02/12/2023
De père en fils
Le fils du père
Victor del Arbol
Actes Sud / actes noirs
Diego, issu d'un milieu très pauvre, est prof d'université. Il a une belle villa face à la mer. Il a hérité de "la grande maison", léguée par son père. Maison qui fut celle de la riche famille qui employait son grand-père et a humilié son père, dans un petit village d'Estrémadure, l'extrèmement dure, comme son nom l'indique.
Mais pour l'heure Diego est en hôpital psychiatrique parce qu'il a tué.
Comme son père Antonio et son grand-père Simon avaient tué avant lui.
Son père avait quitté le village pour Barcelone, jusqu'à ce qu'une rixe fatale le mène à la Légion étrangère au Sahara occidental, alors colonie espagnole, où il fera l'expérience de la rudesse du désert.
Simon, le grand-père, malgré son choix de la Phalange franquiste pendant la guerre "civile" est déclaré "volontaire", d'office, pour partir combattre au sein de la division espagnole "Azul" sur le front russe, aux côtés des troupes allemandes. L'inconvénient de ne pas avoir caché ses relations avec l'épouse de l'officier de la "Guarda Civil". On lui avait promis la gloire, à son retour il est sans emploi.
A travers cette histoire familiale, nous voyons une page de l'histoire de l'Espagne contemporaine, de ses relations avec la police et la religion, et surtout des relations entre riches et pauvres.
Un roman noir sans enquête policière.
"Il faut apprendre à vivre et à mourir, et pour être un homme il faut refuser d'être Dieu" (Albert Camus)
"Nous faisons les guerres et ils les gagnent"
"il n'y a rien de plus subversif que la faim et le manque d'espoir. Prive un homme de son pain, bouche lui son horizon et tu en feras un rebelle"
10:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
22/11/2023
élargissement de l'Union européenne aux Balkans occidentaux
L'élargissement
Robert Menasse
Prix du livre européen 2024
éditions Verdier
Le Conseil européen a décidé d'ouvrir les négociations d'élargissement de l'Union européenne aux pays des Balkans occidentaux, en particulier l'Albanie.
Robert Menasse nous livre un véritable cours de géopolitique européenne à l'occasion d'un roman aux multiples rebondissements.
Le casque de Skanderbeg, conservé au musée d'histoire de l'art de Vienne est volé.
Skanderbeg est le grand héros des Albanais car il a chassé les Ottomans du pays. Sa statue monumentale trône sur la place centrale de Tirana.
Ce que l'on sait moins, et j'avoue que je l'avais totalement oublié, est que Skanderbeg n'était pas musulman mais chrétien, ce qui devrait rassurer les forces hostiles à l'adhésion à l'Union européenne d'un pays majoritairement musulman. Il suffit de voir la consommation d'alcool dans le pays et la tenue vestimentaire des femmes pour être rassuré sur le caractère laïc du pays.
Du coté de l'Union européenne, les fonctionnaires chargés des négociations sont autrichien, et un Polonais totalement opposé au Premier ministre anti-européen de son pays, non reconduit depuis.
S'y ajoutent deux policiers, un Néerlandais d'Europol, et un Autrichien, nationalité de l'auteur, puisque le vol a eu lieu à Vienne. Ils enquêtent sur la disparition du casque.
La fin est assez imprévisible, marquée par l'apparition du Covid et l'aggravation du problème des migrants venus du continent africain.
Il y a de l'action, de l'amour et de l'humour. J'ai préféré ce volet au premier "la capitale".
L'Albanie y apparait comme un pays au fort potentiel touristique et à la population sympathique.
"Ce qui avait stupéfié Adam, c'était que le Premier ministre polonais ne montrait aucune compréhension pour les problèmes et les espérances des Etats balkaniques qui s'efforçaient d'adhérer à l'UE."
"Certains Etats membres sont opposés à un élargissement comme à un approfondissement de l'UE, en somme ils sont contre l'Europe dont rêvent les bureaucrates de la Commission."
