Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/10/2011

Dimanche à Sidi Bouzid

1) J'avais choisi de ne pas rester à Tunis, mais d'aller observer les élections à Sidi Bouzid, où le jeune Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu il y a un peu moins d'un an.

 

2) Affluence : énorme de l'ouverture des bureaux jusqu'à la fermeture.

Tout était très bien organisé, les opérations se déroulaient de façon fluide. Parfois un peu plus lentement pour des personnes très âgées, un peu perdues dans la procédure.

Cette affluence n'avait pas été prévue par les observateurs qui qualifiaient la campagne électorale de "faible intensité" (peu de réunions publiques avec peu de public, peu d'affiches, peu de distribution de propagande électorale).

 

Remarques :

 

a) Le nombre d'inscrits dans les bureaux était très inégal. De 300 à 900 inscrits dans des bureaux du même centre de vote.

b) les choses étaient plus compliquées dans les centres pour les personnes qui ne s'étaient pas inscrites sur les listes électorales. La majorité des personnes pouvaient voter sur place. D'autres, à leur grande insatisfaction,  étaient renvoyées sur des centres de vote distant de 10 à 30km.

c) la seule liste qui avait des observateurs dans tous les bureaux de vote que nous avons visités était "Ennahdhah".

Je n'ai pas vu un seul représentant de mes amis sociaux-démocrates d'"Ettakatol".

d) Nous avons croisé un nombre raisonnable d'observateurs, nationaux, et internationaux (Conseil de l'Europe, Centre Carter, ONG)

e) Nous n'avons remarqué aucune irrégularité, aucun manquement aux procédures.

 

Anecdotes :

 

1) Dans les villages les femmes et les hommes attendaient dans deux files séparées, en ville sur une seule file.

2) L'appel à la prière n'a pas interrompu les opérations électorales.

 

 

3) La multiplicité des listes

 

Dans la circonscription de Sidi Bouzid, il y avait 65 listes de candidat(e)s. Dans certains quartiers de Tunis, le double. Ce qui rendait les logos difficiles à identifier et les bulletins de vote (sur lesquels figuraient toutes les listes)  difficiles à plier.

Chaque liste avait reçu l'équivalent de 1.500 euros,  pour démarrer la campagne et "favoriser" la démocratie.

Beaucoup de listes ne semblent pas avoir fait beaucoup plus qu'empocher l'argent.

 

La multiplicité des listes, associée, au mode de scrutin, ne pouvait que favoriser l'attribution des sièges aux partis les plus forts.

 

 

4) Les surprises des résultats

 

A Sidi Bouzid, la surprise est venue de la liste présentée par le millionnaire Hachedi Hamdi, propriétaire d'une télévision émettant depuis Londres et qui a obtenu deux fois plus de voix qu'Ennahdhah.

Enfant du pays, il est le symbole de la réussite. Les électeurs ont probablement placé en lui leurs espoirs d'une vie meilleure.

Il s'est toujours opposé à Ben Ali,  et sa télévision a donné la parole à tous les opposants.

Je ne connais pas encore les résultats de ce parti au niveau national.

 

En troisième position arrivait une liste indépendante strictement régionale.

 

Les listes progressistes étaient atomisées. En tête de celles-ci le "Congrès pour la République", de Moncef Marzouki,  laïc de centre gauche,  dont le symbole était une paire de lunettes. Nos "experts", et la presse francophone,  n'avaient pas classé ce parti dans les partis importants, alors qu'aujourd'hui les estimations de résultats, au niveau national,  le situe à égalité avec le parti social-démocrate du Dr Ben Jaafar.

 

Les commentaires sont fermés.