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16/11/2012

Tunisie : parachever la transition démocratique

Les dirigeants tunisiens doivent assurer

la continuation de la transition démocratique

 

La transition démocratique tunisienne bénéficie de tout notre soutien, mis je suis parfois inquiet face aux obstacles et difficultés rencontrées sur le terrain.

 

A la veille du Conseil d''Association UE-Tunisie, qui se tiendra à Bruxelles le 19 novembre il faut souligner l'importance des médias et des institutions de l'Etat.

 

Sans justice indépendante, il n'y aura pas de base solide pour la transition démocratique. L'union européenne et les acteurs internationaux doivent consolider leur soutien aux réformes indispensables à la réussite du processus issu de la révolution tunisienne. Il faut, en effet, garantir un cadre solide à la transition démocratique, en vue des prochaines élections prévues en 2013.

 

Beaucoup de femmes expriment leur plus vive inquiétude sur la situation des femmes dans le pays: leur situation est précaire et dramatique, les femmes doivent faire face à une bataille quotidienne non pas pour acquérir de nouveaux droits, mais pour préserver les acquis du passé.

 

 

L'HAICA (Haute Autorité pour l'Information et la Communication Audiovisuelle) doit être indépendante et garante de neutralité. La nomination de son président doit s'opérer dans le cadre prévu par le décret. Il est indispensable de continuer la réforme des médias publics et de garantir la liberté d'expression en Tunisie ainsi que la sécurité des journalistes.

 

11/10/2012

Assurer la liberté de la presse en Tunisie

Les autorités tunisiennes doivent assurer pleinement la liberté de la presse

 

 

 

Les débats sur le code de la presse, les tentatives de contrôle des médias, l'absence de décision sur un cadre normatif propice à assurer la liberté d'expression et la sécurité des journalistes suscitent beaucoup d'inquiétude,

 

La Tunisie devrait se doter d'un véritable cadre législatif, conforme aux standards internationaux, afin de  soutenir le pluralisme des médias et d'assurer la liberté d'expression.

 

Il faaut se réjouir de l'acceptation récente par la Tunisie de 110 de ses 125 recommandations de l'ONU sur la liberté d'expression.  Il s'agit là d'un pas essentiel de la transition démocratique et nous espérons que le gouvernement tunisien adoptera sans retard ces recommandations.

 

 Le manque de transparence dans les nominations des nouveaux dirigeants des médias publics, la pénalisation du délit de diffamation ou encore la multiplication des violences faites aux journalistes en Tunisie restent très préoccupants.

 

Des réformes structurelles des radiodiffuseurs pour assurer l'indépendance des médias sont indispensables, mais aussi de l'internet pour éviter la censure, ainsi que toutes mesures concrètes en termes de formation des journalistes et transfert d'expertise dans le cadre de la coopération entre l'Union européenne et la Tunisie.

 

26/10/2011

Dimanche à Sidi Bouzid

1) J'avais choisi de ne pas rester à Tunis, mais d'aller observer les élections à Sidi Bouzid, où le jeune Mohamed Bouazizi s'est immolé par le feu il y a un peu moins d'un an.

 

2) Affluence : énorme de l'ouverture des bureaux jusqu'à la fermeture.

Tout était très bien organisé, les opérations se déroulaient de façon fluide. Parfois un peu plus lentement pour des personnes très âgées, un peu perdues dans la procédure.

Cette affluence n'avait pas été prévue par les observateurs qui qualifiaient la campagne électorale de "faible intensité" (peu de réunions publiques avec peu de public, peu d'affiches, peu de distribution de propagande électorale).

 

Remarques :

 

a) Le nombre d'inscrits dans les bureaux était très inégal. De 300 à 900 inscrits dans des bureaux du même centre de vote.

b) les choses étaient plus compliquées dans les centres pour les personnes qui ne s'étaient pas inscrites sur les listes électorales. La majorité des personnes pouvaient voter sur place. D'autres, à leur grande insatisfaction,  étaient renvoyées sur des centres de vote distant de 10 à 30km.

c) la seule liste qui avait des observateurs dans tous les bureaux de vote que nous avons visités était "Ennahdhah".

Je n'ai pas vu un seul représentant de mes amis sociaux-démocrates d'"Ettakatol".

d) Nous avons croisé un nombre raisonnable d'observateurs, nationaux, et internationaux (Conseil de l'Europe, Centre Carter, ONG)

e) Nous n'avons remarqué aucune irrégularité, aucun manquement aux procédures.

 

Anecdotes :

 

1) Dans les villages les femmes et les hommes attendaient dans deux files séparées, en ville sur une seule file.

2) L'appel à la prière n'a pas interrompu les opérations électorales.

 

 

3) La multiplicité des listes

 

Dans la circonscription de Sidi Bouzid, il y avait 65 listes de candidat(e)s. Dans certains quartiers de Tunis, le double. Ce qui rendait les logos difficiles à identifier et les bulletins de vote (sur lesquels figuraient toutes les listes)  difficiles à plier.

