ou la plongée définitive. Il fallait donc reconnaître l'homme capable de "rendre une femme heureuse".

"S'élever, pour elle, c'était d'abord apprendre"

"elle perdait la tête. Cela s'appelle la maladie d'Alzheimer"

 

 

08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

11/03/2023

Du Dombas à la Crimée

Las abeilles grises

Andreï Kourkov

Prix Médicis étranger 2022

éditions Liana Levi

 

Ce roman a été écrit avant la tentative d'invasion de l'Ukraine par les forces russes mais il garde toute sa pertinence.

Sergueïtch habite dans la zone "grise" entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes du Donbas . Il travaillait dans les mines de charbon, il a attrapé la silicose et s'occupe à plein temps de ses six ruches qui l'aident à vivre. Le village a été déserté. Il ne reste plus que Sergueïtch et son copain/ ennemi depuis le temps de l'école. Il est ukrainien mais parle couramment le russe. Sauf qu'il n'a plus grand monde à qui parler.

Le printemps venu, il charge les ruches sur une remorque et part vers le sud-ouest. Il sympathise avec une épicière avec qui il fait du troc : miel contre nourriture. Les villageois le regardent avec méfiance, puisqu'il vient de l'Est.

Il reprend la route en direction de la Crimée occupée par les Russes qui cherchent à expulser les Tatars, comme Catherine II l'avait fait en son temps. Serguieïtch cherche un ami apiculteur rencontré dans un congrès. Il n'est plus là mais sa famille est accueillante. Il peut installer ses ruches à coté de celles de son ami.

Andreï Kourkov est un écrivain ukrainien de langue russe. Il prouve que les Ukrainiens de langue russe ne sont pas pour autant des partisans de Poutine et de l'annexion de leur pays.

 

"la pègre locale, renforcée par l'internationale militaire russe"

"allez savoir ce qui est important dans une vie familiale : l'amour ou la patience ?"

"Qu'est-ce qui se passe ? lui demanda-t-il.

- La victoire ! dit l'autre, radieux. La victoire !

-Mais qui est le vainqueur ?

- Je ne sais pas dit Pachka, mais on s'en fout ! L'important, c'est que c'est la victoire! La fin de la guerre !"

 

07:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, ukraine