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21/06/2008

Réplique au discours de Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran

Laïcité Réplique au discours de Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran Jean-Luc Mélenchon Editions Bruno Leprince "Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s'il est important qu'il s'en approche, parce qu'il lui manquera toujours le charisme d'un engagement porté par l'espérance". Dans ce petit livre qui reprend son exposé (une "planche") devant l'obédience maçonnique, laïque, du "Grand Orient", Jean-Luc Mélenchon démontre que cette phrase scandaleuse de la part d'un Président de notre République laïque n'est pas arrivée là par hasard ou par inadvertance. La religion est-elle affaire privée ? Sommes-nous dans une guerre de civilisations dans laquelle chacun doit choisir son camp ? ("Conversion ou extermination" comme disait Bernard de Clairvaux, puisque "pour l'essentiel les lignes de fracture entre civilisations sont religieuses") La conception de la "laïcité positive" développée par l'actuel occupant de l'Elysée est, ni plus ni moins que celle de la Papauté. Pas seulement du Pape actuel,  ou son prédécesseur, mais depuis Léon XIII et Pie X,  combattant et condamnant la Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905, refusant la rupture avec le modèle de religion d'Etat, refusant de cantonner le fait religieux dans la sphère privée. ("Nous devons à Dieu non seulement un culte privé, mais un culte public et social" : disait l'encyclique de 1906)

 

A Latran, le tout nouveau chanoine honoraire explique : "la morale laïque risque toujours de s'épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n'est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration à l'infini. Une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques, et finalement à la facilité". Qu'est-ce que la transcendance, pour le Président de la République laïque ? "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme" (Discours de Ryad). Dans la même ligne,  le Président de la République laïque, dans ses vœux au corps diplomatique, après avoir parlé du défi du changement climatique annonce que "le deuxième défi est celui des conditions du retour du religieux dans nos sociétés"... Et,  comme il le dit en Arabie Saoudite, devant un Roi wahhabite, une des formes les plus arriérées de l'Islam, alimentée par l'argent du pétrole, et ayant alimenté de nombreux groupes terroristes : "Je ne connais pas de pays dont la civilisation n'ait pas de racines religieuses". "Ce sont les religions qui nous ont appris les principes de la morale universelle, l'idée universelle de la dignité humaine". Stupéfiant quand ont sait de quelle façon la "dignité humaine", en particulier celle des femmes,  est respectée par le wahhabisme en général, et dans ce pays en particulier. "C'est peut-être dans le religieux que ce qu'il y a d'universel dans les civilisations est le plus fort". Et, au cas où nous n'aurions pas compris : "il y a dans toutes les religions quelque chose d'universel".  "La France et l'Arabie saoudite ont un idéal commun". Je me dis, quand même, qu'heureusement que les valeurs religieuses du wahhabisme ne sont pas universelles...

 

JLM rappelle que tous les Papes condamnèrent les législations royales de tolérances religieuses, comme l'Edit de Nantes, qui mit fin à la guerre civile en France,  entre catholiques et protestants. Mais pour Nicolas Sarkozy "le temps n'est plus pour les religions à se combattre entre elles, mais à combattre ensemble contre le matérialisme". En plein débat sur la baisse du pouvoir d'achat, il est bien de déclarer, en Arabie Saoudite, devant des princes à la richesse tapageuse : "il ne suffit pas à l'Homme de consommer pour être heureux" ! Nous sommes loin de la laïcité qui, comme le dit Mélanchon "prône l'indifférence au religieux en politique pour rendre possible l'unité et l'indivisibilité de la communauté civique. "De l'égalité de traitement des religions, on glisse à l'idée d'égale valorisation des religions, indispensables au bon fonctionnement de la société, et à l'épanouissement des personnes."... Je connais Jean-Luc depuis plus de trente ans. Il a construit toute sa carrière politique à l'aile gauche du PS, ce qui ne l'a pas empêché d'être un ministre plus réformiste que révolutionnaire.  Je me souviens quand, à 35 ans, maître de l'appareil fédéral du PS de l'Essonne,  il est devenu le plus jeune sénateur de France. Nous avons souvent été en désaccord. Toujours sur l'Europe. Sans que cela n'empêche jamais une grande fraternité humaine.

 

Son petit livre est une excellente réplique, laïque, et digne de son grand talent, au chanoine de Latran.

07:56 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laïcité, sakozy