Chaque liste avait reçu l'équivalent de 1.500 euros,  pour démarrer la campagne et "favoriser" la démocratie.

Beaucoup de listes ne semblent pas avoir fait beaucoup plus qu'empocher l'argent.

 

La multiplicité des listes, associée, au mode de scrutin, ne pouvait que favoriser l'attribution des sièges aux partis les plus forts.

 

 

4) Les surprises des résultats

 

A Sidi Bouzid, la surprise est venue de la liste présentée par le millionnaire Hachedi Hamdi, propriétaire d'une télévision émettant depuis Londres et qui a obtenu deux fois plus de voix qu'Ennahdhah.

Enfant du pays, il est le symbole de la réussite. Les électeurs ont probablement placé en lui leurs espoirs d'une vie meilleure.

Il s'est toujours opposé à Ben Ali,  et sa télévision a donné la parole à tous les opposants.

Je ne connais pas encore les résultats de ce parti au niveau national.

 

En troisième position arrivait une liste indépendante strictement régionale.

 

Les listes progressistes étaient atomisées. En tête de celles-ci le "Congrès pour la République", de Moncef Marzouki,  laïc de centre gauche,  dont le symbole était une paire de lunettes. Nos "experts", et la presse francophone,  n'avaient pas classé ce parti dans les partis importants, alors qu'aujourd'hui les estimations de résultats, au niveau national,  le situe à égalité avec le parti social-démocrate du Dr Ben Jaafar.

 

11/02/2011

touristes : la transition démocratique tunisienne a besoin de vos vacances

Une grande préoccupation : la situation économique

 

Il est évident que les troubles persistants ne favorisent pas le tourisme. Les réservations pour la saison 2011 ont chuté de 45%.

Pour offrir de meilleurs emplois, il faudra que le tourisme soit orienté vers plus de services avec une plus haute valeur ajoutée.

 

Beaucoup d'entreprises tournent au ralenti.

Des grèves spontanées, inhabituelles dans ce pays se déclenchent avec des revendications salariales et de conditions de travail.

La grève des douanes est particulièrement handicapante.

Chaque jour de travail perdu coûterait au pays 130 millions d'euros.

 

Le secrétaire général adjoint de l'UGTT parle de "débordements", mais "le syndicat est bien obligé de tenir compte des revendications", d'autant que des milliers de demandes d'adhésion arrivent en provenance du secteur privé (en particulier hôtellerie).

Le syndicat, qui est la seule force civile encore organisée dans le pays,  joue un rôle de tentative d'apaisement,  pour ne pas casser la machine économique.

 

Beaucoup d'investissements prennent du retard.

Les ministres et la centrale syndicale craignent que certains investisseurs se détournent d'une Tunisie respectant le code du travail et des salaires décents.

 

Les agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, ce qui rend les prêts plus chers.  Un représentant de la BEI est venu pour voir ce qu'il était possible de faire.

 

Personne n'oublie que le mouvement est parti d'une région du pays en retard de développement.

Tout le monde fait la distinction entre Tunis, la côte, et l'intérieur du pays beaucoup plus pauvre.

 

Comme le dit le ministre des affaires étrangères : "Il faut rendre les fractures sociales tolérables".

 

Le premier ministre dit vouloir se concentrer sur les questions économiques, laissant les questions politiques et de "souveraineté" au Président (remarque personnelle : comme il le faisait avec Ben Ali !)

Il dit avoir besoin de 5 milliards de$ pour relancer la machine économique.

 

L'aide de l'UE est demandé, y compris en faveur des petites entreprises.

 

 

Le rôle de l'Union européenne

 

La Délégation de l'UE en Tunisie a pour instructions, conformément aux conclusions du Conseil,  d'entamer une reformulation des politiques pour favoriser la transition en utilisant tous les instruments de l'UE.

 

Le développement de l'intérieur du pays fera l'objet de programmes spéciaux. Avec une aide aux infrastructures, comme la Commission a l'habitude de le faire.

Le Premier ministre propose une décentralisation.

 

Mais quels seront les moyens de l'UE dans le cadre des perspectives financières ?

 

Nos interlocuteurs sont sensibles aux marques de solidarité de l'Union européenne.

Le Premier ministre (à qui Hélène Flautre a refusé de serrer la main) souhaite un renforcement des relations avec l'UE.

Les Tunisiens ont été sensibles au discours de soutien du Président Obama,  et ont trouvé tardif le changement d'attitude de l'UE, en particulier du gouvernement français, particulièrement critiqué.

Généralement spontanément, ils font la différence entre la Commission, s'occupant des questions économiques, collaborant avec l'ancien régime et le Parlement européen votant des résolutions sur les droits de l'Homme.

 

Le ministre de la défense a exprimé sa déception à l'égard de "l'Union pour la Méditerranée "qui semble n'avoir comme première préoccupation que de bloquer les migrants".

