04/01/2007
Fidji : paradis...des coups d'Etat !
Fidji : un coup d'Etat de plus ?
L'armée a renversé le gouvernement et le Parlement. Ce n'est pas bien et il y a lieu de condamner. Ce qu'a fait toute la communauté internationale.
Dans une démocratie, l'armée doit restée subordonnée aux autorités civiles élues.
La presse française en a peu parlé : c'est un peu loin pour les Français pour y aller en vacances.
Elle a, en particulier, omis de signaler que le Président et le Premier ministre en place étaient arrivés au pouvoir par le coup d'Etat précédent (légalisé par la suite par des élections), que ce coup d'Etat de 2000 visait un Premier ministre issu, pour la première fois, de la communauté Indo-Fidjienne (40% de la population), présente dans le pays depuis plus d'un siècle, amenée par les colons britanniques pour travailler dans les champs de canne à sucre, la communauté la plus pauvre du pays, victime d'une Constitution que l'on peut qualifier d'"apartheid" puisqu'elle assure la domination politique de la communauté Mélano-Fidjienne (de "souche"), en particulier par le découpage des circonscriptions, et même en laissant aux seuls Mélano-Fidjiens la possibilité de choisir le Président de la République.
Deux projets de loi du gouvernement ont fait réagir le chef de l'armée et ses hommes :
- l'amnistie des auteurs du coup d'Etat de 2000 qui avait permis au Premier ministre et au Président d'arriver au pouvoir ;
- un pouvoir renforcé pour les propriétaires, tous Mélano-Fidjiens, qui ne renouvellent qu'avec réticence, aux locataires agriculteurs, tous Indo-Fidjiens, leurs baux de 99 ans, afin de pouvoir spéculer sur la croissance immobilière due au tourisme.
Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la communauté Indo-Fidjienne n'ait pas réagit négativement.
Dans ce contexte la communauté internationale joue l'hypocrisie en condamnant.
La crise politique entre le Premier ministre et le Chef de l'armée durait depuis au moins deux ans. Le Premier ministre fidjien avait même demandé au Premier ministre australien d'envoyer des troupes pour le protéger, et ce dernier avait refusé.
Tout le monde sait que la réforme européenne, imposée par l'OMC, sur les tarifs du sucre aggrave les conditions de vie de la communauté Indo-Fidjienne, mais personne, même pas l'Europe, ne propose de solutions de remplacement à l'abandon de la filière sucrière.
Comme toujours dans ces cas là, l'Union européenne menace de stopper les programmes de coopération, sauf les programmes humanitaires.
Sauf que l'essentiel de l'effort européen porte sur l'éducation.
Voulons nous vraiment mettre fin aux programmes ayant pour but de garantir à tous les groupes ethniques un accès égal à l'éducation et à la formation ?
Le Parlement européen a, heureusement, adopté l'amendement que j'ai proposé à ce sujet.
Comme il a accepté celui sur le retour à la démocratie "basée sur le principe d'égalité entre les êtres humains, indépendamment de leur appartenance ethnique".
13:55 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
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