Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/03/2007

Mauritanie : mission d'observation électorale

Mauritanie : premier tour de l'élection présidentielle (11 mars 2007)

 

 

Validité du scrutin

 

 

Le Conseil constitutionnel, n'ayant reçu aucune contestation de la part des candidats éliminés,  a validé les résultats.

 

 

 

Les observateurs, en particulier la mission du Parlement européen, s'appuyant sur la mission à long terme de l'Union européenne (qui a visité 26% des bureaux de vote), mais aussi les missions d'observation de l'Organisation Internationale de la Francophonie, de l'Union africaine, de la Ligue arabe, de la "société civile", mauritanienne ou africaine, tout le monde a constaté que le scrutin avait été bien organisé, libre et transparent, sous les yeux des représentants des nombreux candidats,  sans interférence excessive de l'administration.

 

 

Les problèmes techniques

 

 

a) les cartes d'électeurs

 

 

Un nouveau recensement ayant eu lieu depuis les législatives, de nouvelles cartes d'électeurs avaient été imprimées. Presque la moitié d'entre elles n'avait pas été réclamée par ses destinataires, ce qui pouvait laisser craindre des retards lors des opérations de vote.

 

En fait nous avons pu constater que les personnes qui n'avaient pas leur carte connaissaient leur numéro d'ordre, ce qui permettait de les retrouver facilement.

 

Il y a eu 30% d'abstention, correspondant au taux de cartes non réclamées à la fin de la journée.

 

 

b) "a voté"

 

 

Lors des élections législatives de nombreux bulletins de vote avaient été annulés car la lettre arabe B (a voté) n'était pas correctement calligraphiée (dans un pays comptant 50% d'analphabètes).

 

Des instructions de souplesse avaient été données cette fois, et il n'y a pas eu de problème.

 

Mais ne serait-il pas possible de considérer que le fait de tracer un signe en face du candidat choisi est l'expression suffisante d'un vote ?

 

 

Un problème de fond : l'inégalité des moyens des candidats

 

 

L'inégalité de moyens entre les candidats (surtout entre les trois qui sont arrivés en tête et les autres) était visible et manifeste.

 

Nous avons même entendu des accusations de financement en provenance de l'étranger.

 

Une législation existe sur le plafonnement et la transparence des financements des campagnes, mais les décrets d'application n'existent pas et personne ne semblait croire à l'application de ces règles.

 

 

 

Si la junte, en tant que telle, a respecté la neutralité promise, certains de ses membres, dont le chef de la garde présidentielle, ont peu caché leur préférence pour le candidat arrivé en tête.

 

 

Kaedi : problème isolé et prémisse inquiétant ?

 

 

Le soir des résultats, devant le siège de la préfecture de Kaedi (sud de la capitale), une fusillade a éclaté, tuant un militaire et en blessant plusieurs autres. La voiture, heureusement vide,  des observateurs de l'union européenne a été mitraillée. On ne sait rien des assaillants, sauf qu'ils étaient plusieurs. Voulaient-ils enrayer le processus démocratique ?

 

Ce problème, isolé au premier tour, n'est-il qu'un épiphénomène ou risque-t-il de se répéter, et de se multiplier,  au second, au point d'empêcher la remise du pouvoir au Président élu ?

 

 

Les résultats du premier tour : pas vraiment de surprises

 

 

Avec 19 candidats un certain éparpillement était inévitable.

 

Les deux candidats arrivés en tête, et donc qualifiés pour le deuxième tour sont Sidi ould Cheikh Abdallahi (25%), qui représente la continuité, soutenu assez ouvertement par les caciques de l'ancien régime de Taya et Ahmed ould Daddah (20,68%), Président du "Rassemblement des Forces Démocratiques (parti membre de l'IS) qui incarne le changement.

 

 

Arrive en troisième position Zein ould Zeidane, ancien gouverneur de la Banque centrale mauritanienne, le plus jeune des candidats (41 ans) qui a mené une campagne active et qui obtient 15%, et a accepté les résultats.

 

Il se présentait comme un candidat du changement. Les observateurs sur place pensent que son électorat devrait être partagé au deuxième tour.

 

Il pourrait jouer un rôle important dans l'avenir.

 

 

Arrivent ensuite Messaoud ould Boulkheir (10%), représentant de la communauté harratine ("Maures" noirs, anciens esclaves) et Saleh ould Hanana (7,65%), représentant des "cavaliers du changement" et des tribus de l'Est,  classé "islamiste modéré" (il demande la rupture des relations avec Israël).

 

Tous deux sont membres de la "Coalition du changement" et leurs électeurs devraient se reporter sur ould Daddah, tout comme l'essentiel des Peuls qui ont voté pour Ibrahima Sarr (8%) qui insiste sur le "passif humanitaire" dont est victime la population noire et les électeurs progressistes de Mohamed ould Maouloud (4%), membre de la "Coalition du changement", victime d'un réflexe de "vote utile" au profit de Daddah.

 

Tous les autres candidats sont en dessous de 2%, y compris l'ancien Président de la République ould Haidalla (1,73%)

 

 

Le deuxième tour : l'espoir de changement

 

 

Entre les deux candidats du deuxième tour il y a des ressemblances : même génération (69 et 65 ans), même formation d'économistes, ils ont travaillé dans des institutions et des organismes internationaux, mais alors que notre camarade Ahmed ould Dadah connaissait,  à plusieurs reprises,  la prison,  Sidi ould Cheikh Abdallahi était ministre,  de nombreuses fois,  sous les anciens régimes.

 

 

Chaque candidat essaie de rallier sur son nom l'électorat dispersé sur les 17 autres candidats.

 

Sidi Abdallahi a lancé un appel assez appuyé en direction des communautés harratine et négro-mauritaniennes, mais sur ce terrain ould Daddah possède plus d'une longueur d'avance.

 

 

Chacun des deux candidats nous a affirmé accepter un débat contradictoire.

 

 

Même si aucun accord de désistement électorat n'existait au sein de la "Coalition des Forces du Changement Démocratique"(42% pour le total de ses candidats + les 8% de Sarr - communauté peule), si, comme il est possible de l'espérer, tous ceux qui veulent le changement font bloc derrière Ahmed ould Daddah,  pour faire barrage aux anciens du régime de Taya (quitte à faire monter les enchères lors des négociations),  la victoire promise par les observateurs politiques locaux devrait être acquise.

09:40 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.