 

Les parlementaires espagnols ont rappelé à de nombreuses reprises l'expérience de la transition vers la démocratie dans leur pays.

Un député bulgare (ALDE) a souvent fait le parallèle avec la transition des pays européens de l'ex bloc soviétique. Le délégué de la Commission a fait remarquer qu'à la différence de ceux-ci,  pour la Tunisie, il n'y aura pas de perspective d'adhésion à l'UE.

Mais pour les Tunisiens, il est clair qu'il y a un espoir d'Association avancée, avec le reproche fait à l'Union européenne, de la part de certains,  de regarder plus à l'est qu'au sud.

08:41 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie

10/02/2011

Tunisie : incertitudes

La lutte contre la corruption

 

Le président de la commission "d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption" est, lui aussi,  unanimement respecté. Ce qui ne semble pas être le cas de tous les membres de sa commission.

Il dit avoir reçu "carte blanche" du gouvernement intérimaire, et tous les moyens requis, y compris informatiques.

Il a reçu 800 dossiers en trois jours et le "n° vert" mis en place est saturé.

Tous les corps administratifs ont l'obligation de transmettre les dossiers.

La commission disposera d'experts dans les domaines fiscal, financier, douanier et immobilier.

Elle va s'appuyer sur la Convention de l'ONU de 2003 contre la corruption.

Quand les faits seront avérés, les dossiers seront transmis au parquet.

La formation de juges spécialisés est souhaitée.

 

Conclusion du président de la commission : "Que Dieu nous aide dans ce grand bazar !"

 

 

Les "acteurs du changement politique"

 

Le mouvement des jeunes qui ont marché sur Tunis et obtenu le départ de Ben Ali avait pour slogan "Dignité - Liberté- Travail", avec un "ras-le-bol" contre un régime méprisant ne leur offrant aucune perspective d'avenir, malgré leurs formations.

Nous n'avons malheureusement rencontré aucun d'entre eux.

Personne ne se présente comme leur représentant, et les responsables de la "société civile" ou des partis politiques que nous avons rencontrés en nombre ne prétendent pas l'être.

Le "Conseil National pour les Libertés" (ONG) s'efforce d'organiser une convergence entre les "résistants" et les "vainqueurs", ce qui prouve bien qu'il n'existe pas de liens entre les uns et les autres.

 

Comme l'a dit le représentant du "Congrès pour la République" : "le peuple a été plus vite que l'opposition".

 

Personne ne semble craindre un danger islamiste.

Les responsables du parti Ennadha considère que leur islam politique s'inscrit dans le cadre d'une société pluraliste et libre et d'un Etat laïc, comme en Turquie, même s'il n'est pas question pour eux d'imiter des modèles étrangers, ni turc ni, encore moins iranien.

Pour eux la laïcité est la stricte neutralité de l'Etat, "pas comme en France où l'Etat intervient dans les affaires religieuses".

Il n'est pas question de remettre en cause l'égalité hommes/femmes.

Leur parti n'est pas théocratique et ils sont contre une dictature au nom de Dieu ou de l'islam.

Ils font le parallèle avec les partis démocrates-chrétiens.

Ils sont contre le terrorisme de groupuscule au nom de Dieu, mais également contre le terrorisme d'Etat.

Ils demandent si l'Union européenne est prête à accepter le choix du peuple s'ils obtiennent démocratiquement une majorité ?

 

 

Dans quels délais ?

 

Tout le monde est unanime pour considérer que le délai constitutionnel de deux mois pour tenir une élection présidentielle est impossible.

 

C'est pour un an que le Parlement devrait donner pouvoir aux Président et gouvernement intérimaires de légiférer par décrets.

 

Personne ne semble se formaliser sur le délai annoncé, de plus ou moins six mois,  tant les forces politiques doivent avoir le temps de s'organiser.

 

Seuls les ambassadeurs des pays de l'UE nous ont parlé de l'attente d'un échéancier.

L'ambassadeur danois, considérant qu'il n'y a pas de démocratie sans partis politiques, suggère une aide des "familles" politiques européennes à leurs partenaires tunisiens.

 

 

Les incertitudes sécuritaires

 

Des incidents violents continuent à se produire.

Certaines entreprises sont victimes de racket.

Tous nos interlocuteurs incriminent des éléments de la police de l'ancien régime voulant semer le trouble.

Aujourd'hui, le maintien de l'ordre est d'abord de la responsabilité de l'armée, et la coordination générale est placée sous les ordres du chef d'état major de l'armée (celui qui refusé de tirer sur les manifestants et a obligé Ben Ali à partir), avec l'accord du ministre de la justice.

 

Une aide de l'UE à la réforme des forces de sécurité a été évoquée, en particulier pour les former au respect des droits humains.

 

Toutes les zones touristiques sont l'objet d'une vigilance particulière.

08:40 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie