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19/08/2010

Main basse sur le riz

Main basse sur le riz

 

Jean-Pierre Boris

 

Editions Fayard et Arte

 

 

Jean-Pierre Boris a longtemps tenu la chronique « matières premières » de RFI. Chronique aujourd’hui disparue, malheureusement car elle donnait une assez bonne idée des problèmes économiques du monde réel.

 

Au printemps 2008 le manque de riz amène au bord de l’explosion Port-au-Prince, Dakar, Le Caire et Manille. En quelques semaines, le prix moyen du riz s’était trouvé multiplié par cinq !

 

Ce livre démontre deux choses :

a)    il n’y avait pas manque de riz, celui-ci n’était pas au bon endroit au bon moment ;

b)    cette crise pourrait être la répétition générale d’une crise beaucoup plus grave et durable ayant des causes structurelles.

 

Il n’y avait pas réellement de pénurie :

-        le gouvernement de Thaïlande, principal exportateur mondial de riz, qui fournit 1/3 des échanges mondiaux, avait décidé de retarder les exportations en raison du retard des récoltes ;

-        le gouvernement vietnamien avait décidé de garder un million de tonnes pour les habitants du nord du pays ;

-        le gouvernement indien, à la veille d’élections difficiles (finalement gagnées) avait décidé que par un grain de riz ne partirait à l’exportation, afin de prévenir toute pénurie au mauvais moment ;

-         le gouvernement philippin, premier importateur mondial de riz,  avait décidé d’acheter deux fois plus de riz que de besoins. Une seule explication : la corruption, les commissions touchées par les acheteurs ;

-        Le choc pétrolier a rendu plus cher le transport ;

-        La spéculation, petite ou grande, a fait le reste. « Quand l’offre se fait plus rare, les pays africains sont les derniers servis ».

 

Des crises, plus graves encore, pourraient survenir dans les années à venir :

-        En raison de l’augmentation de la population mondiale, la consommation mondiale de riz progresse plus rapidement que la production ;

-        La mise au point de nouvelles variétés, adaptées au changement climatique, avec un meilleur rendement met 15 ans, et la recherche agronomique dans ce domaine a été  délaissée pendant 20 ans ;

-        Les agricultures locales ont été trop longtemps délaissées. Là où elles reprennent, puisque la Banque mondiale s’est rendue compte de ses erreurs,  elles manquent de moyens, tout le long de la chaîne de production et de commercialisation. Il reste, généralement, dans beaucoup de pays, moins cher d’importer du riz que de le produire ;

-        Les pays asiatiques, logiquement, réservent prioritairement leurs productions pour les populations locales, et l’Inde peut être importatrice plutôt qu’exportatrice ;

-        Le « libéralisme » a brisé toute velléité d’intervention étatique. « On disait « moins d’Etat, mieux d’Etat », mais ces Etats africains étaient si faibles que « moins d’Etat » signifiait plus d’Etat du tout » ;

-        La faim, ou la sous-alimentation frappent un milliard d’êtres humains. Le terrain est propice à la peur de manquer.

08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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