"On commençait pas donner des espoirs à ces pays, à leur ouvrir des perspectives, on versait des sommes considérables pour engager des réformes et des mesures d'harmonisation, tout cela pour se heurter finalement au veto de divers chefs d'Etat et se contenter de gérer à peu près une situation de blocage."
"Comment peut survivre un esprit de résistance sans espoir, s'il n'est pas fou ?"
11:37 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, littérature
31/10/2023
Les piliers de la terre en BD
Les piliers de la terre
d'après l'oeuvre de Ken Follett
adaptation et scénario Didier Alicante
dessin Steven Dupré
couleur Jean-Paul Fernandez
traduction de Jean Rosenthal
conseiller historique :Nicolas Ruffini-Ronzani
modélisation 3D Quentin Swysen
lettrage : Philémon Chailleux
éditions Glénat / Robert Laffont
Livre premier : le rêveur de cathédrale
J'ai beaucoup aimé le roman de Ken Follett, ainsi que l'adaptation en série télévisée. Je ne suis pas déçu par cette adaptation en BD.
C'est avec plaisir que j'ai retrouvé les héros de ces aventures qui se passent dans le sud de l'Angleterre au début du XXIIe siècle.
Il y a quelques méchants facilement reconnaissables, en particulier le jeune arrogant Lord William.
Et il y a tous les gentils : Tom, le maçon qui rêve de cathédrale mais qui, pour l'heure, cherche désespérément du travail pour nourrir sa famille et lui même, ses enfants, la gentille "sorcière" Ellen, la douce Aliena qui ne veut pas épouser Lord William, et au prieuré le moine Philip.
La guerre de succession au trône d'Angleterre entre Stephen et Maud n'influe pas encore directement sur l'intrigue.
08:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/10/2023
Autour du krach de 1929
Trust
Herman Diaz
Prix Pulitzer 2023
éditions de l'Olivier
Quand tout s'effondre le financier Andrew Bevel conforte ses positions. "Mon intuition" est son explication. Il a vu avant les autres que la bulle spéculative, et les règlements, au lieu de laisser faire la loi du marché, entraînent le système a sa perdition.
L'explication n'est peut-être pas celle-là.
Le lecteur a droit à quatre récits, quatre versions des mêmes faits. D'abord celle d'un romancier, puis celle de Bevel lui même, puis celle de sa secrétaire particulière, chargée d'écrire la biographie du "grand" homme, et pour finir celle de l'épouse que l'on a tendance à croire.
Chacun raconte avec son style particulier d'écritures, ce qui ressemble à un "excerice de styles".
"aucun investissement n'engendre de dividendes plus élevés que l'éducation"
11:31 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
24/10/2023
Rachel et Atara
Stupeur
Zeruya Shalev
nrf/ Gallimard
Deux femmes. Une génération d'écart. Alternativement un chapitre chacune.
La plus âgée, Rachel, alors lycéenne, a été une combattante du "Lehi" , "Combattants pour la liberté d'Israël", dont la figure la plus connue, non mentionnée dans le roman, est Yitzhak Shamir, Premier ministre en 83. Ces jeunes gens sont des terroristes dont le but est de chasser les Britanniques qui ont reçu des instances internationales le mandat d'administrer le territoire. Il posent des bombes dans des endroits publics et n'hésitent pas à assassiner.
Ces très jeunes gens ne se posent pas trop la question de l'avenir, une fois les Britanniques partis. Certains semblent persuadés qu'ils pourront coexister pacifiquement avec les Arabes.
Rachel a été mariée avec son camarade de lutte qui soudainement l'a répudiée avant de se remarier. De ce second mariage est née Atara à qui il parle de Rachel sur son lit de mort.
Atara finit par retrouver Rachel.
Atara est architecte, mariée, divorcée, un enfant de chaque mariage.
L'auteur interroge la parentalité, le couple, la culpabilité, les silences...
"Israël est devenu un endroit surpeuplé, gris barricadé, qui se cache derrière des murs et des barbelés"- signe qu'il n'a plus foi en sa légitimité"
16:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature