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01/03/2009

la faute du Président Loubet

La faute du Président Loubet

Jacques Neirynck

10/18 « Grands détectives » n°4120

 

1904 : il y a à peine plus d’un siècle.

Dans le domaine scientifique : Marie et  Pierre Curie, Branly.

En littérature : Frédéric Mistral, Paul Valéry.

En peinture : Matisse et Kandinsky

En philosophie : Henri Bergson.

Social : la journée de dix heures.

Et le premier Tour de France !

Emile Loubet vient d’être élu Président de la République par un Parlement majoritairement républicain et radical.

Il entrera dans l’Histoire en signant la grâce de Dreyfus, en attendant la révision du procès du capitaine.

La Droite royaliste, ultra-catholique,  généralement antisémite, ne désarme pas.

Un de ses leaders, Gabriel Syveton, fondateur de la « Ligue de la patrie française », pour faire pièce à la « Ligue des Droits de l’Homme »,  s’illustre en giflant, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, le ministre de la guerre (on ne disait pas encore ministre de la « défense »), le général Louis André, coupable d’avoir laissé son cabinet organiser le fichage, avec l’aide des loges maçonniques, des officiers, majoritairement royalistes, en prenant pour critère leurs pratiques religieuses. Le ministre devra démissionner sur le champ, et tout le gouvernement du « petit père » Combes quelques mois plus tard.

Un mois après son éclat,  Syveton est retrouvé mort asphyxié dans son bureau, à son domicile. La presse de Droite, emmenée par Le Figaro, crie à l’assassinat politique : le chef des parlementaires royalistes catholiques ne saurait se suicider.

Ici s’arrête l’Histoire et commence le roman.

Loubet confie l’enquête à son collaborateur, le Comte Raoul Thibault de Mézières, noble catholique rallié à la République, polytechnicien, donc rationaliste.

Toutes les hypothèses seront envisagées dans cette enquête: une conspiration allemande ou autrichienne pour saboter « l’Entente cordiale » qui vient d’être signée avec l’Angleterre, un assassinat commandité par Boni de Castellane, autre parlementaire royaliste, ultra-mondain ruiné (« Ce personnage résumait tous les travers de l’ancien régime qui avaient mené celui-ci à sa perte : frivolité, parasitisme, gaspillage »), un inceste de Syveton avec sa belle-fille…

La « faute » du Président Loubet ? Avoir cherché à masquer la vérité pour ne pas mettre en péril la République, encore fragile.

 

 

« C’est le peuple de la Droite besogneuse, économe, dure à la tâche, effrayée par la montée des socialistes, obsédée par le souvenir de la Commune, terrorisée à l’idée d’un complot des juifs »

«  On venait de découvrir en Chine les pieds bandés des petites filles. En France, on bandait la cervelle des petites filles pour en faire des réceptacles de niaiseries, de maniérisme et de sentimentalité. Ces femmes ne disposaient d’aucun des droits de leurs frères et de leurs maris ».

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature

Commentaires

Il me semble que le premier tour de France a eu lieu en 1903 ( et non pas 1904 ) et qu'il a été remporté par Maurice Garin. Je m'étonne de l'erreur de JFV, lui qui a dû vivre en direct la victoire de Maurice!
Dreyfus a été condamné par un conseil de guerre en 1894 à la déportation à vie au bagne de Cayenne sur l'île du Diable. Il était accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne. C'est en janvier 1898 que Zola prend la défense de Dreyfus dans son article " J'accuse" publié dans le journal l'Aurore. En février 1898 est mise en place "la ligue des droits de l'Homme" dans le but de soutenir Dreyfus. Les anti-dreyfusards réagissent en octobre 1898 en créant "la ligue de la patrie française" dans le but de défendre l'honneur de l'armée en partie en mettant en avant des arguments antisémites ( voir les écrits de Maurice Barrès ).
En Août 1898, la découverte d'un faux document dans le dossier d'accusation permet aux partisans de Dreyfus d'obtenir un deuxième procès. Ce procès se déroule à Rennes ( loin de l'agitation parisienne ! ) en août 1899 mais Dreyfus est de nouveau jugé par un conseil de guerre. Les juges militaires vont de nouveau reconnaître Dreyfus coupable de trahison mais avec des circonstances atténuantes ( lesquelles ? ). Il n'est donc plus condamné qu'à dix ans de travaux forcés.
En septembre 1899, pour apaiser les tensions liées à l'Affaire, le président Loubet décide de grâcier Dreyfus mais cette grâce intervient donc après ( et pas avant ) la révision de son procès.
Il faut attendre 1906 pour que Dreyfus soit totalement réhabilité et innocenté. Il va même réintégrer l'armée ( pas rancunier le Dreyfus ! ) et il meurt en 1937 avec le grade de lieutenant-colonel.
Quant à Zola, il meurt en 1902 suite à un accident domestique ( asphyxie au co2 ) qui, pour certains historiens, serait un assassinat perpétré par des anti-dreyfusards voulant lui faire payer son soutien à Dreyfus. Il faudrait faire appel aux Experts ( Las Vegas, Miami et New-York inclus ! ) pour résoudre cette affaire.
Et le vrai coupable de haute trahison dans l'affaire Dreyfus, le capitaine Esterhazy, s'est enfui en Angleterre en 1898 où il meurt paisiblement dans les années 1920 sans jamais être inquiété par la justice française.

Écrit par : Frédéric Dubuisson | 01/03/2009

je voulais dire grâcié avant le procès de réhabilitation.
Rien sur Syveton ?

Écrit par : jfv | 01/03/2009

Je ne sais pas si en 1906 il y a eu un procès pour la réhabilitation de Dreyfus. Il y a un premier procès en 1894, un second en 1898 et en 1906 ?

Écrit par : Frédéric Dubuisson | 01/03/2009

Après une rapide vérification : C'est la cour de cassation qui en 1906 casse le jugement du procès de 1898 et procède à la réhabilitation de Dreyfus sans son renvoi devant un conseil de guerre en invoquant le motif qu'il n'aurait jamais dû y être déféré en 1894.

Conclusion : Seulement 2 procès en 1896 et en 1898.

Écrit par : Frédéric Dubuisson | 01/03/2009

merci Frédéric ; commentateur indispensable à la haute tenue historique de ce blog ;

Écrit par : jfv | 01/03/2009

Les commentaires sont fermés.