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18/10/2006

Pour ceux qui n'étaiet pas à Liévin

Syndicalisation : l'exception française

 

 

 

Selon une étude de "l'Observatoire européen des relations industrielles", les pays européens (de l'Europe des 15) peuvent être classés en plusieurs groupes :

 

- les pays nordiques, toujours au dessus de 70% de syndiqués, même parfois à plus de 80%, avec une très forte syndicalisation des femmes ;

 

- la Belgique avec 65% de syndiqués ;

 

- un deuxième peloton avec entre 30 et 50% de syndiqués : Italie, Luxembourg, Autriche, Irlande ;

 

- Derrière viennent le Royaume-Uni, la Grèce, les Pays-Bas, le Portugal, l'Allemagne qui ont entre 20 et 30 % de salariés syndiqués ;

 

- un peu plus loin, l'Espagne un peu moins de 20% ;

 

- et loin derrière, toute seule, la France avec moins de 10% de salariés syndiqués.

 

 

La grande différence vient du fait qu'en France, contrairement aux autres pays européens, être syndiqué n'ouvre la voie à aucun avantage matériel.

 

En d'autres termes, dans les autres pays européens, les syndicats sont des prestataires de services : cela va de l'organisation de loisirs, de voyages, l'établissement des dossiers d'accès aux soins, des dossiers de retraites,  jusqu'aux mutuelles, aux indemnisations de chômage, aux caisses de retraite etc., alors qu'en France l'appartenance syndicale repose sur le don de soi, sur le militantisme, sur la défense de convictions.

 

Pour être tout à fait clair, dans les pays nordiques, si vous êtes au chômage, ce n'est pas un service public (genre ASSEDIC) qui va vous indemniser mais le syndicat, ce n'est pas l'équivalent de l'ANPE qui va vous trouver des stages de reconversion et de formation professionnelle pour retrouver un emploi mais le syndicat.

 

D'ailleurs, dans les entreprises ayant signé une convention collective, l'adhésion syndicale est automatique.

 

En Italie, la moitié des syndiqués sont des retraités qui sont syndiqués non pas pour lutter pour l'amélioration de leurs conditions de travail, mais pour bénéficier de tous les services liés à une retraite heureuse, en particulier l'aide syndicale pour faire face aux formalités administratives.

 

Bien évidemment, plus les syndicats sont puissants, plus ils sont puissants financièrement, car plus ils bénéficient de fonds publics.

 

 

Ce que l'étude européenne montre également c'est que le taux de syndicalisation est directement lié au regroupement ou à l'éparpillement syndical : moins il y a de syndicat, plus le % de salariés syndiqués est important, et réciproquement : plus il y a de syndicats, moins il y a de syndiqués.

 

Lorsque j'étais responsable du GSE national SNCF, regroupant toutes les sections et tous les groupes socialistes des la SNCF, il y a 25 ans, nous étions, tous militants socialistes,  dans une demi-douzaine de syndicats différents. Cela n'aide pas à la puissance et à l'efficacité syndicales.

 

 

Cela entraîne une grande différence entre la France et les autres pays : comme il n'y a pas plusieurs centrales syndicales mais une seule, et qu'elles sont puissantes, les négociations sociales se font directement entre la centrale syndicale, ou ses branches, et les organisations patronales, sans que l'Etat ne se mêle jamais de ces négociations, ni n'envisage de légiférer.

 

Je me souviens du Premier ministre suédois, social-démocrate, me demandant de lui expliquer la loi sur les 35 heures, et me répondant qu'en Suède jamais les syndicats n'accepteraient que le Parlement légifère sur le temps de travail. C'est du domaine de la convention collective, par branches.

 

En France, il est clair que les syndicats ont plus confiance dans la Loi que dans les négociations avec les patrons...et probablement les patrons aussi,  puisque les patrons refusent de négocier !

 

D'où les incompréhensions quand on parle de l'Europe sociale. Qui sont les pays européens les plus avancés en matière sociale : incontestablement les pays scandinaves, de tradition social-démocrate, et reconnaissez que l'Union européenne n'y est pour rien, parce qu'ils n'ont jamais attendu les Directives européennes pour imposer un rapport de forces avec les patrons.

 

 

Malheureusement, malgré l'existence des services associés à la syndicalisation dans les autres pays européens, le % de salariés syndiqués y diminue partout depuis 15 ans, avec, en particulier, un signe très inquiétant, la désaffection des jeunes.

 

 La DGB allemande a perdu 10% de syndiqués en 10 ans.

 

Comme en France, les % de syndicalisation sont plus faibles  dans les  entreprises privées que dans le public et encore plus faibles s'il s'agit de petites entreprises.

 

 

14:45 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Il faut dire aussi qu'en France , il n'y a aps vraiment de tradition syndicale . Au début du XX° siècle , le RU et l'Allemagne comptaient plus de 2 millions de syndiqués contre moins de 500 000 pour la France .

Écrit par : frédéric | 18/10/2006

Les commentaires sont fermés.